samedi 25 juin 2022

Guillaume Diderot et sa pensée

L'autre jour, je discutais avec mon pote Guillaume Diderot. Oui, oui; vous avez bien lu. Diderot, comme le philosophe des Lumières. Évidemment, par les temps qui courent, on l'appelle de plus en plus souvent William. C'est-à-dire, pour les intimes, Bill.

Buste de Denis Diderot
(1713-1784),
auteur inconnu
Vous ne le connaissez pas, évidemment, mais Bill m'avait toujours frappé par son côté traditionaliste, ainsi qu’un tantinet figé. Vous comprendrez alors ma surprise lorsqu'il m'a avoué qu'il favorisait une électrification des transports. Même les vélos, lui ai-je demandé. «Oui», a-t-il dit. «Pas les trottinettes, tout de même», ai-je objecté. «Surtout les trottinettes!» s'écria-t-il, alors.


Devant mon ébahissement, il m'expliqua. Des gens qui délèguent à des gadgets électriques de plus en plus de leur force de travail – dans le sens large –, tout en maintenant – ou même augmentant – leur alimentation, devaient inévitablement se retrouver en surpoids. 


«Et alors?» ai-je demandé.


Alors, ils auront besoin de plus d'électricité pour alimenter leur air conditionné en été, m'a-t-il expliqué avec une rigueur imparable.


Je croyais le connaître, Bill Diderot, mais il est plus malin qu'il n'en a l'air.


Recette de couscous

 


vendredi 24 juin 2022

Good holy John!

 


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Le soleil sur le mur


Dans un quartier ouvrier de Montréal, Gilles, un jeune garçon souffrant d’une difformité à une jambe, est un exclu dans son monde. Mis à part l’école, il ne participe à aucune activité à cause de son infirmité. La plupart de ses temps libres sont passés à la fenêtre de la cuisine d’où il peut voir les enfants s’amuser dans la ruelle. Mais il contemple surtout le mur de l’usine où le soleil couchant laisse un reflet doré qui le charme et le fascine tout à la fois. Gilles peut ainsi, mentalement, enregistrer les hauts et les bas de son quartier en s’apitoyant constamment sur son sort. En plus, il est un témoin extrêmement critique de sa famille où les tracasseries quotidiennes du milieu ouvrier lui répugnent au plus haut point. Ses rêveries l’amènent à souhaiter pour lui-même une amélioration de son sort, mais il sait qu’avec son handicap il ne peut espérer s’arracher à son milieu. Un jour, alors que les vacances sont commencées et que les enfants se sont littéralement emparés de la ruelle à leur usage exclusif, Gilles remarque, assise à la fenêtre d’une maison voisine, une jeune fille de son âge également immobile, qui contemple le monde extérieur. D’abord étonné, sa surprise fait place brièvement à la jalousie puisque Gilles semble avoir perdu le monopole de son rôle d’observateur et de critique. À la longue, toutefois, comme la fillette est chaque jour fidèle au poste, comme lui-même, Gilles se prend au jeu. Un dialogue muet s’engage où par gestes ils tentent de communiquer, attirant mutuellement l’attention de l’autre sur un détail pittoresque, bizarre ou drôle. Au fil de leurs échanges silencieux, Gilles s’interroge de plus en plus au sujet de la jeune fille, se demandant quelles seraient ses réactions devant telle ou telle situation. Afin de mieux organiser ses idées, il commence à consigner ses impressions dans un cahier d’écolier. Lentement, ses écrits débordent vers sa famille et le monde qui l’entoure, c’est-à-dire celui qu’il peut apercevoir de sa fenêtre. Mais à la fin de chacune de ses méditations, il revient sans cesse à son interlocutrice muette et mystérieuse qui le subjugue. De plus en plus fasciné, il lui attribue non seulement une personnalité extrêmement complexe, mais aussi un destin d’exception, s’imaginant qu’elle a été envoyée à sa vigie uniquement pour tenir compagnie au garçon infirme et affligé par un monde insensible aux malheurs des infortunés. À la fin, complètement obsédé par la fillette, dévoré par la curiosité, il saisit sa canne et part à sa rencontre, ayant soigneusement repéré la maison où elle vit, afin de vérifier la justesse de ses multiples hypothèses. Arrivé à destination, il sonne à la porte et, malgré son embarras, réussit à se faire introduire par la mère de la fillette qui lui est présentée comme étant Doris, et qui n’a pas de jambes.


