L’homme aux sapins
Fable onirique qui se veut une critique mordante de la fête de Noël. Oscar Aboss est le vice-président principal d’un gigantesque conglomérat qui a réussi, après bien des négociations – et encore plus de manoeuvres plus ou moins honnêtes – à prendre le contrôle du marché mondial des arbres de Noël. Sa campagne de publicité à l’échelle planétaire incite chaque être humain, quelle que soit sa culture d’origine, à acheter un sapin afin de respecter la fête tel qu’il se doit. C’est avec plaisir que, au moment d’une des réunions du conseil d’administration, les dirigeants de la compagnie constatent que leurs plus importants marchés sont, respectivement, la Chine, le monde musulman et l’Afrique centrale. Cependant, il existe une ombre de taille au tableau, car, pour la première fois depuis l’invention du sapin de Noël, il semble que l’offre ne réussira pas à rejoindre la demande. Oscar est mandaté par ses supérieurs afin d’assurer à son conglomérat des sources d’approvisionnement suffisantes. Immédiatement, il se met à battre la campagne afin de trouver les ressources nécessaires. Quelques pots-de-vin suffisent afin d’obtenir les permis nécessaires pour piller les réserves naturelles, y compris les parcs nationaux, d’à peu près tous les pays nordiques. Cependant, Oscar n’est pas pour autant certain de pouvoir suffire à la demande. C’est alors qu’on lui rapporte que, quelque part dans le nord du Québec, un individu a, depuis des années, entrepris de planter sur son immense domaine des sapins à l’exclusion de toute autre essence d’arbre. Ne voulant courir aucun risque, Oscar décide de prendre le dossier en main lui-même. Il se fait amener sur place à bord de l’hélicoptère de la compagnie, mais, malheureusement pour lui, la piste d’atterrissage se trouve à des kilomètres de la cabane de l’homme. Aussi doit-il s’astreindre à un long périple, seul en forêt, afin de le rejoindre. Mais, peu habitué à ce genre d’activité, il s’égare et commence à errer dans les bois, cherchant désespérément à s’orienter. Tout au long de son errance, il est assiégé de visions alternativement fantasmagoriques et grotesques qui lui font craindre d’avoir perdu la raison. Il est recueilli, à moitié mort, par un inconnu qui s’identifie comme Alexis, nul autre que l’homme aux sapins. Une fois chez lui, Oscar entreprend de gagner sa confiance tandis que, en secret, il ordonne le début de la coupe des conifères. Un matin, alors que Alexis semble ne se douter de rien, il réveille Oscar avant l’aube pour l’entraîner dans une excursion initiatique qui révélera l’homme d’affaires à lui-même et lui montrera la voie à suivre afin de racheter son existence passée.
– Jeanne Émard – 302 p. – 1991 – Ce roman offre une allégorie étonnante sur la destinée humaine et les grandes crises qui sont le fait de chaque existence individuelle par le biais d’une histoire menée comme un conte de fées.