samedi 19 septembre 2015

vendredi 18 septembre 2015

Le cœur et l'ouvrage




Disert comme toujours, le volubile maire de Montréal, le distingué Denis «de poule» Coderre a eu un bon mot, dernièrement.

Il devisait habilement sur la question des travaux de voirie qui semblent se multiplier d'année en année, au point où la circulation – fût-elle à vélo – devient pratiquement impossible sur certaines artères, et pas toujours des moindres.

Subodorant une vague grogne, peut-être, il s'est courageusement avancé au-devant des critiques et n'a pas manqué de calmer le jeu grâce à l'un de ses distingués aphorismes, lesquels, depuis toujours, ont largement contribué à sa réputation.

Alors qu'il s'adressait à un auditoire choisi formé d'ingénieurs et de spécialistes des partenariats publics-privés (quel hasard, tout de même!), il a mentionné, en ayant le grand courage de s'écarter de son texte, que Montréal «va être écœurante dans trois ans». Mais qu'il fallait, dans l’intervalle, s'armer de patience. Le temps que les PPP s'en mettent plein les poches? On ne saurait dire…

Montréal sera «écœurante» dans trois ans?

La Ville a pris de l’avance: les Montréalais sont déjà écœurés.

mardi 15 septembre 2015

Derrière le Barreau


Après un long et lancinant battage qui a fait tremper dans la controverse tout l'appareillage du Barreau, cette vénérable institution regroupant les éléments les plus brillants et les plus intègres de la société, c'est-à-dire les avocats, l'affaire de la bâtonnière Lu Chan Khuong en est venue à sa conclusion finale.

On se souviendra que toute l'histoire avait commencé quand Mme Khuong avait été soupçonnée, à tort bien entendu, de vol à l’étalage. 

Elle avait présenté à la caisse d'une boutique de vêtements des pantalons à bas prix – achetés dans une autre succursale de la même chaîne –, alors qu'elle en avait essayé des semblables beaucoup plus coûteux, lesquels, par pure distraction il va sans dire, elle avait glissés dans un sac qu'elle avait apporté dans la cabine d'essayage. Qui songerait à trouver à redire? N'avons-nous pas tous coltiné des vêtements neufs et encore étiquetés hors de chez nous avant d'aller en acheter d'autres?

Comme tout un chacun l'aurait fait à sa place, elle avait négligé de vérifier le prix qu'on lui demandait, de sorte qu'elle n'avait jamais réalisé qu'elle sortait de la boutique en ayant payé une somme dérisoire pour des vêtements de luxe. De luxe ou pas, tous ces pantalons étaient à peu près du même genre, de la même coupe et de la même couleur. Quoi de plus normal? Qui ne déteste pas la variété vestimentaire?

Donc, les faits plaidant en sa faveur, la chaîne de boutiques avait à juste titre renoncé à porter plainte. Le conseil d'administration du Barreau, craignant peut-être que le public ne s'émeuve de l'histoire qui était demeurée totalement ignorée jusqu'alors, avait décidé de suspendre Mme Khuong.

Après un échange de menaces de poursuites, les deux parties en sont venues à une entente. Le Barreau accepte de maintenir «dans la mesure du possible» les politiques mises de l'avant par Mme Khuong et cette dernière remet sa démission. 

Bref, tout se termine à l'avantage des parties en cause. À commencer par nous-mêmes qui nous sentions tellement concernés par toute cette histoire absolument capitale.

lundi 14 septembre 2015

Drôle d'odeur


Les accords de Schengen ont été signés en 1985 par des membres de la Communauté économique européenne, l'ancêtre de l'Union européenne. Ils prévoyaient l'abolition des frontières afin de faciliter la circulation des biens et des personnes. Avec la création d'une monnaie commune – l'euro – la ratification des accords de Schengen a constitué le moment fondateur de l'Europe unie telle qu'on l'idéalisait à l'époque.

Or voici que, coup sur coup, deux événements majeurs viennent ébranler la construction européenne. D'abord, la crise grecque qui est venue bien près d'amener le retrait d'un membre de l'«espace euro» et de mettre en péril la monnaie commune. Ensuite, celle à laquelle on assiste présentement, celle des migrants qui affluent en tel nombre que même les pays les plus riches de l'Union – l'Allemagne, en fait – sont obligés de recourir à des mesures d'exception, comme par exemple boucler leurs frontières à double tour. 

Il s'agit de la suspension unilatérale des accords de Schengen, un geste à la suite duquel il ne pourra plus y avoir de retour en arrière. Désormais, dans les faits, l'Union européenne n'est plus pérenne; elle n’existe plus qu'au gré des circonstances.

Ce qu'il est amusant de constater, c'est que c'est justement un flot anormalement élevé de réfugiés ayant quitté l'Europe de l'Est – via la Hongrie et l'Autriche, déjà... – qui avait précipité la chute du socialisme, en 1989. D'ailleurs, des pays européens parlent déjà de construire un mur à leur frontière dans l'espoir de contenir la marée humaine qui se précipite vers eux.

Étrange que ceux qui avaient applaudi la fin du Mur de Berlin, il y a un quart de siècle, soient silencieux sur ce point, aujourd'hui. 

Ça sentirait la fin de règne que je ne serais pas surpris.