samedi 1 janvier 2022

Franc soi


 

La minorité que l'autorité lamine

 


vendredi 31 décembre 2021

Catalogue

 


Débine et Reviens


Un cynophile solitaire décide un jour de satisfaire sa passion et s’achète, à fort prix, deux chiens de race parfaitement identiques et de même sexe, car, habitant une grande agglomération, il ne peut se livrer à l’élevage. Afin de les différencier, il leur trouve des noms correspondant à leur caractère. L’un d’eux manifestant une totale indépendance, tandis que l’autre ne quitte pratiquement jamais son maître, il les nomme respectivement « Débine » et « Reviens ». Très tôt, cet homme, que la vie ennuie au plus haut point, commence à se trouver des points d’intérêt en compagnie de ses deux bêtes. Auparavant uniquement préoccupé de son travail, que d’ailleurs il trouve assommant, il commence à s’intéresser à quantité de choses. Il découvre peu à peu la beauté des jardins de sa ville ; il cherche les bouchers les moins chers et explore par le fait même des quartiers typiques qu’il ne connaissait pratiquement pas jusque-là ; il se lie d’amitié avec les commerçants à tel point qu’il fait connaissance de la coiffeuse de son quartier, qui partage la même passion pour les chiens que lui, et de cet intérêt commun naît une charmante idylle. Toutes ces nouveautés le distraient si bien qu’il en vient à négliger son travail. Après un temps, il finit par se retrouver au chômage. Malgré l’appui apporté par ses nouveaux amis, il arrive de plus en plus difficilement à subvenir à ses besoins et à ceux de Débine et Reviens. Malgré les avis de son entourage, il s’entête à garder auprès de lui les deux animaux qui lui ont apporté tant de bonheur, négligeant même de se nourrir et de se vêtir convenablement afin d’assurer au mieux l’entretien de ses bêtes. Malgré sa détermination, alors qu’il en est rendu à la toute dernière extrémité, il ne peut plus surseoir à l’inévitable : il doit se départir d’un de ses animaux au profit d’un éleveur qui le harcèle depuis un certain temps, véritable figure de la tentation. Mais son dilemme n’est pas résolu pour autant, car il n’arrive pas à choisir quelle bête pourra rester. Après une longue méditation où l’hésitation torturante vient bien prés de venir à bout de sa raison, il décide de vendre Reviens à l’éleveur dans l’espoir chimérique que l’animal, obéissant à ses instincts premiers et à son nom, finisse par retrouver le chemin de sa maison. Effectivement, l’un des animaux obéit à l’injonction qui est implicite dans son nom, mais il s’agit de Débine, qui s’enfuit. Au bout de quelques mois, alors que l’homme a pu refaire sa vie, il entend un grattement à la porte de sa maison en pleine nuit. Il se lève, le coeur battant, afin d’aller ouvrir. Lorsque la porte laisse entrer un chien, il reconnaît ce dernier : il s’agit de Reviens qui a retrouvé le chemin de sa maison et qui, selon toute évidence, attend une portée de chiots.


 – Basile Ébault – 320 p. – 1988 – Véritable plaidoyer pour la zoothérapie, ce roman met en scène des animaux dont le rôle polymorphe symbolise à la fois la recherche du bonheur et l’espoir en l’avenir. Oeuvre riche et touffue qui ne doit surtout pas être prise au premier niveau, on y dénote, même aux temps les plus noirs, une farouche joie de vivre.

jeudi 30 décembre 2021

Course à l’espace

 



Depuis la calamiteuse présidence de Donald Trompe, la nouvelle administration yankee cherche à réparer nombre de pots cassés. 


C’est ainsi que de difficiles discussions ont repris sur la question du nucléaire iranien. L’obstacle principal, ici, étant que Washington, en se retirant sans raison valable de l’ancien accord, a démontré à Téhéran que sa parole ne valait pas plus que sa signature. Aussi, les Stazunis doivent-ils, dans ce contexte particulier, convaincre de leur bonne foi, ce qui est déjà ardu en temps normal.