 – Barbara Plouffe – 264 p. – 1994 – Étrange méditation sur l’exclusion, ses travers et ses avantages, qui, sous la plume d’un enfant, prend un sens à la fois cocasse et tragique. Message d’espoir également, puisque ce roman insiste sur la fragilité de l’isolement de l’individu, qui cesse d’exister dés que l’isolé tend la main vers autrui.


jeudi 23 juin 2022

Bombes de destruction massive

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En 2017, à l'aéroport de Shannon, à Dublin en Irlande, deux terroristes ont utilisé des bombes afin de commettre un acte hautement criminel. En effet, après s'être introduits illégalement à l'intérieur du périmètre de l'aéroport, ils se sont approchés d'un avion de la sacro-sainte marine yankee avant de sortir leurs bombes.


Des engins explosifs? Non, il s'agissait de bombes de peinture avec lesquelles ils ont écrit sur un des réacteurs de l'avion «danger danger ne volez pas». Est-il besoin de dire que les Stazunis se sont retrouvés secoués au plus profond de leur paranoïa sécuritaire et qu'ils ont exigé que soient punis les terroristes.


Leur procès vient de s'ouvrir à Dublin. Ils sont accusés d'avoir causé des «dommages criminels». Notons au passage que l'aéroport de Shannon est utilisé depuis longtemps par les forces militaires yankees afin d'y faire transiter ses soldats, sans compter son utilisation par la CIA afin de transférer des prisonniers politiques vers des centres de torture. Le tout, bien entendu, avec la plus parfaite impunité.


Bref, afin que les Yankees soient accusés de «dommages criminels» un jour, plutôt que de larguer des bombes à sous-munition, il faudrait qu'ils les remplacent par des bombes de peinture.



mercredi 22 juin 2022

Masque à rat

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Comme chacun sait, le président actuel de l'Ukraine nous a été présenté – surtout depuis la fin février – comme un parangon de liberté, de démocratie et de justice. Depuis, les occasions se multiplient où il jette le masque.


Bien évidemment, il faut toujours se méfier de la propagande qu'on nous sert chaque jour, surtout lorsqu'elle porte le sceau d'approbation yankee. Par le passé, le gouvernement de Kiev n'a pas toujours mérité de telles épithètes; on le savait. Mais l'arrivée au pouvoir de Volodymyr Zelensky, affirmait-on, avait changé la donne.


Or, on constate de plus en plus qu'il n'en est rien. Par exemple, en mars dernier, il avait fait suspendre les activités des partis d'opposition, majoritairement de gauche. Aujourd'hui, il pousse le bouchon un peu plus loin. Il a frappé d'interdit le principal parti d'opposition et, pour en finir définitivement avec lui, il a fait saisir tous ses avoirs.


Quand on voit ça, on se dit qu'il ne faudrait pas qu'il se maquille en donneur de leçons. 


Oups! c'est trop tard!




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Silence sur le Plateau Mont-Royal


Une série d’intrigues se noue autour d’un groupe d’arrivistes, anciens contestataires pour la plupart, dans leur ghetto petit-bourgeois du Plateau Mont-Royal. Ayant tous plus ou moins accepté les compromissions les plus diverses par rapport à leurs idéaux de jeunesse, ils essaient chacun à sa façon d’endormir leurs remords comme ils le peuvent. La plupart choisissent d’apaiser leur mauvaise conscience avec de l’argent, mais d’autres, qui gardent une certaine intégrité, éprouvent plus de difficultés à se réconcilier avec la trahison de leurs idéaux passés et des valeurs fondamentales auxquelles ils croyaient tous. L’un d’eux, un peintre, écrivain à ses heures, qui ne doit sa renommée qu’à des contacts bien nantis, et certes pas à son talent personnel, est de plus en plus tiraillé par sa conscience. Son malaise s’accroît au point où il s’ouvre de son tourment auprès de ses amis les plus proches. Qu’il s’agisse des fonctionnaires, enseignants, relationnistes, banquiers, médecins ou psychologues qui forment son cercle d’amis, aucun ne semble comprendre la source de ses tourments. En apparence, tous tendent une oreille compatissante, mais le peintre n’arrive pas à trouver chez eux un écho à ses propres incertitudes. Même sa maîtresse, l’épouse d’un de ses amis, ne lui apporte aucun réconfort. Bien au contraire, il découvre que leur relation est connue du mari qui s’en accommode fort bien, cela lui donnant davantage de temps afin de fréquenter sa propre maîtresse. De plus en plus dégoûté par l’hypocrisie universelle, le peintre finit par se suicider un soir de désespoir total. Aux funérailles, le groupe d’amis est étonné de voir arriver une jeune femme qui prétend être la fille du défunt. Elle leur donne rendez-vous à chacun, sans leur indiquer de date, disant qu’elle viendra les voir chacun son tour. Graduellement, après s’être infiltrée dans leur intimité, elle séduit les hommes et les femmes indistinctement dont elle a, en moyenne, la moitié de l’âge. Graduellement, les passions se déchaînent tandis que la possessivité met en péril la cohésion du cercle d’amis, chacun réclamant pour soi la jeune femme. Les couples se retrouvent en crise, les amitiés tournent à l’aversion marquée. Jusqu’à ce que la maîtresse du peintre aille rendre visite à la jeune femme chez elle, pour découvrir qu’elle est inconnue à son adresse. Confrontée par l’ensemble du groupe une nuit sans lune, elle se dévoile à eux comme étant la mort venue les chercher. Devant les protestations à l’effet qu’ils n’ont nullement terminé leur vie, la mort pose à chacun d’entre eux la même question afin de leur permettre de prolonger leur existence : « Qu’as-tu fait de ta vie ? » Devant leur incapacité à trouver une réponse, la jeune femme quitte la maison qui est enveloppée à ce moment d’un silence mortel.


