Il fallait bien que le premier ministre du Québec, M. François le Gault*, rattrape sa gigantesque bourde concernant le «troisième lien» à Québec. Ledit troisième lien, si j'ai compris quelque chose à cette inénarrable saga, était un tunnel entre Québec – la ville – et Lévis, de l'autre côté du fleuve Saint-Laurent. Troisième, après le traversier – on dit «ferry», en français – et les ponts – car il y en a deux qu'on ne parvient pas à entretenir correctement ni l'un ni l'autre.
Après des années de tergiversations, le gouvernement a fini par admettre qu'il renonçait à ce projet pharaonique, admission qui avait attendu bien sûr la période postélectorale. Encore une fois, à quoi bon creuser un tunnel qu'on ne parviendra pas à maintenir dans un état satisfaisant? Voyez l'exemple du tunnel Louis-Hyppolite-Lafontaine, à Montréal.
Mais devant tant de cynisme et d'opportunisme, la grogne dans la région de Québec est palpable. Quand on songe qu'elle est avant tout une ville de fonctionnaires, que dire de l'insatisfaction généralisée face au gouvernement? C'est des coups pour faire élire un séparatiss dans Jean-Talon à la prochaine élection partielle.
Bref, ce cher, bon, gros, vieux premier ministre se sentait tenu de calmer le jeu et de redorer un blason plutôt terni par l'aventure. Aussi s'est-il porté à la défense d'un autre projet tout aussi improbable, le fameux tramway dont il avait été question dans le passé.
Quiconque est familier des charmes de Québec sait à quel point le site est enchanteur. Le centre trône majestueusement au sommet du cap Diamant, la vieille ville se blottit à ses pieds, les autres quartiers tout autour et à différentes dénivellations. Bref, l'endroit idéal, surtout en hiver, pour avoir un système de tramways à l'efficacité restreinte.
Vous vous souvenez ce qui est advenu après que saint Pierre eut renié le Christ trois fois? Le coq se mit à chanter. M. le Gault vient de s'engager dans la voie de son second reniement. J'ai hâte au troisième…
Cocorico!
* Le gault, ou argile de Gault (dite parfois «argile albienne»), est une formation d’argile raide de teinte gris-bleu à gris foncé, qui s'est déposée à profondeur moyenne dans des eaux marines calmes, au cours du Crétacé inférieur. [… Il] contient souvent des nodules phosphatiques en grande quantité, dont une partie est classée comme coprolithes, c’est-à-dire un excrément minéralisé, fossilisé.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Argile_du_Gault).