Entre-temps, les Iraniens ont lancé une fusée devant placer en orbite «trois appareils de recherche spatiale». Il n’en fallait pas plus pour que tout l’Occident ait ses vapeurs. En effet, qui dit «fusée» peut vouloir dire «missile» et ce dernier mot, alors qu’il est question de nucléaire, inquiète toutes les chancelleries inféodées à l’empire yankee.


Or, il est fort possible que, tout simplement, l’Iran ait décidé de se lancer dans la course à l’espace.


Celui de négociation.


mercredi 29 décembre 2021

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La cruche du détroit de Lancastre


Le détroit de Lancastre est le passage du nord-ouest que les explorateurs ont recherché en Amérique du Nord depuis les débuts de l’exploration du continent. La tradition veut que, au point central du détroit, sur l’une des rives, l’un des premiers navigateurs à y passer ait laissé là une énorme tourie dans laquelle les navires qui prennent le temps de s’y arrêter déposent un message. Maurice Bart est un capitaine de la marine française qui, après avoir combattu pendant les deux guerres, a été mis à la retraite pour raisons de santé. Acceptant mal ce repos forcé, il a obtenu, par le biais de faveurs spéciales, un poste de capitaine à bord d’un vieux cargo aux commandes duquel il traverse régulièrement l’océan Atlantique entre la France et les États-Unis. Marin exceptionnel, le capitaine Bart se double d’un polyglotte et d’un écrivain dont les oeuvres sont demeurées sans écho auprès des éditeurs. Alors que l’âge cette fois le contraint à envisager de trouver définitivement refuge sur la terre ferme, il apprend de l’armateur que son navire lui aussi est condamné à être retiré du service. Entrevoyant avec angoisse la fin de sa carrière, il se prépare pour un ultime voyage en mer. L’équipage perçoit chez lui des signes de nervosité au moment de l’appareillage, signes qui vont en se multipliant au cours de la traversée. Même si le voyage se déroule sans encombre véritable, le capitaine demeure irritable et méfiant, passant toujours plus de temps sur la passerelle, vérifiant et revérifiant sans cesse le cap, gardant un oeil sur les communications par radio. Un jour, l’officier en second réalise que le navire a changé son cap de l’ouest vers le nord-ouest. Bart prend sur lui de le rassurer et lui affirme que l’armateur lui a transmis l’ordre durant la nuit précédente de faire route selon les nouvelles coordonnées. Les jours passent et le doute s’installe au sein de l’équipage. N’ayant plus le choix, Bart doit expliquer qu’il veut être le premier homme à consigner le contenu de la cruche du détroit de Lancastre et d’en publier les textes pour les générations futures. Il soudoie les hommes et s’assure de leur collaboration pour mettre cap sur le détroit. Arrivé à destination, Bart recueille précieusement les rouleaux de papier, dont plusieurs, très anciens, s’effritent au toucher. Son travail lui prend toutes ses journées et, complètement absorbé, ne réalise pas que l’hiver approche et que le cargo risque fort de se retrouver emprisonné par la banquise. Alors que son travail s’achève, l’équipage décide de passer outre à ses ordres et d’appareiller. Seul contre tous, Bart abat l’officier en second, le seul homme, à part lui-même, capable de guider le navire hors du détroit sans danger.


 – Marin Delisle – 364 p. – 1991 – Emporté par le souffle des grandes aspirations humaines, et alimenté par des méditations oniriques arrachées au passé, ce roman prend toute son ampleur dès le moment où l’individu se trouve confronté à l’épreuve.

mardi 28 décembre 2021

Rengaine ta rengaine

 



Après la gabegie des masques, les recommandations contradictoires, la distanciation sociale, le confinement, le couvre-feu et cet incessant battage vaccinal, voici qu’on en apprend de bien bonnes.


De un, le fameux vaccin qui devait, dès 2021, enrayer la contagion et nous permettre – enfin – un retour à la normale, fonctionne moins bien que prévu, surtout contre les variants; en particulier l’omniprésent Omicron.


