samedi 17 mars 2018

Novitchok éclectique et boudin noir

* L'autre jour, c'était ici

Le 4 mars dernier, un transfuge russe, Sergeï Skripal, – d’aucuns, à Moscou, diraient «un traître» – est mort des suites d’un empoisonnement à Salisbury, dans le sud du Royaume-Uni. La jeune femme qui l'accompagnait au moment de l'agression n'était nulle autre que sa fille Ioulia. Immédiatement, les médias et le gouvernement britanniques se sont mis en branle, avec toute la vitesse que l’on associe d’ordinaire à la mauvaise foi.

Sans preuve aucune, les capitales occidentales – Londres, Berlin, Paris et Washington – ont accusé Moscou d’avoir commis ce crime, car c’était «la seule explication possible» (sic). Il faut dire que le nombre de possibilités se restreint dans la mesure où on les recherche peu. Même le fils de Pierre Elliott Trudeau y est allé de son grain de sel en bêlant dans le registre; peut-être déguisé en mouton, on ne sait.

Seule «preuve» de l’intervention russe, le poison utilisé dans l’affaire est présumé être l’agent dit Novitchok («nouveaux venus», en russe). Il s’agit d’une gamme de produits sensément développés au cours des années 1970 et dont l’existence a toujours été mise en doute par les experts. S’il faut en croire les autorités britanniques, elles en posséderaient un échantillon, probablement prélevé sur le site de l’agression. La Russie a demandé à ce que ledit échantillon soit présenté pour une analyse internationale, mais Londres a refusé catégoriquement.

Enfin, celui qui avait annoncé – sans preuve, faut-il le préciser encore une fois – l’existence du programme de production des Novitchoks, le chimiste soviétique dissident Vil Mirzayanov, avait mis en garde l’Occident à l’effet que ces composés toxiques pouvaient être fabriqués aisément dans n’importe quel laboratoire de chimie un tant soit peu organisé. Bref, si le Novitchok existe vraiment – insistons ici sur le conditionnel –, il aurait pu être produit par n’importe qui.

Vous admettrez que, comme preuves, c’est plutôt maigre. Il n’en faut cependant pas plus dans les chancelleries pour déclencher une crise internationale.

Mais, bien évidemment, cela ne pourrait jamais être une opération noire. Quel intérêt y aurait-il? Aucun! À preuve, la Russie est présentement en pleine campagne électorale.

Vous voyez bien que ça ne servirait à rien. C’est clair comme de l’eau de boudin.

vendredi 16 mars 2018

Singh est pour




jeudi 15 mars 2018

Brian étudiant



Il paraît que le rêve actuel de Brian Mulroney, ex-premier ministre du CAnada, est de voir un jour une entité universitaire associée à son nom. À tel point que, non content d’attendre qu’on lui confère cet honneur, il mène actuellement une campagne de financement afin de trouver les fonds nécessaires pour ce privilège. Selon les plus récentes informations, il aurait réussi à amasser 100 millions de dollars (seulement cAnadiens, malheureusement) afin de mettre sur pied un institut sur la gouvernance à l’université Saint-François-Xavier à Antagonish. Ne cherchez pas, c’est en Nouvelle-Écosse. Là ou ailleurs, c’est à se demander ce qui coûte si cher pour mettre sur pied une grande salle avec des ordinateurs et une machine à espresso à côté d’un bureau fermé pour le directeur.

Plus près de nous, l’Université Laval, laquelle lui avait conféré son diplôme en droit, avait envisagé la possibilité de créer une Chaire en droit international devant porter le nom de M. Mulroney. Toute l’affaire avait été menée en tapinois, de sorte que, lorsqu’elle fut soumise à l’approbation du corps professoral, elle fut refusée par une très faible majorité.

Dans un tout autre ordre d’idées, comme M. Mulroney avait été l’architecte cAnadien de l’accord de libre-échange avec les Stazunis et que cet accord est plus que jamais en danger, on se demande un peu pourquoi il perd son temps avec ces broutilles, plutôt que d’intervenir publiquement afin de sauver ce qu’il avait promu avec une telle ferveur, à l’époque.

Vivement qu’ils ouvrent l’institut sur la gouvernance; Brian a plein de choses à y apprendre!

Trompe et trompette



Après Dumb and Dumber, il y a Trump et trumper...

mercredi 14 mars 2018

La plus grande démocrasserie du monde



Nul pays n’est sans doute mieux placé – sur le plan de l’hypocrisie – que les Stazunis quand vient le temps de critiquer les autres sur la question des droits de la personne.

