Le pic de l’appel
Dans le cadre d’une excursion organisée par une agence de voyages-aventures, un groupe d’alpinistes amateurs entreprend, sous la férule d’un expert, l’ascension d’un des plus hauts sommets des Rocheuses, un pic qui ne porte pas encore de nom. Le groupe est composé d’une dizaine de personnes provenant de milieux divers. Contrairement à ce qu’ils attendaient, ils doivent faire face, dès le début de l’escalade, à des obstacles imposants. La température, d’abord, les accable sous les bourrasques et un froid intense, alors que les services de météo avaient prévu tout le contraire. D’autre part, la piste prévue s’avère rapidement impraticable pour eux à cause d’avalanches qui, bien que les laissant indemnes, les obligent à emprunter d’autres voies. De plus, à la suite d’une fausse manoeuvre, une partie importante des provisions est perdue. Enfin, devant les difficultés de leur entreprise, les conflits commencent à poindre au sein de l’expédition et la solidarité du début s’effrite. Alors que la grogne s’installe chez certains, d’autres semblent prendre du courage. C’est le cas particulièrement d’un quatuor composé de trois hommes et d’une femme qui, toujours portés en tête de cordée, prennent même à leur compte une partie de la direction de l’expédition. Un matin, alors que le groupe franchit un passage relativement facile, le chef de cordée, pourtant un alpiniste émérite, glisse et fait une chute de plusieurs mètres sur un glacier en contrebas. Blessé, incapable de poursuivre, son état, bien que n’inspirant pas de sérieuse inquiétude, exige malgré tout l’attention d’un médecin. L’hélicoptère de secours est immédiatement appelé, autant pour secourir le blessé que pour emmener le reste de la troupe. Résolu à poursuivre l’ascension du pic en dépit de l’absence de leur guide, le quatuor décide de profiter d’une ultime bourrasque de neige afin de fausser compagnie au reste du groupe. Le lendemain et le surlendemain, des hélicoptères de patrouille les repèrent en train de poursuivre leur escalade. Mais, les jours suivants, ils demeurent introuvables. Les recherches s’organisent alors afin de les rescaper avant qu’une tempête, qui approche rapidement, les surprenne. Un après-midi, on aperçoit une figure solitaire qui erre sur un glacier très éloigné de la dernière position connue du groupe. Une fois les secours arrivés, on constate qu’il s’agit de la femme qui, dans un état de choc, semble avoir perdu la mémoire. Sans équipement, seulement munie de ses survêtements, les experts se demandent comment elle a pu descendre de la montagne. Les seuls indices pouvant peut-être expliquer ce qui a pu advenir de ses compagnons est fourni par la police de Toronto : les trois hommes étaient respectivement son mari, son ex-mari et son amant. L’enquête qui s’ensuit révèle toute l’ampleur de la tragédie.
– Lisette Sauret – 296 p. – 1995 – Dans un style jeune et revigorant, l’auteure s’ingénie à fouiller le non-dit qui, au sein d’un huis clos angoissant, n’est exprimé que par la perception d’une seule personne, laquelle ne semble pas totalement innocente dans l’affaire.