vendredi 9 septembre 2022

C'était une mauvaise blague




Hier, j'ai fait une blague à propos d'Elizabeth II, que je regrette aujourd'hui. En effet, je pensais alors que les ennuis de santé de la reine d'Angleterre, du Royaume-Uni, du CAnada et de ce qui reste de l'empire britannique, tout préoccupants qu'ils aient pu être, n'étaient que passagers. Je ne croyais pas me tromper si lourdement, jusqu'au moment où j'ai pris connaissance de son décès.


Je tiens donc à présenter mes plus sincères condoléances à la famille de la souveraine, laquelle doit se trouver extrêmement éprouvée à l'heure actuelle. En particulier son fils aîné qui, maintenant qu'il est appelé à monter sur le trône, devra cesser de jouer le rôle de grand échalas dégingandé et passer aux affaires sérieuses. Pour autant que la monarchie en soit une.


En terminant, je tiens à corriger un oubli à propos du p'tit change. Il faudra aussi mettre une autre face sur les billets de vingt dollars. 


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Gène acide


L’auteur, un éminent généticien, a transposé son savoir et son expérience sur le plan des sociétés humaines. L’apparition de la vie, contrairement à certains points de vue erronés, ne relève pas du hasard. Au contraire, la constitution du « matériel vivant » est le fruit d’une hiérarchisation extrêmement poussée dont toutes les subtilités commencent à peine à être remarquées par la science génétique. Essentiellement, et grossièrement schématisée, la vie tient à l’adjonction d’éléments en apparence disparates qui, par leur combinaison, permettent de passer à des niveaux supérieurs d’existence. Par exemple, l’hérédité, sur le plan de la reproduction de tous les animaux, passe par les gènes. Or, ces gènes sont le résultat d’une lente et patiente évolution. Formant les briques dont sont faits les chromosomes, ils possèdent eux-mêmes une structure plus complexe qu’il n’y paraît. Ils sont d’abord constitués de molécules d’ADN (acide désoxyribonucléique), lesquelles se forment à partir de protéines. Ces protéines sont en retour constituées grâce aux acides aminés, lesquels sont obtenus en agglomérant, de manière précise, certaines molécules organiques. Ces dernières, enfin, sont constituées d’atomes, autrement dit de particules élémentaires, qui, dans leur état premier, ne forment que de la matière inerte. Or, les sociétés humaines ne sont pas dépourvues de ressemblance avec cette structuration du vivant. En fait, les parallèles qui s’établissent entre les deux sont trop nombreux pour ne pas attirer l’attention du philosophe. En effet, les sociétés humaines s’échafaudent suivant le même plan de complexité croissante en partant de l’individu comme unité de base – les atomes du modèle génétique – pour former des ensembles complexes où l’humanité tout entière constitue une sorte d’être vivant dont les composantes sont en constante interaction. Les amalgames, à des degrés divers, d’êtres humains forment les briques dont sont constituées les éléments de base du fameux village global. Ainsi, les individus s’unissent par paires pour former des familles, lesquelles se joignent en clans familiaux. Ces clans s’assemblent en communautés, lesquelles forment des sociétés organisées, puis des nations qui composent les cultures dont émergent les civilisations. L’interaction entre les diverses civilisations forme l’essentiel de l’expérience humaine où les conflits et la violence peuvent s’interpréter comme une mécanique interne où les organes constituent des cellules neuves à mesure que d’autres meurent. L’hypothèse de l’auteur, très provocante, veut que la véritable fertilité humaine ne soit pas individuelle. Sa capacité à transmettre les acquis aux générations à venir ne peut prendre son sens qu’à travers un projet collectif. Ainsi, l’expérience individuelle n’est jamais qu’une dangereuse illusion, alors que l’humain isolé n’est en définitive qu’un atome de matière inerte.


– Omar Mellahd – 704 p. – 1991 – Exposé captivant, convaincant et magistral.

jeudi 8 septembre 2022

Belle morale à Balmoral


 

mercredi 7 septembre 2022

Démocratie à la Kiev

 



Le gouvernement de Kiev a prévenu le monde que, s'il devait advenir des dommages importants à la fameuse centrale nucléaire de Zaporijjiya, laquelle est en fait située à Energodar, cela aurait des conséquences désastreuses bien au-delà de l'Ukraine. 


Soulignons tout de suite que nous sommes reconnaissants que ledit gouvernement consente à partager cette information vitale avec nous. En effet, depuis Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima, on n'aurait jamais pu penser qu'une catastrophe nucléaire puisse avoir des conséquences délétères.


