samedi 28 mai 2022
vendredi 27 mai 2022
Catalogue
Le pessimisme pourrait aller mieux
Journal intime d’un adolescent appelé Bernard. Le roman est écrit sur le ton d’un monologue avec ses incohérences, ses moments d’espoir et de découragement. La couleur particulière de l’écriture donne une résonance troublante de vérité, à tel point qu’on s’imagine parfois lire le compte rendu d’une séance chez le psychiatre. Bernard, comme tous les jeunes de son âge, est aux prises avec les dures réalités de la vie. Ayant jusqu’alors passé une enfance sereine et somme toute assez couvée, les premiers contacts avec le monde des adultes, « l’univers des autres » comme il l’appelle, sont donc assez brutaux et amènent de douloureuses prises de conscience. Les plus dures l’obligent à se départir un à un des idéaux qu’il a chéris plus jeune, tels l’entraide et l’amour universels. Désormais laissé sans alternative afin d’interpréter le monde qui l’entoure, Bernard sombre progressivement dans une dépression paralysante, et ce, malgré l’attention toujours présente de ses parents et du reste de sa famille. Même l’apparition récurrente d’une jeune voisine de son âge dans le cercle familial ne suscite chez lui aucun intérêt. La seule personne à qui il trouve encore la force de se confier est une enseignante de son école, Nadine, plus de quinze ans son aînée. Émue par les difficultés que traverse le garçon, Nadine le prend sous son aile et tente d’abord de briser la spirale qui enfonce Bernard de plus en plus profondément dans sa dépression. Afin de marquer des points dans ce jeu dont elle n’entrevoit pas encore le danger, elle se résout à prêcher par l’exemple. D’abord en montant en épingle les gestes d’autrui qui démontrent un véritable respect des autres, elle finit par introduire Bernard dans son intimité, auprès de ses amis et même au sein de l’organisme de charité où elle travaille bénévolement. Cette proximité amène une ambiguïté de plus en plus palpable au sein de leur relation. Acculée au pied du mur par le garçon qui exige de savoir si elle l’aime vraiment, Nadine accepte de coucher avec lui. Malgré elle, l’affection envers le jeune homme, le plaisir qu’elle a éprouvé dans ses bras et le besoin de tendresse qu’elle n’avait pas comblé depuis des années l’amènent à s’attacher à lui. Mais leur relation ne dure guère. Bernard est prompt, après cette trop facile conquête, à porter son intérêt sur la jeune voisine et il délaisse rapidement Nadine sans explication, ne pouvant s’empêcher de ressentir la honte et la lâcheté qui s’emparent de lui comme un vertige particulièrement enivrant. Il s’abandonne alors à sa nouvelle relation avec assez peu d’entrain et, lorsque la jeune fille s’aperçoit qu’elle est enceinte, il l’abandonne à son tour. Ayant désormais appris comment traiter ses semblables et à laisser libre cours à son égoïsme afin d’assurer sa propre survie, le journal de Bernard se conclut sur son entrée de plain-pied dans « l’univers des autres ».
– Charles Lathan – 304 p. – 1990 – Roman à la fois noir et désespéré, jugement implacable sur ses contemporains, cette oeuvre a placé l’auteur au premier rang des créateurs littéraires de sa génération et l’a révélé à un large public.
Pierre Dion
Comme tout le monde, le fils de Pierre Elliott Trudeau en a eu ras le bol de la présence de Stéphane Dion. Il y a mis le temps, mais ça ne pouvait pas faire autrement.
Sans compter qu'un ambassadeur du CAnada doit être cAnadien. Or, pour trouver un CAnadien qui parle français à peu près correctement, ce n'est pas une mince affaire au CAnada.
Bref, on fait d'une pierre deux coups. Et puis, à Paris, il n'y a encore que là où Stéphane Dion ne peut pas faire de conneries.
Enfin…
jeudi 26 mai 2022
mercredi 25 mai 2022
L'abonne conscience
Il n'y a pas que les belligérants qui sont mis à mal dans le cadre de la guerre en Ukraine. On constate aujourd'hui la fragilité des organisations qui sous-tendent l'alliance occidentale contre la Russie.
Par exemple, lorsque la Suède et la Finlande ont déclaré vouloir se joindre à l'OTAN, deux membres de l'Organisation s'y sont opposé. Il s'agit de la Turquie et de la Croatie qui, pour des raisons de politique intérieure, ont voulu se servir de la situation afin de négocier des avantages.
