samedi 21 mai 2022

Restez-y!

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Quoiqu'il se présente comme un pays moderne, le CAnada demeure ancré dans ses habitudes d'un autre temps. Il en est ainsi de la fameuse prière à la Chambre des Communes. D'aucuns affirmeront que cette prière peut être faite par chaque personne en fonction de sa propre religion. Fort heureusement d'ailleurs, car s'il fallait que toutes les religions dussent être honorées par une prière, les parlementaires n'accompliraient jamais rien.


Dès lors, on se demande un peu quelle est leur excuse...


Mais pour en revenir à la prière individuelle, qu'en est-il de ceux qui ne croient plus, eux qui sont très probablement la seule véritable majorité en chambre actuellement? N'est-ce pas une forme de coercition que de les obliger à faire semblant de s'adresser à un être suprême alors que, au fond de leur cœur, ils ont l'impression de parler dans un téléphone déconnecté?


Des regroupements appuyant la laïcité ont profondément déploré que la prière soit maintenue en début de séance. C'est sans doute regrettable. Je ne puis que leur conseiller d'adopter une prière de circonstance, comme le Pater Noster que Jacques Prévert avait proposé, il y a très longtemps: «Notre Père qui êtes aux cieux, restez-y.»




vendredi 20 mai 2022

L'âge Anglade

 


Montréal vue du sol

 


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Le paparazzo


Marco est un photographe d’art qui éprouve bien du mal à vivre de son talent. Les galeries et les revues spécialisées se font tirer l’oreille pour prendre ses réalisations qui, pourtant, sont généralement bien accueillies par la critique. Il réussit à se faire embaucher par un photographe professionnel qui se cherche un assistant et qui le connaît de réputation. Son nouveau patron est spécialisé dans la photographie de personnalités ; il s’agit en fait d’un de ces paparazzis qui suivent à la trace les visages connus dans l’espoir de les saisir dans des situations compromettantes. Marco s’attelle à ses nouvelles fonctions sans grand enthousiasme, persuadé de gâcher son talent. Les seules personnes qui l’encouragent dans cette voie sont sa fiancée, avec laquelle il vit, et Ludovic, un des contacts de son nouveau patron, un « rabatteur » avec lequel il s’est lié d’amitié. Un soir, Ludovic amène Marco à une « fête privée » où, espèrent-ils, ils pourront prendre d’intéressants clichés. En errant dans la villa où ils se sont introduits, ils débusquent un groupe, hommes et femmes confondus, qui ont trouvé le moyen de se divertir entre adultes à l’écart du reste de la fête. Marco profite de l’occasion pour mitrailler la scène en s’assurant de photographier toutes les personnes présentes. Le lendemain, il entreprend de développer ses photos avec l’aide de sa fiancée, n’osant pas se servir du laboratoire de son patron de peur des yeux indiscrets. Bien lui en prend, car il découvre, parmi le monceau de corps imbriqués, un ministre et un conseiller influent du gouvernement. Indécis, Marco ne sait quel parti prendre, mais sa fiancée l’encourage à publier ses photos sans tarder. Se rendant à la justesse des arguments, il met les photos en lieu sûr et monte un dossier qu’il fait parvenir aux principaux quotidiens de la capitale. Sa démarche étant restée sans écho, il s’adresse ensuite aux autres journaux, puis aux hebdomadaires et, enfin, aux agences de presse, sans plus de résultats. Comprenant enfin qu’une consigne du silence frappe le monde de la presse écrite, il se décourage. Même Ludovic, après un temps, lui conseille d’abandonner. Seule sa fiancée le pousse à poursuivre. Enfin, à force d’acharnement, il réussit à intéresser une chaîne de télévision privée qui accepte de diffuser les photos dans le cadre d’un reportage plus vaste sur la corruption du gouvernement. Lorsque le producteur lui demande d’identifier toutes les personnes figurant sur les photos, Marco remarque une des femmes présentes à la « fête » qui ressemble étrangement à sa fiancée. Mise devant les faits, celle-ci finit par avouer que seul un scandale politique pouvait lui permettre d’échapper à cette existence sordide.


 – Pascal Hecto – 400 p. – 1998 – À la fois épigramme du monde politique et apologie du talent artistique brimé, ce roman sulfureux et haletant combine subtilement le suspense et la remise en question individuelle.

jeudi 19 mai 2022

Inflession



Avec l'inflation qui menace d'entraîner une récession, l'avenir économique s'annonce sombre. Mais qu'on se rassure, ce genre de crise est toujours particulièrement bénéficiaire aux super-fortunés qui trouvent le moyen de s'enrichir encore davantage par quelque moyen spéculatif dont ils ont le secret. 