 – Sandra Guénette – 292 p. – 1995 – Roman fantastique dont les prémisses réalistes livrent le lecteur tout entier à la finesse et à l’intelligence de l’intrigue. Développée progressivement, celle-ci tisse ses fils avec patience jusqu’au dénouement final qui tombe comme une sentence sans appel. À ne pas lire avec une conscience plus ou moins nette.

mardi 21 juin 2022

Les borissades


 

lundi 20 juin 2022

Boisclair voit clair



 

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Si vous êtes plus con qu’un bourgeois, mes condoléances


Jack, un vieil anarchiste à la retraite, décroche par hasard un boulot de jardinier auprès d’une famille cossue de la banlieue de Los Angeles. L’emploi comprenant le gîte et le couvert, il emménage dans un petit pavillon où il déploie ses souvenirs ; bannières noires et photographies de la guerre d’Espagne. Un instant décontenancés, ses employeurs se font rapidement à l’idée en considérant leur jardinier comme un vieil original un peu toqué. Leur surprise va croissant lorsqu’ils constatent que leur pelouse va de mal en pis depuis son embauche. On découvre alors que l’anarchiste est, en fait , un ancien ferrailleur qui ne connaît absolument rien à l’entretien paysager. Parallèlement, Jack découvre avec intérêt que la famille où il travaille est déchirée par les conflits. Le père et la mère, qui ont chacun leurs aventures, ne se parlent pratiquement plus, sinon par personne interposée, tandis que les enfants, un garçon et une fille, sont aux prises avec une crise de l’adolescence particulièrement aiguë. Conscient que sa sinécure est menacée par son absence totale de talent dans le domaine de l’entretien paysager, il trouve plus simple d’utiliser le sens commun qui l’a si bien servi jusqu’alors pour aider ses patrons à surmonter leurs problèmes familiaux. Il remporte un tel succès que Jack devient du jour au lendemain la coqueluche des quartiers huppés. Ainsi défile dans son pavillon tout le gratin de la bonne société qui vient étaler ses misères à l’ombre du drapeau noir. Se servant de son expérience de militant, Jack a recours à sa fausse thérapie afin d’imposer ses idées anarchistes à ses « patients », lesquels les reçoivent comme autant de révélations. Désormais considéré comme un thérapeute de plein droit, ses honoraires lui permettent d’engager un véritable jardinier qui lui sert également de secrétaire. Lentement, un conflit se développe entre les deux hommes alors que le secrétaire-jardinier se considère sous-payé compte tenu de ses multiples tâches. La relation se détériore au point où la clientèle, choquée de voir que son thérapeute est incapable de régler ce qu’elle considère comme d’insignifiants petits différends, se détourne de ses conseils. Désormais abandonnés et sans ressources, les deux hommes se réconcilient et entreprennent de jeter la zizanie partout autour d’eux. Par le biais de lettres anonymes et de contrevérités, ils parviennent à ranimer les brandons de discorde qu’ils avaient éteints. Mais, cette fois, leur « thérapie » ne vise plus à assurer le mieux-être de leur clientèle. Au contraire, ils cherchent à exacerber les passions au point où ils sont rendus responsables d’un triple meurtre. Ils viennent bien près d’être arrêtés, mais la police ne trouve qu’un pavillon vide avec, au mur, un minuscule lambeau de drapeau noir.


 – Torry Ador – Première publication : 1987 sous le titre Psychanarchist – traduit de l’anglais par Olive Rézon – 356 p. – 1989 – Comédie noire, et malgré tout truculente, en particulier dans les affrontements entre les deux vieux complices qui singent les défauts des mieux nantis qu’ils ne parviennent à guérir qu’en subissant leur contagion.

dimanche 19 juin 2022

La sérénité aux travailleurs!