(https://fr.wikipedia.org/wiki/Argile_du_Gault)
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Argile_du_Gault)
Thésée et le Minotaure (allégorie) |
Connaissez-vous l'expérience de pensée en philosophie intitulée le «bateau de Thésée»? Le thème est imputé à Plutarque. Ce dernier aurait suggéré que, à son retour de voyage, les Athéniens auraient préservé le bateau de Thésée. Cependant, avec le temps, il fallut remplacer çà et là quelques planches, de sorte que, au fil des années, plus aucun élément d'origine ne subsista du bateau. Ainsi, Plutarque posait la question: ce navire, en tout point pareil, était-il toujours le bateau de Thésée ou un navire différent?
Quoique deux points de vue s'opposent sur cette question, je penche pour une réponse négative. Quel que soit l'objet, dès lors qu'il a été altéré de cette manière, il ne peut tout au plus s'agir que d'une simple copie et non plus d'un original. C'est la raison pour laquelle nombre d'objets précieux, dans les musées, sont dans un état aussi piètre.
Montréal compte son propre bateau de Thésée. Il ne s'agit pas d'un navire, mais d'un stade. Depuis sa construction pour les jeux olympiques de 1976, il a subi le même sort. On en a remplacé le toit à au moins deux reprises, on a dû même refaire une de ses gigantesques poutres bétonnée qui était carrément tombée au sol, tout cela sans compter quantité d'autres rafistolages apportés à la structure.
Ainsi, la question se pose. Que reste-t-il du stade d'origine, lequel, en 1976, n'était même pas complété? Dès lors, on peut même arguer, non sans raison, que sa tour, quoique prévue dans les plans, ne faisait pas partie du stade au moment de l'inauguration des jeux.
Alors, maintenant qu'il est question de remplacer, en plus de la énième version du toit, l'anneau technique, on est en droit de poser la question quant à savoir si ce qui restera sera encore le véritable stade olympique ou simplement une pâle copie. À ce compte ne vaudrait-il pas mieux se débarrasser d'un très coûteux fac-similé une bonne fois pour toutes?
Comme on dit en anglais, quelqu'un relèvera-t-il la présence de l'éléphant dans la pièce?
Coup de théâtre en Ukraine, alors que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé avoir trouvé des mines antipersonnel aux abords de la fameuse centrale nucléaire de Zaporijjia.
Déjà, on peut se demander ce que l'Agence fiche en zone de guerre. Il semblerait que ce soit pour protéger les installations. Mais a-t-on le droit de douter que la présence de quelques experts soit suffisante pour détourner un éventuel missile mal ajusté?
Non, bien sûr, à moins d'avoir l'esprit particulièrement mal tourné, ce qui – fort heureusement – n'est jamais mon cas.
Est-il besoin de préciser que la nouvelle a fait le tour des médias occidentaux? En effet, quoique lesdites mines aient été disposées dans une aire interdite d'accès, il n'en demeure pas moins que des blâmes à peine voilés furent adressés aux forces russes occupant la centrale. Comme chacun sait, l'utilisation des mines antipersonnel est considérée par plusieurs comme un crime de guerre.
De leur côté, les Stazunis envisagent la possibilité de fournir à l'Ukraine des obus à sous-munitions dont l'emploi, depuis 2008, est interdit par la Convention sur les armes à sous-munitions. Fort heureusement, Washington a refusé de signer le traité humanitaire, de sorte qu'il peut produire, stocker et distribuer ce type d'armes sans que cela soit un crime de guerre.
Tout ceci est donc parfaitement en règle. Sauf, évidemment, cette histoire de mines antipersonnel, lesquelles sont interdites par la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel de 1999. Fort heureusement toujours, les Stazunis ont également refusé de signer cette dernière. Les Yankees se retrouvent donc dans l'obligation morale de laisser à d'autres le soin de dénoncer la chose.
Pour une fois qu'ils ferment leur gueule…