Le gars zoïle
Bertrand est un jeune homme de famille qui, pour des raisons nébuleuses, a décidé un jour d’habiter un quartier populaire. Ses mobiles semblent assez difficiles à saisir et il est permis de penser que sa décision tient à ce qu’il voulait d’abord et avant tout contrarier ses parents, industriels aisés de la proche banlieue. Ce n’est certes pas son engouement pour ce genre de milieu qui l’attire. Pas s’il faut en juger d’après son attitude envers ses voisins et les marchands des alentours. Dans ses bons jours, il traite tout un chacun avec un mépris hautain et une arrogance sans réplique. Par contre, lorsque son humeur se chagrine, il devient littéralement insupportable, n’hésitant pas à invectiver des inconnus sur le trottoir, simplement parce qu’ils ont l’outrecuidance de passer sous ses fenêtres. Il va sans dire que le voisinage goûte assez peu le jeune homme et, très tôt, le vide se crée autour de lui. Cela ne suffit pas à adoucir ses manières, bien au contraire. Un soir, alors qu’il rentre du cinéma en maugréant, il est accosté par une bande d’adolescents masqués qui s’amusent à le bousculer et à faire étinceler sous ses yeux des lames de couteau. Convaincu qu’on veut l’assassiner, Bertrand « échappe » à ses agresseurs qui, du reste, ne le retiennent pas, et réussit à trouver refuge dans une conciergerie où il est recueilli par Nicole, une secrétaire dans la quarantaine. Impressionné par la douceur de cette femme, Bertrand cherche, les jours suivants, à la revoir. Mais, si les horaires réguliers de Nicole permettent de prévoir facilement les moments où il pourrait la croiser « par hasard », il n’est pas aussi facile d’éviter de se faire remarquer. En effet, soucieux de ne pas donner prise au qu’en-dira-t-on, Bertrand invente quantité de prétextes non seulement pour donner le change à sa nouvelle amie, mais aussi à ses voisins qui ne peuvent que remarquer son manège. À tel point qu’il reçoit un matin une lettre anonyme où son correspondant inconnu le raille de ses cachotteries qui, apparemment, n’ont échappé à personne. Mortifié d’avoir ainsi été découvert, il se met à enquêter parmi son entourage afin de savoir qui peut bien être son mystérieux imprécateur. Parallèlement, il fréquente de plus en plus assidûment Nicole, si bien qu’une véritable idylle naît entre eux. Entre-temps, les missives anonymes se font de plus en plus rares. Concurremment, Bertrand se surprend à découvrir avec plaisir ces gens qu’il traitait si mal et qu’il méprisait à tort. Un soir, alors qu’il est couché avec Nicole, celle-ci lui récite à l’oreille un étrange poème sans lui donner d’explications. Le lendemain, en rentrant chez lui, il découvre une autre lettre mystérieuse où figure mot à mot cet étrange poème.
– Adhémar Siain – 300 p. – 1992 – Véritable hymne à l’amour, ce roman décrit avec une verve peu commune comment apprivoiser le misanthrope le plus accompli. La précision dans la description des personnages leur confère une chaleur exceptionnelle.