Rendons donc grâce à la sollicitude de Kiev pour sa prévenance. En effet, qu'adviendrait-il s'il fallait que, à la suite des nombreuses frappes d'artillerie, des dommages entraînent une fuite de radioactivité? À ce propos, on sait que Kiev et Moscou s'accusent mutuellement des bombardements autour de la centrale. Les médias et dirigeants occidentaux, pour leur part, hésitent quant à savoir qui, exactement, attaque ainsi une installation stratégique à haut risque pour le genre humain.


On sait également que ladite centrale est entre les mains des Russes. Alors qui tire des obus dans sa direction? Les Russes, qui aimeraient tuer leurs propres soldats, ou les Ukrainiens?


Personnellement, je pense que ces derniers estiment qu'ils n'ont plus rien à perdre. Ainsi, menacer la centrale est une bonne façon de faire du chantage aux dépens de leurs prétendus alliés afin que ceux-ci accroissent leur aide à la fois militaire, économique et diplomatique.


Les principes de la guerre sont donc entrés dans une nouvelle ère. Désormais, il n'est plus nécessaire d'avoir des moyens atomiques. Il suffit de faire sauter les installations nucléaires de l'ennemi. Comme ça, tout le monde déguste.


C'est très démocratique.


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La force fait l’Union


Stanislas Lebrodkin demeure le diplômé le plus célèbre de l’université de Bielgorod. Ses prises de position bien connues l’ont mis au ban des intellectuels pendant les derniers temps du pouvoir soviétique. Réfugié en France à la fin des années 1980, il a assisté à l’effondrement du socialisme en Europe de l’Est. Considéré également à l’Ouest comme un dissident pour ses opinions, il a dû, après un bref séjour aux États-Unis, trouver refuge au Canada où ses écrits et son enseignement continuent à embarrasser l’ordre établi. Son dernier ouvrage constitue un réquisitoire décapant à l’encontre du capitalisme sauvage. Lebrodkin esquisse une étude historique étonnante et analyse, chiffres à l’appui, la qualité de vie des travailleurs dans cinq des principaux pays de l’Occident, soit les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie. Avec une pondération nécessaire dans le cas de l’Allemagne, qui a dû se relever de deux terribles défaites militaires, Lebrodkin démontre que les conditions de vie des plus défavorisés des pays capitalistes se sont effectivement grandement améliorées depuis le début du siècle à venir jusqu’à tout récemment. Au cours des années 1990, les contraintes de l’économie globale voient le pouvoir d’achat de la plupart des classes moyennes et inférieures se réduire. Au-delà des fluctuations du marché, que Lebrodkin relativise en fonction des cycles normaux de l’économie capitaliste, il pose la question suivante : quel a été le facteur déterminant qui a amené la classe des possédants à accepter un plus juste partage de la richesse ? La réponse de Lebrodkin en surprendra plusieurs. Certes, l’un des avantages d’un pouvoir d’achat accru se situe dans la capacité de consommation plus grande, générant ainsi des profits plus élevés. Mais Lebrodkin explique que la marge de profits peut être accrue sans obligatoirement augmenter l’éventail de produits de consommation disponibles, et donc, sans nécessairement augmenter les revenus des travailleurs. Il insiste sur le fait qu’avant la Grande Guerre, les revendications des masses laborieuses étaient universellement ignorées, quand elles n’étaient pas sauvagement réprimées. Le mécanisme déclencheur, selon Lebrodkin, a été la naissance du pouvoir soviétique et l’attrait qu’il pouvait représenter aux yeux des travailleurs. L’économie libérale devait, dans le cadre élargi de la guerre froide, prouver que les travailleurs n’avaient pas à recourir à la révolution pour améliorer leurs conditions d’existence. Ainsi, autant pour triompher sur le plan de la doctrine que pour assurer la paix sociale, les capitalistes occidentaux ont accepté de partager un peu plus équitablement la richesse. Cette nécessité s’étant évanouie, les conditions de vie des travailleurs ont recommencé à se dégrader partout dans le monde.


 – Stanislas Lebrodkin – 208 p. – 1997 – Diplômé de l’université de Bielgorod en mathématiques et en macro-économie, Stanislas Lebrodkin, un ami intime de Noel Chomky, enseigne à l’université du sud de l’Alberta.

mardi 6 septembre 2022

Et cas anomie




Rien de tel qu'une bonne inflation, ou récession, ou dépression, ou une crise quelconque, ou même une guerre bien meurtrière pour que l'économie se porte bien.


C'est rassurant, quand même.


Et Liz à bête


 

lundi 5 septembre 2022

Point cardinal



 

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Le fantasme, hein ?


