Je ne suis modeste que par mesure de perfection
Jeune homme très imbu de lui-même, Jean-Marie mène une vie professionnelle trépidante alors qu’il oeuvre dans le milieu de la publicité. Déterminé et ambitieux, il déploie un talent certain dans son métier et mène ses subordonnés, et parfois même ses patrons, avec une main de fer. Comme ses capacités ne sont plus à démontrer, tous s’accommodent aussi bien qu’il leur est possible de l’attitude souvent désobligeante du jeune homme. En total contraste, sa vie privée est d’un calme surprenant. Il habite encore chez ses parents auprès desquels, s’il est d’une belle dévotion filiale, il déploie néanmoins la même arrogance quand vient le temps de faire prévaloir ses opinions. Entêté, il règne littéralement en maître à penser sur la maison, ce qui ne manque pas de provoquer des conflits avec sa soeur, plus jeune, mais tout aussi décidée que lui pour défendre ses points de vue. Alors que le conflit avec cette dernière s’envenime à cause de ses fréquentations, en particulier son nouveau copain qui semble hermétique à la supériorité intellectuelle de Jean-Marie, ce dernier est en outre chargé d’un dossier particulièrement délicat à son travail. En effet, le client insiste pour qu’une de ses représentantes assiste lors de chacune des étapes de la campagne dont il a commandé la conception. Très réticent à l’idée de travailler en équipe, Jean-Marie ne peut supporter quelque forme d’encadrement que ce soit. Mireille, sa nouvelle assistante, si elle est aussi ambitieuse que Jean-Marie, n’arrive pas à prendre au sérieux ses maniérismes, aussi les quiproquos embarrassants se multiplient-ils. Pris entre deux feux, que ce soit à la maison ou au travail, Jean-Marie se met à la recherche d’un exutoire. Par dépit, il commence à fréquenter un bar à proximité de sa boîte où, un soir, il tombe par hasard sur Mireille venue là se changer les idées. L’alcool aidant, ils s’ouvrent l’un à l’autre et finissent par passer la nuit ensemble. Embarrassés, ils adoptent alors une attitude contraire à leurs habitudes alors qu’ils deviennent taciturnes et fuyants, ce qui ne manque pas de surprendre ceux qui goûtaient leurs prises de bec comme des spectacles de choix. Quoique d’une prudence extrême, ils ne peuvent échapper à la passion qui les étreint. Surpris en flagrant délit alors qu’ils s’embrassent dans la salle de conférence, ils deviennent l’objet d’une attention de tous les instants. Cette attention gênante nuit considérablement à leur travail jusqu’à ce que vienne le moment de lancer la campagne de publicité. Cette dernière s’avérant un échec cuisant, leur comportement en est rendu responsable. Mis à la porte de son agence, Jean-Marie démarre sa propre affaire qui connaîtra, avec Mireille pour l’épauler, des débuts très... modestes.
– Martine Nicaise – 220 p. – 1989 – Roman semi-autobiographique, l’auteure, qui a oeuvré dans le domaine de la publicité, dresse ici un portrait mi-figue, mi-raisin d’un monde artificiel et sans scrupule où la seule loi est celle du succès à tout prix. Ce roman offre des moments de rare bonheur où le lecteur ne peut manquer d’être pris d’un fou rire incoercible.