samedi 9 novembre 2019

Tousse qui est à gauche




S’il est bien un mot systématiquement galvaudé, depuis une dizaine d’années, c’est celui de «gauche». En fait, le terme a été tellement utilisé à contresens qu’il a fini par perdre toute signification.

À la limite, on pourrait dire qu’il désigne n’importe quelle prise de position qui a le malheur de déplaire, et ce, quelle que soit la personne contrariée par la situation. Fascistes, centristes et même, de nos jours, sociaux-démocrates n’hésiteront pas à affubler de «gauchisme» les opinions qui les prennent à rebrousse-poil. Une fois le mot lâché, toutes les attaques deviennent de facto justifiées. Dès lors, il n’est plus besoin de faire montre de retenue, de logique, de respect ou de sens commun. L’idée de gauche, maintenant, est devenue une sorte de fourre-tout, un gigantesque sac, contenant tout ce à quoi des analystes à courte vue sont allergiques. Leurs commentaires péjoratifs finissent par créer un feu roulant ressemblant à une quinte de toux intempestive, inopinée et irréfléchie.

Il est vrai que de prétendus gauchistes ont largement contribué à brouiller les cartes. En effet, quand des partis se prétendant de la gauche se limitent – volontairement – à faire de leur programme uniquement un porte-voix pour les minorités culturelles, sexuelles ou religieuses, il devient évident que la notion de gauche – la vraie – a été non pas diluée, mais bien totalement évacuée.

Si j’osais, je me permettrais de rappeler qu’il existe deux manières de répartir la richesse collective. Celle que nous connaissons présentement où une infime minorité de la population accapare, en toute oisiveté, la grande majorité de cette richesse. Mais il y a aussi l’autre où certains inconséquents, dit-on, pensent que toute personne a droit à sa juste part, simplement du fait qu’elle est un être humain et que les sociétés se doivent d’être humaines. Si vous tendez à penser en faveur de la première catégorie, vous êtes de droite; si vous estimez que c’est la deuxième possibilité qui est la meilleure, vous êtes de gauche. Tout le reste est accessoire.

Évidemment, je ne veux pas faire la leçon, ici. J’aurais trop peur qu’un autre fâcheux me traite de «gauchiste».

Tousse-toi que je m’y mette!


jeudi 7 novembre 2019

Si tu avais vu ma mine, hier




Je m’étonne que, jusqu’à maintenant, les médias n’en aient pratiquement pas fait mention. Cela concerne une des compagnies minières cAnadiennes, après tout. Et on n’est pas sans savoir à quel point celles-ci demeurent un fleuron de l’économie du pays du fils de Pierre Elliott Trudeau. Peut-être pas le premier – ça, c’est le pétrole –, mais bougrement important quand même. Sans oublier que ce sont les minières cAnadiennes, justement, qui sont parmi les plus détestées dans les pays en développement pour leur inconduite, tant politique que sociale. Et, quant à ce tout dernier point, elles n’y vont pas avec le dos de la rétrocaveuse… 

C’est ce qui explique peut-être en partie les motifs des gens qui ont attaqué, hier au Burkina Faso, un convoi d’employés de la minière Semafo, basée à Montréal. Ces motifs demeurent équivoques, puisqu’on ne connaît pas l’identité des auteurs. Et, oui, j’ai bien dit «Montréal». Qu’est-ce qu’une société minière cAnadienne fiche à Montréal? Décidément, on nage dans les amphibologies!

Pourtant, l’attaque a fait près de 100 victimes, dont 37 morts. À ce qu’on sait, toutes sont burkinabées; il n’y avait pas de CAnadiens dans le convoi. 

On est toujours surpris de leur inopportunité, ceux-là.


mercredi 6 novembre 2019

mardi 5 novembre 2019

Accord par-dessus bord




Le 4 novembre 2016, l’accord de Paris sur le climat entrait en vigueur. Le texte avait été entériné par 197 pays. Il prévoyait d’enrayer le réchauffement climatique en le maintenant sous la barre des 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. En conséquence, il prônait un «désinvestissement des énergies fossiles» et une volonté d’en arriver à la «neutralité carbone».

Or, comme tout accord qui se respecte, celui-là comportait aussi une clause de retrait, à certaines conditions. Ainsi, aucun pays ne pouvait le quitter avant le troisième anniversaire de son entrée en vigueur, soit pas avant le 4 novembre 2019.

Hier, les Stazunis, qui n’en manquent pas une, ont annoncé qu’ils allaient sortir de l’accord de Paris après 12 mois, ce qui est effectivement prévu dans les clauses. Les réactions ne se sont d’ailleurs pas fait attendre.

La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES), a déclaré que Washington était irresponsable dans cette démarche. La France a «regretté» la décision, tandis que la Russie a déploré cette atteinte «sérieuse» à l’accord. Aux Stazunis, deuxième émetteur mondial de GES, la décision a également entraîné des réactions au sein de l’opposition qui y voit un geste «anti-science».

Bref, c’est tout un tollé planétaire que le retrait yankee a causé. Mais, là, il faut tout de même que j’intervienne pour calmer le jeu. Le reniement stazunien de l’accord de Paris n’est pas aussi grave qu’on voudrait bien le faire croire.

Après tout, ce n’est pas comme si, jusqu’ici, les Yankees l’avaient respecté.


lundi 4 novembre 2019

C’était hier




Le 9 novembre 1989, on assistait, médusé, à une scène inimaginable: des gens dansant sur le mur de Berlin. Peu de temps après, c’était tout l’édifice du socialisme qui s’écroulait dans l’est de l’Europe, y inclut l’Union soviétique.

L’occasion fut belle de parler, du vibrato dans la voix, de l’émancipation des peuples et des lendemains qui allaient immanquablement chanter, de donner l’occasion à des groupes de deuxième ordre de composer des chansons larmoyantes et de fermer les yeux sur une prédation criminelle exercée aux dépens des peuples «libérés».

Or, rien ne libère moins que le libéralisme et c’est justement lui qui s’est jeté sur les ex-Républiques populaires afin d’en soutirer le plus d’argent possible, ne laissant sur place que ruine, désolation et chômage.

Aujourd’hui, les commentateurs établissent un sombre bilan de l’état des choses, 30 ans après la victoire du capitalisme sauvage: insécurité à l’Est, montée de l’extrême droite et – suprême ironie – retour d’un contexte de guerre froide, entre autres.

Qu’en est-il des avantages de la chute du socialisme? C’est à un commentateur est-allemand, vu je ne sais plus où au milieu des années 1990, que nous devons le meilleur résumé des changements apportés par cet événement: «Avant, il était interdit de critiquer le chef de l’État, mais on pouvait critiquer son patron autant qu’on voulait. Après, il a été permis de critiquer le chef de l’État, mais il devint prohibé de critiquer son patron.»

Heil! Conseil du patronat!