samedi 12 mars 2022
vendredi 11 mars 2022
Bravo le Gault*!
* Le gault, ou argile de Gault (dite parfois «argile albienne»), est une formation d’argile raide de teinte gris-bleu à gris foncé, qui s'est déposée à profondeur moyenne dans des eaux marines calmes, au cours du Crétacé inférieur. [… Il] contient souvent des nodules phosphatiques en grande quantité, dont une partie est classée comme coprolithes, c’est-à-dire un excrément minéralisé, fossilisé (https://fr.wikipedia.org/wiki/Argile_du_Gault).
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Île Dieu
Un homme échoue seul sur une île battue par les relents d’une tempête comme il n’en existe que dans l’Atlantique Nord. L’île n’est peuplée que par une communauté de pêcheurs qui, dans un premier élan, recueille l’inconnu tel que l’exige le code de la mer. Une fois rétabli, l’inconnu, qui se fait appeler Ootje, plutôt que de demander à être rapatrié sur le continent, commence à quémander du travail. Personne ne veut l’embaucher sauf Wenz, un vétéran de la marine marchande, l’un des seuls hommes à avoir déjà quitté l’île, et le seul à y être jamais revenu. N’ayant nulle part où habiter, Ootje est recueilli par Wenz qui vit avec sa fille Franza. Les deux hommes développent une complicité surprenante aux yeux de la communauté. Cependant, la méfiance point bientôt chez Wenz. Ootje s’entiche progressivement de Franza qui demeure indifférente à ses avances. Malgré une cour malhabile où il tente sans succès de lui plaire, il finit par apprendre qu’elle lui préfère un homme plus vieux et plus fortuné, Moorg, à qui, d’ailleurs, Wenz doit une forte somme d’argent. Un matin, à marée basse, on découvre le corps de Moorg. Les soupçons se portent évidemment sur Ootje. Lorsque les policiers viennent sur l’île afin d’enquêter sur l’assassinat, la foule des pécheurs leur livre littéralement Ootje, non sans lui avoir posément tuméfié le visage au préalable. Les policiers s’apprêtent, au bout de quelques jours, à retourner sur le continent, après avoir recueilli les dépositions nécessaires à la poursuite de l’affaire devant les tribunaux. Lorsqu’arrive le tour de Franza, son témoignage laisse les enquêteurs perplexes. Non seulement refuse-t-elle de charger Ootje, mais elle avoue en outre avoir commis elle-même le crime. Devant ce coup inattendu, la communauté ne sait que penser. Une fois de plus, les policiers n’en demandent pas davantage et s’apprêtent à reprendre leur procédure. Mais Wenz se livre aux policiers avec, dans ses mains, l’arme du crime. Ce n’est qu’après le départ des policiers que Franza explique à Ootje que Moorg avait prêté à Wenz la somme nécessaire pour couvrir les coûts d’un ancien procès, alors qu’il était accusé de vol. Avec le temps, Moorg s’était épris d’elle. Wenz en avait conçu une rage folle à la pensée que Moorg puisse un jour lui ravir sa fille bien-aimée. Pour cette raison, il avait pris Ootje sous son aile dans l’espoir qu’un homme plus jeune agisse comme rival. Mais Franza avait préféré feindre l’attachement envers Moorg afin de protéger son père. Craignant que Moorg ne révèle son secret et, surtout, que Franza ne l’épouse, Wenz avait fini par l’assassiner. Le lendemain, Ootje part à bord d’une barque qui rallie le continent. Il sait déjà qu’il sera le deuxième homme à quitter l’Île Dieu pour y revenir un jour.
– Geoffroy Aulnay – 318 p. – 1994 – Récit écrit dans la plus pure tradition du roman maritime où les nuages lourds courent au-dessus de la grisaille quotidienne, où le calme de la mer n’est qu’annonciateur de tempête. Sous le couvert de la simplicité, l’auteur taille des personnages plus grands que nature dans le cadre d’un récit rappelant la tragédie grecque.
mercredi 9 mars 2022
Compromis tardif
On sait que la guerre en Ukraine a comme cause première la perspective de l'adhésion de ce pays à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Cela était une situation inacceptable pour Moscou qui ne voulait à aucun prix de la présence de cette organisation hostile à la Russie à sa frontière.
Ces derniers mois, Moscou avait à maintes reprises prévenu Kiev, Washington et l'OTAN que cette nouvelle expansion vers l'est ne devait avoir lieu en aucun cas. Pendant toute cette période, ces avertissements ont été dédaigneusement ignorés.