Sans compter que, au besoin, leurs serviteurs qui occupent le pouvoir politique, dans le pire des cas, peuvent toujours les tirer d'embarras si les choses devaient mal tourner. À preuve, souvenez-vous de l'année 2008.


Bref, la catastrophe annoncée ne peut être totale puisqu'il y aura 1 % de la population qui s'en tirera très bien.


Ouf! ça rassure!

 

mercredi 18 mai 2022

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Le pancréas amoureux


Denis est un homme tout à fait normal exception faite d’une condition particulière qui a mystifié le corps médical et, au sein de leurs restreints arcanes, lui a apporté une renommée dont il se serait effectivement bien passé : pour une raison inconnue, le siège de ses émotions se situe dans son pancréas plutôt que dans son coeur. Au début, la chose l’avait surpris, mais comme, de toute façon, l’amour est un sentiment universel, il vint à l’idée de Denis que, quel que soit l’organe qui ressent l’amour, l’important était d’être heureux. Un jour, à une soirée où des amis l’ont invité, il fait la connaissance de Diane, qui travaille elle aussi dans le domaine des assurances et qui adore comme lui la cuisine italienne. La complicité qui s’établit entre eux dès les premiers instants est remarquée par les gens présents à la soirée. Aussi personne n’est-il surpris d’apprendre que Denis et Diane se voient maintenant régulièrement. En quelques semaines, il est devenu éperdument amoureux de Diane et leurs séparations lui coupent littéralement l’appétit tellement elles lui pèsent, à lui et à son pancréas. Évidemment, tout son rituel amoureux, maintenant qu’il est décuplé par la passion dévorante qui l’habite, prend parfois des allures étranges étant donné que, inconsciemment, la prééminence de l’organe par lequel l’amour est ressenti apporte une touche assez particulière aux manifestations d’affection. Si Diane ne semble pas s’en formaliser outre mesure, elle est par contre hautement incommodée par l’intensité du sentiment que Denis lui manifeste. Incertaine quant au sien, elle préfère rompre plutôt que de feindre une réciprocité amoureuse dont elle ne se sent pas capable. Un soir, elle lui apprend son désir de rompre. Incrédule d’abord, Denis exige des explications que Diane, malgré toute sa bonne volonté, ne parvient pas à verbaliser clairement. Le lendemain, après une nuit cauchemardesque, il se réveille fiévreux, le corps scié par une effroyable douleur aux entrailles : il a le pancréas brisé. Pendant des mois, son médecin, en compagnie de spécialistes et de collègues qualifiés, tente de le soigner, mais c’est peine perdue. En désespoir de cause, les docteurs, à la suite des échecs répétés de tous les traitements, songent sérieusement à l’ablation pour le malheureux jeune homme qui ne parvient même plus à se nourrir. Alors que le spécialiste s’apprête à annoncer la mauvaise nouvelle à Denis, il lui présente sa nouvelle assistante. Le coup de foudre qui s’ensuit remet immédiatement le malade sur pied. Mais il doit constater désormais, à son grand dam, qu’il n’arrive plus à digérer la cuisine italienne.


 – Julie Laffisch – 402 p. – 1997 – Fable amusante où l’auteur n’hésite pas à prendre de grandes libertés quant à l’anatomie humaine, tout en conférant à ses théories un lustre de cohérence qui convainc malgré tout le lecteur. C’est avec une grande sensibilité qu’est exploitée la symbolique originale et particulière de l’oeuvre.

C'est du Joly! (ter)

* russe

**ukrainien

 

mardi 17 mai 2022

Plus ça change...


 

lundi 16 mai 2022

«Respect» doit être pareil dans les deux langues




Le gouvernement de François le Gault* a finalement déposé son projet de loi 96, vous savez, celui qui suggère gentiment de faire un léger effort pour promouvoir la langue française dans la province de Québec. Entre autres, il y est question de dispenser des cours de français obligatoires au niveau collégial et d'offrir en priorité les services gouvernementaux dans cette langue.


On comprend que les anglophones de la province, incluant la communauté mohawk, se soient récriés vertement devant de tels abus qui risquent de nuire à la réussite scolaire. Dans un même souffle n'est-il pas répété que la maîtrise de la langue anglaise chez les francophones est un facteur de succès? On aura facilement compris que, lorsqu'il est question d'intolérance, la logique n'a pas voix au chapitre. Surtout pas en anglais.


Bref, un nouveau débat linguistique s'ouvre au Québec, alors que les anglophones exigent plus de respect à l'endroit de leur communauté; ce même respect qu'ils ne semblent pas disposés à témoigner pour leur part.