De deux, comme l’affirme mon pote Edmundo depuis le début de cette triste saga, il appert que la meilleure protection contre la Covid, en plus du vaccin, c’est d’attraper la maladie. Évidemment, comme les experts ne savent que dalle, on ignore si ce principe, pourtant évident, s’applique également à ceux qui, dans le passé, ont été asymptomatiques.


Bref, après pratiquement deux années passées à pédaler dans la semoule, les experts sont sur le point d’en arriver au constat qu’il faudrait peut-être tout simplement laisser le champ libre à la Covid-19 afin que la population s’immunise par elle-même, comme l’humanité le fait depuis ses débuts.


Une chose est certaine, le constat d’impuissance caractérisant nos décideurs en la matière finit par lasser; tout comme leurs recommandations vides de sens dont l’itération monotone sonne comme une rengaine de moins en moins supportable.


lundi 27 décembre 2021

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 Le Coutel étrillé


Dans un village breton du XVIIIe siècle, les paysans vivent dans des conditions difficiles. Non seulement la terre rend-elle mal depuis quelques années, mais la rapacité seigneuriale n’a jamais été aussi grande. Jean le Coutel, fils de paysan, est un gaillard qui, comme tous les jeunes de son âge, est hâbleur et ne cesse de prêcher à qui veut l’entendre de ce qu’il convient de faire avec un releveur d’impôts. Inévitablement, ce dernier finit par revenir dans le village. Il se plaît à diminuer les paysans, expliquant que s’il passe si tôt après les récoltes, c’est pour éviter que « Jacques Bonhomme (surnom autrefois attribué aux paysans) n’aille boire le produit de sa terre avant qu’il n’ait payé son dû ». Le mauvais mot écorche bien entendu au passage les susceptibilités des censitaires, qui ont la bonne idée de faire mine d’en rire. Mais Jean, encouragé par les fanfaronnades de sa suite, et houspillé par les honnêtes payeurs d’impôt, prend la mouche. La discussion s’envenime à tel point qu’il tire le grand couteau auquel il doit son surnom et en frappe le releveur qui, en dépit de son titre, reste par terre raide mort. Ayant désormais sa tête mise à prix, Jean devient un fugitif qui doit échapper à la justice tant seigneuriale que royale. En guise de punition pour une complicité qu’il n’a pas accordée, le village ploie maintenant sous un fardeau fiscal qui a doublé afin d’amasser le montant de la récompense devant être versé pour la capture de Jean. Sous une telle charge, le souvenir de Jean n’est certes pas vénéré et c’est avec une joie sourde que l’on accueille, au fil des saisons, les rumeurs voulant que l’on ait capturé le malandrin, sans que jamais personne ne réclame la récompense. Au bout de quelques années, alors que le courroux seigneurial s’est apaisé, un inconnu fait son apparition au village. Un homme de guerre, dit-il, qui recherche un pays où finir ses jours. L’inconnu, appelé maître Grégoire, se gagne graduellement l’estime et le respect de tout le village. Mais le souvenir du meurtre s’entête à remonter à la surface et, tout aussi sûrement, les villageois finissent par reconnaître en maître Grégoire nul autre que Jean le Coutel lui-même. La rumeur parvient aux oreilles du seigneur qui fait arrêter, juger et pendre Grégoire. Plusieurs années plus tard, alors que la Révolution a chassé le seigneur et remplacé l’autorité royale par celle de la toute jeune république, un nouveau releveur d’impôt fait son apparition. Mais lorsque le releveur s’installe à son banc sur la place du village, les plus vieux reconnaissent en lui, sans l’ombre d’un doute, Jean le Coutel, moins étrillé que d’aucuns ne l’avaient cru.


 – Noël Lepairre – 422 p. – 1991 – Ce roman est, des dires mêmes de l’auteur, le fruit d’une longue et patiente recherche dont le but était de cerner le plus précisément possible la vie rurale franco-bretonne du XVIIIe siècle. La précision de la reconstitution historique constitue sans doute l’ingrédient déterminant quant au succès de l’oeuvre.