Notons en passant que, à cause du réchauffement climatique, les voies maritimes polaires prennent une importance qui croît avec chaque nouvelle fonte de la banquise, ce qui rend de nouveaux partenaires nordiques d'autant plus importants pour les Stazunis et cette OTAN qui est leur petite organisation terroriste internationale.
D'autre part, l'Union européenne veut à tout rompre, et contre les intérêts de sa population moins nantie, interrompre les importations d'hydrocarbures russes. Et voici que la Hongrie oppose son veto à cette initiative. Son gouvernement est soucieux des graves problèmes économiques qu'un tel embargo entraînerait, pas tant pour sa population – encore une fois – mais pour son pouvoir, la Hongrie étant enclavée et, sans accès à la mer, le pétrole russe est sa seule source d'énergie relativement bon marché.
Tandis que, du côté russe, les sanctions économiques, tout problématiques qu'elles soient, ont tout de même eu l'effet, pour une large part de la population, de créer une solidarité nationale, à l'inverse l'Occident semble montrer de profondes fractures, tout au moins en périphérie de son système d'alliances.
C'est souvent ce qui arrive quand on ratisse trop large afin de se donner des airs de bonne conscience.
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Passe-moi son savon
À Gomel, au Bélarus, les lendemains de la chute du socialisme sont ressentis durement. Les pénuries ont pris fin, mais les prix ont connu des flambées étourdissantes. Nul plus que le directeur de la prison n’est au courant de la situation. Depuis des mois, ses budgets réduits ne lui permettent même plus d’assurer le salaire des gardes, pas plus que de pourvoir de manière adéquate aux besoins de la population carcérale. À quelques pas de là, une usine désormais désuète est à la veille de fermer ses portes, car les moyens manquent également pour payer les ouvriers. Cependant, les contacts du directeur de l’usine lui permettraient d’échanger sa production contre celle de différents complexes industriels, à condition d’avoir une main-d’oeuvre disposée à travailler en échange d’un salaire en nature. Romansky, le directeur de la prison, offre à Kerenov, celui de l’usine, de lui prêter ses détenus afin que ces derniers fassent marcher la production. Romansky se met à la tâche, désignant les hommes qui seront autorisés à sortir travailler, échappant ainsi aux sordides conditions de détention au moins pendant quelques heures. En outre, les « travailleurs » ont la chance, pendant leur pause, de jouer de la prunelle avec les femmes employées par l’ancien kolkhoze local où elles filent la laine des moutons. Alors que les « travailleurs » reviennent le soir dans leur cellule le coeur en joie et l’estomac plein, les consignés commencent à éprouver de plus en plus de rancoeur à leur égard. Certains tentent même de resquiller et d’aller à l’usine, mais ces clandestins sont rapidement démasqués par leurs codétenus et ramenés à l’ordre sans ménagement. Les frictions se multiplient tandis qu’il s’établit une véritable caste de privilégiés au sein des prisonniers ; ceux qui ont les moyens d’acheter auprès des gardiens de menus privilèges et les autres qui leur servent littéralement de larbins. Au bout de quelques mois, les « travailleurs » se sont fait allouer des cellules de leur choix où ils s’installent en plus petit nombre, tandis que les consignés vivent dans des conditions sans cesse dégradées. Bientôt, Romansky n’a plus le choix que de séparer les deux camps, d’une part pour que le « luxe » des uns offense moins les autres, d’autre part parce que les conflits deviennent de plus en plus violents, entraînant maintenant non plus seulement des prises de bec, mais de véritables rixes. Cependant, il est un endroit où la ségrégation est impossible, car les moyens ne permettent de chauffer l’eau qu’à une certaine heure du jour : les douches. C’est au moment où un des consignés ordonne à un nouveau de lui remettre le savon d’un des « travailleurs » que se produit l’étincelle qui fera éclater la révolte des hommes nus.
– Margotte Lacaille – 238 p. – 1996 – Ce n’est pas tant une histoire que l’auteur parvient à rendre ici, comme une ambiance et, surtout, des personnages à la fois colorés et empreints d’une éclatante force de caractère. Grâce à un jeu tout en nuances, qui ne serait pas désavoué à la scène, elle jette les unes contre les autres en un choc étourdissant les passions contemporaines.
mardi 24 mai 2022
Burp!