Cette intransigeance a fini par provoquer la réaction russe, avec toutes les horreurs que cela a entraînées. Hier, le président ukrainien, M. Volodymyr Zelensky, a finalement revu sa position. En effet, il aurait tempéré son opinion sur l'adhésion de son pays à l'OTAN «il y a déjà un certain temps».
Dommage qu'il n'a pas avoué cette hésitation le 23 février dernier. On n'en serait pas là aujourd'hui, des milliers de morts trop tard.
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Il vaut mieux un train communiste qu’un train à l’heure !
Peu après la Noël 1952, un chef de gare d’une petite ville de Russie Blanche fait face aux quolibets de ses concitoyens parce que l’unique train à desservir la ville en direction de la capitale est toujours en retard. Vassili, bien que de tempérament doux, demeure extrêmement chatouilleux sur tout ce qui touche le service et sur la bonne réputation des chemins de fer soviétiques. Un soir, alors que le train accuse un retard de plusieurs heures, il entrevoit avec angoisse le sort qui l’attendra le lendemain lorsque les usagers lui feront part de leurs commentaires. Excédé d’avoir à faire face sans broncher à l’acidité des railleries, il décide, sur un coup de tête, de se rendre à Moscou demander des explications. Une fois arrivé à destination, il se présente au directeur sans savoir qu’il porte le même nom que le commissaire responsable du transport ferroviaire pour la région de la capitale. Immédiatement traité avec déférence, d’autant plus qu’il porte un uniforme neuf qu’il a lui-même « décoré » afin de se donner une contenance, il est immédiatement dirigé vers le Kremlin où une conférence importante rassemble les principaux dirigeants moscovites. Il est même mis en présence du camarade Staline, mais ce dernier, qui prépare sa prochaine purge, ne semble pas d’humeur à se faire reprocher ses erreurs, aussi Vassili préfère-t-il jouer le jeu. Il est nommé, bien malgré lui, le conseiller de Staline en matière de transport ferroviaire au grand déplaisir des autres commissaires, le chef de la police en particulier, qui éprouvent bien des difficultés à identifier ce nouveau venu. Alors que la terreur s’installe et que l’éventualité d’une purge devient de plus en plus certaine, un seul garde la confiance du chef suprême : Vassili. Ce dernier entreprend donc de poursuivre ses propres objectifs, c’est-à-dire la régularisation du service ferroviaire. Cependant, ses pressions restent lettre morte. Peu de temps après, Staline meurt au grand soulagement de ses conseillers qui sentaient la menace se préciser au-dessus de leur tête. Alors que les factions se forment afin de se partager l’héritage politique du chef, Vassili se retrouve laissé pour compte lors des tractations. Considéré comme un reliquat de ce qu’on surnomme déjà « l’ancien régime », il se retrouve rapidement isolé. Sa compétence en matière de gestion des chemins de fer étant très tôt remise en question, il se voit offrir un choix clair, mais définitif, par le pouvoir montant : ou bien il renonce de bon gré à son poste, ou bien il se retrouvera à bord du prochain train à destination de la Sibérie. Dans un ultime sursaut, il pose une condition à son départ : que les trains ne soient plus jamais en retard à sa gare. Cette faveur accordée, il croit pouvoir rentrer chez lui l’esprit en paix. Cependant, les quolibets reprennent de plus belle lorsque les trains commencent à arriver en avance.
– Richard Delanney – 352 p. – 1992 – Oeuvre hautement critique d’une certaine rigueur politique, ce roman, extrêmement populaire à sa parution, a trouvé des échos dans tous les milieux à cause de son indéniable objectivité.
