Jeans Jerale
Gerald St. Clair est un couturier américain reconnu hanté par les créanciers qui lui réclament des sommes importantes. En effet, sa maison ne connaît plus le même succès qu’autrefois et, malgré les tentatives les plus acharnées afin de redorer son blason, Gerald doit admettre, pour la première fois de sa vie, une amère défaite à la fois professionnelle, personnelle et financière. Au hasard d’une cuite, il fait la connaissance d’une jeune femme, un peu outrancière dans son comportement, avec laquelle il noue, l’espace d’une soirée, une étrange complicité. À son contact, les jours suivants, il échafaude un plan afin de tirer sa maison du marasme où elle s’est abîmée. Il décide de lancer, sous une autre étiquette, toute une ligne de vêtements prêts-à-porter, en utilisant Lisa, sa jeune égérie, comme prête-nom. La verve de la jeune femme et l’imagination de Gerald réussissent ce qui, en apparence, était impossible. Les Jeans Jerale connaissent en quelques mois un succès retentissant, grâce à une campagne de publicité audacieuse et extrêmement suggestive. Utilisant les profits de l’une afin de renflouer l’autre, Gerald parvient à trouver l’équilibre précaire entre le monde de la haute couture et celui du prêt-à-porter. Graduellement, il se rapproche de Lisa, au grand dam de son épouse, qui ne voit pas d’un très bon oeil la présence grandissante de la jeune femme dans leur monde. En effet, St. Clair a caché à tout son entourage le secret qui le lie à la jeune femme, de sorte que ses partenaires financiers s’avouent agréablement surpris de constater que l’argent frais afflue dans les coffres de la compagnie. Mais la joie cède rapidement le pas à l’inquiétude lorsque le fisc ouvre une enquête sur le retournement de situation de la maison St Clair’s, refusant de croire ne serait-ce qu’un instant que cette dernière soit liée, de quelque manière que ce soit, à Jeans Jerale. Malgré les manoeuvres dilatoires, Gerald ne parvient pas à conjurer l’inéluctable et l’étau du fisc se resserre autour de lui. Les choses s’enveniment au point où Gerald, acculé à un procès, doit apporter devant la cour les preuves qui établissent hors de tout doute que l’une des plus prestigieuses maisons de haute couture des États-Unis n’est que l’échappatoire fiscale d’un fabricant de fringues à bon marché. Lorsque la vérité éclate au grand jour, la clientèle de St. Clair’s abandonne définitivement le couturier. Par un effet particulièrement pervers du sort, la clientèle de Jeans Jerale se détourne de celle-ci. Gerald n’a plus d’autre recours que d’aller vivre chez Lisa, qui lui avoue son amour.
– Eddie Kehn – Première publication : 1997 sous le titre The Big Apple Denim Gambit – Traduit de l’américain par Annie Tanz – 386 p. – 1998 – Éloge de la simplicité, ce roman n’hésite pas à pourfendre, pour la bonne cause, les prétentions fallacieuses des parvenus dénués de talent.