Deux précautions valent mieux qu'une

 

Ameute dans la prison

 

On apprend qu'Israël recommande généreusement à la population gazaouite d'évacuer la ville. Si cela peut donner l'illusion qu'il se soucie du sort des civils palestiniens, la chose permet également d'oublier que la ville de Gaza occupe presque toute la bande même nom.

Pour ceux qui sont moins férus de géographie, soulignons au passage que la totalité de ce territoire s'étend sur 41 kilomètres de longueur et entre 6 et 12 kilomètres de largeur. En tout et pour tout, une superficie de 360 kilomètres carrés pour plus de 2 millions de personnes; donc 6000 habitants par kilomètre carré. En d'autres termes, la bande de Gaza est en pratique une prison à ciel ouvert, car Israël interdit formellement à la population d'en sortir.

C'est bien joli d'insister pour que la population évacue, mais où voulez-vous qu'elle aille? Dans un petit recoin, tassée au sud, où ce sera plus facile de la bombarder au phosphore blanc?

Le vert des gris

 

C'est grisant: encore une fois, l'environnement est sauvé!

Clap! Clap! Clap!

 

La mauvaise foi va très bien au fils de Pierre Elliott Trudeau. 

À force d'appuyer inconditionnellement la politique impérialiste sioniste, il va finir par se faire ovationner à la Chambre des communes.

Promettre chez nous

 

Ça va mal au Parti libéral du Québec (PLiQ)! Ça va tellement mal qu'il y est question – en ce moment – d'adopter une ligne politique légèrement teintée de nationalisme. À preuve, on va jusqu'à suggérer de rapatrier des pouvoirs d'Ottawa, de proposer une constitution québécoise et de transformer le Sénat. Évidemment, on ne propose rien pour changer le rapport de force entre le Québec et le fédéral centralisateur, tout autant que britannique par gouverneur général unilingue interposé.

Et vous ne devinerez jamais qui est, entre autres, à la barre de ce projet d'affirmation provinciale molle. Nul autre qu'André Pratte, l'ancien éditorialiste de La Presse, qui a toujours craché sur les nationalistes québécois. C'est vous dire à quel point cette gibelotte de paroles est sans fondement et à quel point le PLiQ est dans la dèche politique. Faut-il voir la – légère – remontée du Parti québécois dans la faveur populaire la raison derrière cette surprenante initiative? 

Allons, allons! Depuis Bob-la-Job*, l'opportunisme de bas étage a-t-il jamais été la marque du PLiQ, dont le fier slogan en 1960 était «maître chez nous»?

Bien sûr que non.

*Bob-la-Job, premier ministre du Québec de 1970 à 1976, puis de 1985 à 1993 – car les électeurs ne comprennent pas toujours – a été rendu célèbre pour sa fameuse promesse de créer 100 000 emplois; il fut un subalterne essentiel du pouvoir ottavien.

Le commencement de la faim

 

Hypo-crise

 

Maintenant que les Palestiniens répliquent à la répression – qu'on appelle à Ottawa, entre autres, «droit de se défendre» –, les bonnes âmes sont à la fois sidérées et dégoûtées de ce qui se passe au Proche-Orient.

Tant que les enlèvements, la torture, les détentions arbitraires, les spoliations et le nettoyage ethnique se déroulaient sous le manteau complaisamment déployé par l'Occident, les exactions étaient tolérables. Mais maintenant que ce sont des Israéliens qui meurent aussi, la tournure des événements est devenue intolérable.

Il est bien tard pour être soudainement outré de ce qui se passe là-bas.

Bled dingue

 

L'attaque lancée par le Hamas a entraîné nombre de conséquences sur la population civile, comme le fait chaque conflit depuis les débuts de l'humanité.

Ainsi, en ce moment à Ottawa, le gouvernement est préoccupé par le sort de ses ressortissants actuellement en Israël. En effet, les compagnies aériennes ont entrepris d'annuler nombre de vols, de sorte que les citoyens cAnadiens soucieux de fuir les combats éprouvent de grandes difficultés à rentrer dans leur pays. 

De même, avec le congé de l'Action de grâce, il est également ardu de contacter l'ambassade. On aurait cru que, exceptionnellement, compte tenu de la gravité de la situation, les membres du personnel diplomatique auraient pu remettre leur congé à un autre jour. Mais  leur rigueur et leur conformisme parviennent à chasser leur professionnalisme.

Bref, comme on le voit, l'inquiétude est grande quant au sort des CAnadiens en Israël, y compris sans doute ceux d'origine palestinienne.

Le volcan

 

Tel l'éruption d'un volcan endormi depuis longtemps, le réveil de la résistance palestinienne a été fulgurant. Depuis hier matin, les militants du Hamas sont passés à l'attaque. D'abord, il y eut un déferlement de missiles lancés depuis la bande de Gaza, dont certains à longue portée. Ensuite, des commandos ont forcé la barrière fortifiée isolant Gaza du reste du monde et se sont emparés de villes israéliennes.

Le tout n'est pas sans rappeler l'offensive du Têt menée par le Viet Cong et l'armée du Nord-Vietnam, en 1968, laquelle avait pris totalement par surprise les autorités yankees et sud-vietnamiennes. Certes l'offensive du Têt avait été une défaite tactique, en ce sens que les attaquants avaient fini par être vaincus. 

Mais elle s'était soldée par une victoire stratégique de deux manières. D'abord, parce qu'elle avait démontré à quel point le haut commandement US avait été déjoué lors de la préparation de l'attaque. Ensuite, parce qu'elle avait alimenté le discours antiguerre aux Stazunis au point de forcer le président d'alors à entamer des négociations de paix avec le Nord-Vietnam.

Il ne fait pas de doute que les combattants du Hamas finiront par être repoussés par la machine de guerre d'Israël. Cependant, ils auront prouvé que, quoi que fasse l'apartheid sioniste, la résistance palestinienne ne cessera jamais.

Une chose est sûre. Ces événements ne réduiront en rien l'impopularité du premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, et jette le discrédit sur les forces militaires de son pays. Désormais, il aura à apprendre que le volcan qui dort est encore plus redoutable que le volcan actif.