Se conter des histoires

«L’argent est arrivé très tard dans l’histoire humaine et il avait pour but de rendre les échanges plus faciles», rappelle Margaret Atwood, venue présenter son dernier essai Comptes et légendes (La dette et la face cachée de la richesse) qui vient de paraître aux Éditions du Boréal.

Avec l’avènement des machines et des usines au XIXe siècle, l’argent s’est muté en capital qui a lui-même engendré le système financier qu’on connaît aujourd’hui. «C’est notre création qui a échappé à notre contrôle, comme le monstre du docteur Frankenstein. Au début, c’est bon et, après, ça va trop loin. Ça effraie.»

Margaret Atwood: le nouveau Frankenstein
Rudy Le Cours, La Presse, 19 avril 2009

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L’entrevue de Margaret Atwood, menée en français, se termine par la citation suivante:

«Plusieurs prédisent depuis longtemps la disparition des romans, dit-elle avec le sourire. Ils sont toujours là parce que nous sommes une espèce narrative.»

Une espèce narrative!

Bingo! En plein dans le mille! Satori! Impossible de mieux décrire l’espèce humaine. Ah! le pouvoir des mots... Merci Margaret.
– I Kiss You!!!!

Parce que si on y pense, c’est exactement ça. On vit d’histoires. On est fait d’histoires. On voit le monde à travers la narration qu’on s’est construite avec le temps... et les études, les rencontres, les lectures, les expériences, etc. Pour que le monde fasse sens, il faut qu’il puisse s’expliquer dans le cadre de l’histoire qu’on se raconte à soi-même. Ce qui n’est pas dans l’histoire n’existe pas. Si un élément nouveau survient, il faut pouvoir l’intégrer à l’histoire, quitte à la modifier. Sinon on sera forcé d’ignorer l’intrusion, de la rejeter, ou de tout bonnement l’oublier.

L’important, c’est que notre histoire se tienne, qu’elle fasse sens. Pas le choix. C’est dans notre nature. Nous sommes une espèce narrative. Et tant pis pour la réalité objective. En fait, à bien y penser, je ne sais même pas si la réalité objective nous est vraiment accessible. Sérieux.

Mais peut-être que je me raconte des histoires...