Il n'y a pas à dire, rien ne vaut La Presse pour parler des vraies affaires et pour poser les bonnes questions. En effet, comment se fait-il qu'un ex-nazi soit ainsi devenu un héros cAnadien ovationné par toute la Chambre des communes et le Sénat, premier ministre compris?
Eh bien, voilà. Lors de l'invasion non provoquée de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) par l'Allemagne nazie en 1941, il y eut une farouche résistance de la part non seulement des forces armées, mais aussi de la population civile. En effet, contrairement à ce qui se passait en Europe occidentale à la même époque, l'occupation par les envahisseurs n'était pas seulement due à une guerre de conquête, mais également à une guerre d'extermination. Au total, à la fin des hostilités, l'URSS eut à déplorer tant de morts qu'on n'en a jamais su le nombre exact. Les estimations oscillent aujourd'hui entre 25 et 30 millions, en majorité des civils.
Dans de telles circonstances, il s'est formé des unités de résistants appelés «partisans» dans les campagnes et les forêts soviétiques. Pourquoi «partisans», parce qu'ils se réclamaient du Parti communiste. Comme les partisans gênaient considérablement, par leurs actions de sabotage, les communications nazies en territoire occupé, l'Allemagne finit par recruter d'efficaces collaborateurs parmi ceux qui étaient sympathiques à ses idées. Bref, des anticommunistes fervents et des antisémites affichés qui, en prime, nourrissaient une haine viscérale à l'endroit des Russes.
Des bataillons furent levés entre autres en Ukraine, afin de contrer les partisans. Or, au fur et à mesure que la guerre évoluait en leur défaveur, les nazis allemands éprouvèrent le besoin de déployer en première ligne ces unités aux mains déjà couvertes de sang. Certaines d'entre elles furent même incorporées à la terrible SS, l'élite des forces armées nazies. C'est ainsi que fut créée, en 1943, la 14e division SS, dite «Galicienne», laquelle combattit un peu en Ukraine occidentale – en Galicie –, mais surtout en Pologne, en Slovaquie, en Yougoslavie et en Autriche.
Ses soldats, détenus en Italie à la fin de la guerre, firent des pieds et des mains afin de ne pas être déportés dans leur pays d'origine, soit l'URSS, car ils étaient des traîtres ainsi que des renégats, et qu'ils n'avaient aucune illusion quant à leur sort. Aussi, les Britanniques et le Vatican intervinrent-ils en leur faveur. Leur statut fut modifié. De prisonniers de guerre, ils devinrent du jour au lendemain des ressortissants ennemis, désormais soustraits aux exigences soviétiques et éligibles à l'émigration, en particulier au Royaume-Uni et au CAnada.
Et c'est ainsi, mes chers petits enfants, que Yaroslav Hunka est devenu un bon citoyen cAnadien digne des hommages que sa législature bien-aimée lui a rendus.
Seul doute qui plane encore, on ne sait pas de quel nombre d'atrocités ce cher Yaroslav a été témoin tout au long de sa belle et glorieuse carrière militaire. Atrocités, bien entendu, que ni lui ni aucun de ses camarades n'ont commises.
Ce serait embarrassant pour le fils de Pierre Elliott Trudeau.