La manifestation était organisée par le Quebec Community Groups Network et la Quebec English School Association, entre autres. C'est la preuve que la francisation va beaucoup trop loin au Kwybek.





* Le gault, ou argile de Gault (dite parfois «argile albienne»), est une formation d’argile raide de teinte gris-bleu à gris foncé, qui s'est déposée à profondeur moyenne dans des eaux marines calmes, au cours du Crétacé inférieur. [… Il] contient souvent des nodules phosphatiques en grande quantité, dont une partie est classée comme coprolithes, c’est-à-dire un excrément minéralisé, fossilisé (https://fr.wikipedia.org/wiki/Argile_du_Gault).

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Otto Mattick ment


Otto Mattick est boulanger dans une modeste ville de province. Dévoré par une ambition presque sans bornes, il a développé des recettes de pain particulièrement savoureuses qui, escompte-t-il, feront immanquablement sa fortune. Mais, si fortune il y a, il ne peut espérer la réaliser dans sa ville natale. Aussi, un matin, décide-t-il de plier bagage et de se lancer à l’aventure dans la capitale où, il en est persuadé, il n’aura aucune difficulté à se tailler une place. D’abord trop sûr de lui, il se fait engager dans des boulangeries où il tente par tous les moyens d’imposer ses recettes et ses idées. Ne réussissant qu’à s’aliéner ses collègues et ses supérieurs, il vivote d’un emploi à un autre. Dépité, désillusionné, il finit par se contenter d’un travail de simple boulanger dans un établissement méconnu de la proche banlieue où il besogne nuit après nuit, ayant progressivement abandonné ses rêves. Le seul moment où il se permet encore de grandioses ambitions, toutes fictives, est dans l’abondante correspondance qu’il entretient avec ses anciens amis. Véritable roman-feuilleton, ses lettres font état d’extraordinaires succès où, prétend-il, il est rapidement devenu le magnat de la fabrication et de la distribution du pain. Il n’hésite pas à utiliser la réalité afin d’alimenter sa fiction, prenant à son compte de véritables fusions entre les grandes boulangeries de la capitale. Son seul luxe étant de se payer du papier à en-tête de qualité, il n’a aucune difficulté à donner le change. Mais, un matin, en rentrant chez lui après une harassante journée de travail, il trouve une lettre du maire de son ancienne ville qui lui annonce sa venue. Incapable de cacher la vérité plus longtemps, il se résout à accueillir le maire et deux de ses conseillers dans son très modeste appartement. La déconvenue des édiles est grande : ils espéraient demander de l’argent à Otto afin de faire rénover la mairie. Or, le maire ayant engagé sa réputation et sa réélection dans l’accomplissement des travaux de rénovation, il n’a d’autre choix que de tenter, avec la dernière des énergies, de trouver l’argent. Exigeant d'Otto qu’il dépoussière ses recettes miracles, il entreprend de battre la campagne. À la suite d’un concours de circonstances, le maire se retrouve à un dîner officiel assis aux côtés d’un critique gastronomique bien connu. Il parvient à attirer l’attention du critique sur l’art d'Otto. Devenu du jour au lendemain un artisan-boulanger très couru, Otto fonde sa propre boulangerie grâce à un emprunt contracté sur les garanties du critique qui est devenu en même temps un ami. Lorsque son bienfaiteur revient lui demander une aide pour la réfection de la mairie, Otto Mattick semble quelque peu réticent.


 – Alice Capitte – 294 p. – 1993 – L’auteure a développé pour cette oeuvre très originale, une structure narrative extrêmement développée, et pourtant facilement accessible pour n’importe quel lecteur.

dimanche 15 mai 2022

Sang bleu et jaune pisse

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Probablement que la raison pour laquelle l'Occident muselle la propagande russe le plus possible, c'est qu'il veut que la sienne occupe toute la place. Ainsi, il faut «blanchir» les couleurs ukrainienne afin de donner un sens favorable à la crise présente.


Il est vrai que, hors du contexte de décolonisation, la frontière entre patriotisme et droite – potentiellement extrême – est toujours ténue. À tel point que, de nos jours, lorsqu'il est question de nationalisme quelque part en Amérique du Nord, par exemple, on n'hésite pas à subodorer une forme ou une autre de fascisme. Il est vrai que les gens sont très mal renseignés depuis qu'ils ont un accès facile, via Internet, à toute l'information du monde. Or, ce dénigrement sur la base du nationalisme n'est pas appliqué dans tous les contextes. Tout dépend des intérêts propres aux élites qui nous gouvernent.


Au final, combien parmi ceux qui arborent aujourd'hui des étendards bleu et jaune savaient ce qu'était l'Ukraine avant qu'on en fasse un faux drapeau de liberté et de démocratie?