Un
article publié dans le quotidien La
Presse – une publication qu’on ne peut certes pas accuser de tendance
gauchiste – du 6 juin dernier remet en cause toute la question des mirobolantes
retombées économiques du soi-disant Grand Prix de formule 1 de Montréal.
Selon
l’éternellement probe ministère des Finances du Québec, ledit événement assure
des retombées économiques de l’ordre de plus de 89 millions $ chaque fois qu’il
sévit dans la métropole. Mentionnons tout de go que ce chiffre provient d’une
étude qui n’a jamais été publiée par le Ministère et que personne ne dispose du
moindre indice quant aux méthodes de calcul utilisées.
Ce
qu’on sait avec certitude, par contre, c’est que les divers paliers de
gouvernement versent aux organisateurs 15 millions $ par séance de vroum-vroum
nauséabond et reçoivent en échange des redevances faramineuses de l’ordre de 4
millions $. On voit tout de suite pourquoi les commerçants tiennent mordicus à
ce que les gouvernements fassent des pieds et des mains pour retenir ce cirque
chez nous.
Là où
le bât blesse davantage, c’est qu’un étude sérieuse sur les retombées
économiques d’un événement comparable, le Grand Prix de Melbourne pour ne pas
le nommer, a été menée dans les règles de l’art, celle-là, et que ses
conclusions jettent une douche froide sur le pot d’échappement du discours
admis. Montréal et Melbourne étant des villes comparables sur le plan de la
population et de l’affluence, il est tout à fait permis de penser que les retombées
économiques sont équivalentes. Or, en Australie, les retombées sont de l’ordre
de moins de 33 millions $, à peine plus que le tiers que ce que prétendent les
sommités gouvernementales.
Un
fois que l’on retranche les 10 millions $ de manque à gagner entre les
contributions gouvernementales et les redevances encaissées, il resterait à peu
près 23 millions $ de retombées véritables.
Mises
à part la rue Crescent et quelques grandes chaînes hôtelières, je ne vois pas
qui bénéficie de cette «manne». Pas nous, en tout cas, surtout si on pense que,
de par leur caractère international, lesdites chaînes hôtelières envoient immanquablement
une large part de leurs profits à l’étranger.
Bref,
si certaines personnes, comme M. Peter Sergakis s’agitent à la pensée que
Montréal puisse un jour – pas très lointain – perdre son Grand Prix de la
pollution atmosphérique et sonore, personnellement, ça ne m’empêcherait pas de
dormir.