Un tout nouveau rapport a été déposé aujourd'hui, au CAnada. Il s'agit du document Une stratégie de sécurité nationale pour les années 2020.
On remarque que les années 2020 sont bien entamées et que ledit rapport est déjà un peu dépassé en conséquence. Cependant, il note que, devant les menaces de toutes sortes, comme les cyberattaques, les changements climatiques et les tensions internationales, le CAnada serait un pays dangereusement démuni.
Je n'ai pas l'habitude d'être d'accord avec les émanations fédérales, mais c'est un fait que de voir le gouvernement impuissant devant un groupe de camionneurs qui a impunément envahi les rues de sa capitale, tandis que le premier ministre se cachait dans un coin quelque part, cela ne donnait pas une idée particulièrement reluisante de la résilience cAnadienne en cas de crise.
Quand on pense que ce pays est totalement incapable de se tenir debout devant les ingérences yankees de toutes sortes, voilà qu'on lui demande d'être à même de développer des outils afin d'assurer sa souveraineté et d'affirmer à la fois ses politiques et sa sécurité en toutes circonstances.
La seule chose qu'il est encore capable de faire, c'est probablement d'envoyer l'armée en cas de revendications québécoises. Et encore, le recours aux lois d'exception n'a jamais été qu'un aveu implicite de faiblesse.
lundi 23 mai 2022
Catalogue
Parisis, la monnaie
Homme de peu de besoins, Roger est un quadragénaire dont la vie apparaît régie avec une inflexible immuabilité. Employé d’une grande banque, son expérience au sein de l’institution et sa connaissance approfondie du marché international de l’argent ont fait de lui le meilleur cambiste. Tous les jours, ses fonctions l’appellent à échanger des sommes colossales d’une capitale à l’autre, sans jamais se laisser impressionner par les montants. Homme d’une efficacité absolue, il est en outre d’une dévotion sans borne envers l’entreprise qui l’emploie. Totalement dépouillé de toute ambition personnelle, il ne veut que se dévouer pour la réussite financière de « sa » banque. Jouissant de la totale confiance de ses supérieurs, il leur témoigne en retour une servilité totale où il s’attache même à s’habiller comme eux, à affecter leurs maniérismes et à imiter leurs tics de langage, sans manquer non plus de ne s’exprimer, au travail ou ailleurs, qu’à l’aide du jargon des cambistes. Alors que ses collègues considèrent sa vie privée aussi limpide que sa vie professionnelle, Roger possède une passion dont seuls son épouse et ses enfants sont des témoins muets et effacés : il est un historien amateur. Préoccupé par les tensions qui ont mené au mercantilisme, il s’est penché sur l’évolution des monnaies dans le royaume de France, en particulier le triomphe de la monnaie de Tours, la livre tournois, aux dépens de la monnaie de Paris, la livre parisis. Ayant rédigé un article sur le sujet, quelle n’est pas sa surprise d’apprendre que cet article a été retenu pour publication par une revue historique. Comblé par cette nouvelle, il n’en demeure pas moins d’une discrétion exemplaire au travail. Aussi est-il étonné le jour où son supérieur immédiat le convoque pour lui reprocher les frivolités consistant à collaborer à ce genre de publication. Incrédule et interloqué, Roger entame alors une enquête discrète afin de savoir comment son secret a pu être révélé au sein de la banque. Convaincu que le reproche est venu d’en haut, il s’ingénie, dans ses communications internes, à laisser des sous-entendus et des doubles sens afin d’appâter l’éventuel lecteur qui a remarqué son nom dans la revue. Il découvre que ce lecteur est en fait une lectrice, la vice-présidente aux affaires internes. Alors que son travail en souffre, il entreprend de tenter de confronter celle-ci. Mais on n’approche pas ainsi une vice-présidente de banque, et Roger devient la malheureuse victime de ses machinations, jusqu’à ce que, prisonnier du bureau de la femme, il doive se soumettre à ses avances. Découvrant qu’il a été le jouet, dans tous les sens du mot, d’un abus de pouvoir, Roger se met en frais d’exercer sur ses supérieurs, complices à un degré ou à un autre de toute l’affaire, une vengeance extrêmement perfide.
– Éric Hist – 298 p. – 1988 – Amusante caricature du monde de la finance, en même temps qu’une frappante analogie entre les mondes moderne et ancien quant aux abus auxquels mène le pouvoir de l’argent laissé sans entraves au sein de nos sociétés.