mardi 8 mars 2022
lundi 7 mars 2022
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Il ne faut jamais dire j’aimais
Roger et Audrey décident de se quitter. La situation semble particulièrement ambiguë entre eux, surtout au moment où ils comparaissent devant leur avocat respectif, et qu’ils se retrouvent l’un et l’autre incapables de reprocher véritablement à leur ex-conjoint quoi que ce soit de véritablement tangible. En apparence, leur désaffection provient davantage d’une lassitude, d’une espèce d’usure de la vie commune, que d’une véritable incompatibilité. Néanmoins, contre l’avis des avocats et des conseillers matrimoniaux, ils décident de poursuivre les procédures de divorce jusqu’à leur conclusion. Malgré toute leur bonne volonté, il leur faut reconnaître que la passion s’est évanouie dans leur couple et que, sans elle, ils semblent incapables de se reconnaître. Aussi jugent-ils préférable de rechercher auprès d’autres partenaires ce qu’ils n’ont su maintenir entre eux. Au fil des relations décevantes, ils constatent qu’ils échouent constamment avec des personnes qu’ils n’arrivent pas à aimer et qui, finalement, n’offrent pas ce qu’ils retrouvaient chez l’autre. Malgré leurs échecs respectifs, ils n’osent renouer ; leur orgueil ne leur permettant plus de faire marche arrière. Par contre, leurs retrouvailles se multiplient. Au hasard des rencontres fortuites, ils se donnent de plus en plus souvent rendez-vous, au début sous des prétextes fallacieux, puis ensuite ouvertement, pour le simple plaisir de se revoir. Si, au début, ils font preuve d’une certaine pudeur quant à leur vie amoureuse, ils en arrivent à se confier avec une candeur et une ouverture qu’ils ne s’étaient jamais connus, même du temps de leur vie commune. Ils s’avouent ainsi leurs pensées et leurs envies les plus secrètes. Un jour que Roger ne peut se présenter à leur rendez-vous, Audrey rentre inopinément chez elle pour surprendre son conjoint de l'heure au lit avec une femme. À la suite des explications laborieuses qui suivent, elle découvre que la femme n’est nulle autre que la maîtresse « officielle » de Roger. Déçue et profondément blessée, elle s’en ouvre à ce dernier qui lui apprend que, par mesure de vengeance, sa maîtresse lui a tout expliqué. Celle-ci, agacée par l’étrange rapport liant toujours Audrey et Roger, a fait suivre ce dernier par un détective privé. Bien que n’ayant, malgré tout, aucune preuve, elle s’est convaincue de l’infidélité de son amant. Décidée à rendre la monnaie de sa pièce à Roger, elle a pris contact avec le conjoint de sa supposée rivale. Ainsi, ensemble, ils ont décidé de se venger de la manière la plus immédiate et la plus primaire possible. Les deux protagonistes, choqués par cet ultime désastre amoureux, qui ne représente rien d’autre à leurs yeux que l’aboutissement de leur propre incurie, décident alors de renouer afin de se garantir une dernière chance de bonheur.
– Tamarra Lavant – 202 p. – 1996 – Roman d’une grande sensibilité, laquelle n’exclut pas une certaine verdeur dans les descriptions des nombreuses scènes licencieuses, cette oeuvre n’hésite pas à questionner le rapport amoureux dans ce qu’il compte de plus intime.
dimanche 6 mars 2022
C'est (re)commencé hier
L'entreprise de révisionnisme est désormais lancée. En effet, il y avait une affirmation de Vladimir Poutine, qui avait eu un certain écho en Occident, lorsqu'il avait établi comme l'un de ses buts de guerre la tâche de dénazifier l'Ukraine.
Dès lors, il devint essentiel d'atténuer – voire nier – la présence de néonazis au sein des forces armées et du gouvernement de ce pays. Ainsi, dans un article publié par le quotidien Le Soleil de Québec, hier*, M. Dominique Arel, de l'Université d'Ottawa – et néanmoins mal renseigné –, explique qu'il n'y a pratiquement pas de néonazis en Ukraine.
Effectivement, selon lui, il existe le bataillon Azov, de sinistre mémoire certes, mais ce dernier ne représente qu'une infime fraction de l'armée de Kiev. Cependant, pourrait-on lui objecter, cela ne prouve en rien que, prise dans son ensemble, elle ne compte pas dans ses rangs quantité de partisans de l'extrême droite. N'en trouve-t-on pas dans l'armée yankee et aussi dans celle du CAnada, entre autres?
Et que dire de toutes ces manifestations d'appui au gouvernement où l'on arbore des drapeaux couverts de symboles nazis? Il semble bien qu'il n'y ait pas que les militaires, dans ce pays, qui ont des penchants fascistes. D'ailleurs, quel régime véritablement démocratique tolérerait la présence d'unités ouvertement nazies dans son armée?
Comme pour appuyer son argumentaire, M. Arel précise que, durant la Deuxième Guerre mondiale, l'Allemagne nazie avait comme programme la totale sujétion des populations ukrainiennes, de sorte que l'extrême droite ne trouverait pas dans ce pays de terreau fertile. Comment expliquerait-il, alors, l'existence d'une division de SS constituée exclusivement d'Ukrainiens**?
Fort heureusement pour M. Arel, les atrocités commises par la 14e division Galizien ont été «blanchies» par le rapport Deschênes, en 1986.
Décidément, au CAnada, le révisionnisme ne date pas d'hier.
** https://fr.wikipedia.org/wiki/14e_division_SS_(galicienne_no_1)