Traité de sexologie à saveur humoristique où le docteur Rich Hess étudie soigneusement, avec preuves à l’appui, les fantasmes sexuels masculins et féminins. Sa recherche, étalée sur plusieurs années, lui a permis de dresser une taxonomie détaillée des thèmes se rattachant aux fantasmes de l’un et l’autre sexe, tout au moins les plus fréquemment mentionnés lors des entrevues qu’il a menées des deux côtés de l’Atlantique et qu’il considère, par le fait même, universelles, pourvu que la culture occidentale soit concernée. À partir de cette mine d’information, il se livre à une étude de contenu exhaustive ne visant rien de moins qu’à faire ressortir des constantes. Enfin, compte tenu des résultats auxquels il arrive, il dresse, en suivant en cela les dernières découvertes de la psychanalyse, la « carte comportementale » non plus d’une personne, comme cela est généralement le cas pour cette discipline, mais d’un sexe tout entier. Conscient des limites, Hess rassure ses lecteurs d’entrée de jeu à savoir que cette démarche, tout expérimentale, n’offre pas les garanties que l’on attend obligatoirement d’autres types de recherches plus sérieuses. Cependant, et malgré les réserves qu’il signale, il dresse un tableau de la psyché masculine et féminine qui offre quand même un aperçu doux-amer de ce que les hommes et les femmes attendent les uns des autres, le tout traité sur un ton humoristique qui évite soigneusement de prendre parti dans ce qui est convenu de nommer « la guerre des sexes ». Au terme de son analyse, Hess propose que le fantasme masculin dominant est fondé sur le « pouvoir extérieur ». En d’autres termes, l’homme est fasciné par l’action que son pouvoir peut exercer en dehors de son territoire personnel, alors que le mâle de l’espèce cherche à s’imposer à son entourage. À l’opposé, le fantasme féminin est celui du « pouvoir intérieur », alors que la femme est plutôt portée à assurer sa domination à l’intérieur de son territoire, qu’il soit personnel ou social. Hess, qui est avant toute chose anthropologue, explique alors que, advenant que les résultats de cette recherche soient scientifiquement exacts, ils expliqueraient en grande partie deux des réalités les plus intrigantes appartenant à l’espèce humaine. D’une part, cette complémentarité évidente entre les sexes aurait ainsi facilement garanti non seulement la survie des groupes humains, mais également leur expansion démesurée aux dépens des autres espèces. D’autre part, cette divergence dans les aires d’application des pouvoirs respectifs des deux sexes aurait inévitablement créé une pression indue sur les capacités communicationnelles et cognitives cherchant à établir des liens par-delà la barrière sexuelle et aurait ainsi mené à l’état de conflit endémique qui renvoie perpétuellement dos à dos hommes et femmes.


 – Rich Hess – Première publication : 1989 sous le titre Sex so fun ? – Traduit de l’américain par Janine Neely – 608 p. – 1991 – Essai satirique davantage que rapport d’étude scientifique, cette oeuvre a au moins le mérite, sinon de faire oublier la guerre des sexes, tout au moins d’en apprécier l’aspect hautement humoristique.

dimanche 4 septembre 2022

Tout cet amour qui m'anime



Oui, oui, je sais: il y a une campagne électorale qui bat son plein, aussi serait-il plus approprié d'en parler, plutôt que de revenir sur de l'actualité périmée. Mais j'arrive de vacances et, étant en plein rattrapage, je me remets à jour en ordre chronologique.


Est-ce que le nom de Jacques Goldstyn vous dit quelque chose? Non? Alors, peut-être connaissez-vous son nom de plume Boris? Non plus? C'est que vous n'êtes pas un lecteur du quotidien montréalais Ze Gazette.


Le 30 août dernier, cette vénérable publication a affiché une caricature dudit Boris montrant un chien, tenu en laisse par une vieille dame à l'orientation politique indéfinie, urinant – le chien pas la vieille dame – sur une affiche soulignant le centenaire de la naissance de René Lévesque.


La chose a soulevé une certaine controverse, car des esprits étroits ont compris le message sous-jacent tout de travers. Comme l'a expliqué l'auteur du dessin, cela représentait l'admiration de l'artiste envers la mémoire de M. Lévesque et tout le respect qu'il lui manifestait en son for intérieur. Et, à travers lui, sans doute tous les francophones du Québec. Des choses que j'avais comprises, bien évidemment, dès le premier coup d'œil.


Tous ne bénéficient pas de la même acuité intellectuelle que moi-même ou que ce cher Boris. Les gens sont trop enclins à prendre les choses au pied de la lettre et peinent à saisir le second degré d'une œuvre picturale ou d'un texte. Tenez, autre exemple, quand je parle au quotidien des «estis de blokes sales», c'est pour exprimer tout le respect et toute l'admiration que j'éprouve à l'endroit de mes concitoyens de langue anglaise.


Et j'irais même jusqu'à dire que ce serait un honneur insigne pour moi de prouver ce profond amour qui m'anime en urinant longtemps sur leur drapeau.