J’en veux pour preuve le dernier remue-ménage à la Maison-Blanche, alors que l’ancien chef de la diplomatie, Rex Tillerson, a été viré sans ménagement, sinon pour un captieux mot de remerciement sur Twitter. On savait que Tillerson Rex s’entendait assez mal avec son patron, ce cher et estimé à sa juste valeur Donald Trompe. Mais de là à le jeter juste avant une éventuelle rencontre au sommet avec la vaillante République démocratique populaire de Corée, sans compter cette inutile et surréaliste renégociation de l’ALENA et l’instauration de barrières douanières avec l’Europe, il y a odeur de maladroite incompétence.

Comme il ne faut jamais s’arrêter en si bon chemin, mon pote Donald a décidé de nommer à la place celui qui était chef de la CIA jusque-là, l’inénarrable Mike Pompeo, espion en chef, tenant de l’extrême droite yankee et ancien militaire – ça n’en fera qu’un de plus (John Kelly, H.R. McMaster, James Mattis, etc.) dans l’entourage présidentiel.

Tandis qu’on y était, il a bien fallu remplacer M. Pompeo à la tête de la CIA. Alors, on aurait pu choisir quelqu’un au passé irréprochable, mais c’eut été gauche dans ce pays au bord du fascisme. Donc, on a jeté son dévolu sur Mme Gina Haspel. Le nom ne vous dit rien? C’est parce que vous n’êtes ni Thaïlandais ni un militant vaguement soupçonné d’activités terroristes. En effet, cette chère et pimpante Mme Haspel était, en 2002, directrice d’une prison secrète de la CIA en Thaïlande où on a pratiqué la torture sans retenue. À tel point que, en juin 2017, le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’homme a demandé au gouvernement allemand de lancer un mandat d’arrêt contre elle.

Dommage pour Gina, il lui faudra attendre l’annulation du mandat avant de pouvoir aller torturer à Berlin.

Une douche froide, en quelque sorte.






mardi 13 mars 2018

Chose vous promet une place



Ça va vraiment mal, en politique cAnadienne!

Le parti au pouvoir est en apparence – mais en apparence seulement – dirigé par un clown situé quelque part à mi-chemin de Guignol et Fregoli. Le Bloc québécois est en pleine dissolution à cause d’un conflit entre la chef et une majorité de ses députés. Le Nouveau Démocratic Party perd du terrain partout depuis qu’il est tombé sous la coupe d'obsédés de religion. Le Parti conservateur, quant à lui, s’est donné comme chef un inconnu dont l’histoire aura sans doute grand-peine à retenir le nom.

C’est probablement dans l’espoir de se servir de cet anonymat pour faire oublier les multiples trahisons des conservateurs, depuis Louis Riel jusqu’à Charlottetown, que ce parti s’est lancé dans une opération de racolage assez putrescente promettant aux Québécois de leur faire une place.

On la connaît, la place; et les accessoires qui vont avec.

lundi 12 mars 2018

Les libertés de Freeland



Comme tout bon CAnadien aime l’affirmer, sa ministre des Affaires étrangères s’appelle Christine Alexandra «Christia» Freeland. Il ne faut surtout pas se laisser abuser par son nom de famille. Certes, son père était d’origine albertaine – donc doté d'une ouverture d'esprit légendaire –, mais son grand-père maternel, lui, était ukrainien d’origine et fut, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, un collaborateur de l’occupant nazi, en Pologne d’abord et en Ukraine ensuite.

Évidemment, les fautes des ascendants ne sont pas forcément celles des enfants, aussi ne faut-il pas accuser Mme Freeland à la légère. Il n’empêche que, lorsque cette histoire de collabo est apparue dans la presse en 2017, Christia n’a pas hésité à réfuter l’accusation au prétexte qu’il s’agissait de désinformation colportée par la Russie. Il semble que la petite a gardé les réflexes de son aïeul, lesquels consistaient à toujours blâmer l’Union soviétique. La ministre des Affaires étrangères cAnadienne, faisant preuve de courte vue en histoire, n’a toujours pas compris que l’Union soviétique n’existe plus. Mais qu’importe, pour elle, tout est la faute des Russes.

Évidemment, dans cette optique, sa politique est axée sur celle de Washington. En fait, elle est probablement plus axée sur Washington qu’elle n’est axée sur Ottawa. Or, v’là-t’y pas que, en ce moment, la Maison-Blanche a décidé de secouer les puces économiques de ses partenaires avec sa renégociation serrée de l’ALENA, l’accord de libre-échange, et l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium.

Cette chère et sexy Christia a affirmé haut et fort que son pays provisoire – n'a-t-elle pas un joli pied-à-terre à Kiev? –, le CAnada, «ne se laissera pas bousculer» par les Yankees.

Pour ça – et pour ça seulement –, je la crois sans hésitation. En effet, il est impossible de se faire bousculer quand on est déjà à plat ventre par terre.