samedi 28 février 2009

Voyage au coeur de la guimauve VOL 002


TOUR DE PISTE

La guimauve est régie par une activité incessante de recherche du paradis et entre autre chose, du refus de la réalité. Elle est cuisinée particulièrement par les négationnistes, des pratiquants de tout acabit religieux et laïcs, de publicistes et autres faiseurs de miracle. Les créationnistes sont parmi les plus actifs de cette merveilleuse chimie alimentaire.

MESDAMES et MESSIEURS, ici votre commandant. Nous entrons maintenant dans le cœur de la guimauve. Nous survolons maintenant l’Oratoire Saint-Joseph. Je vous demanderais de prendre le journal dans votre pochette avant et de lire ce court texte en page 4:

«Tintin "reste un héros classique, généreux et pur, passionné et tenace, courageux et gentil" écrit le quotidien qui rejette tant les accusations "d'antisémitisme" portées contre le dessinateur Hergé que la récente polémique déclenchée dans le Times de Londres "par un militant notoire des droits des homosexuels" selon lesquelles Tintin serait "gay".»







L’Osservatore Romano 10.02.09

J’y pense, Tintin ne s’était jamais rendu à Rome, ni à aucun défilé gay, je crois!

Pensez-y bien, c’est l’Osservatore Romano qui écrit ces lignes. Nous sommes très loin de l‘un des quotidiens de Quebecor, mais beaucoup plus près des éditions catholiques que vous ne le pensez.

Depuis la fin des années soixante, la famille CASTERMAN a des relations d’affaires très lucrative avec la papauté. Cette maison d’édition et celles qui ont suivi avaient le devoir de maintenir cette belle morale judéo-chrétienne et garantir leurs investissements. Tintin protégeait le bon peuple et maintenait de l'enfance à la vieillesse le beau, le blanc et la foi dans les valeurs pures et occidentales.

Plus de quarante années plus tard, l’histoire continue, comme si rien n’avait changé. La recette est un classique. Protégeons nos idoles, le sacré nous sauvera de l’enfer.

Il est difficile de changer nos habitudes alimentaires lorsque la nostalgie est en appétit.

Encore aujourd’hui, dans certaines législations américaines, la bande dessinée n’est réservée qu’aux enfants. Tout autre type de bandes dessinées est considéré comme illégale et les libraires et éditeurs concernés sont passibles de prison.

Si nous ne sommes pas dans la guimauve où sommes-nous?

MESDAMES et MESSIEURS, nous volons au-dessus des bureaux du Devoir, lisez ce qui suit:

«On entend le prince dire à propos d'un des soldats, "Ah, notre petit ami paki. Ahmed."» Paki est un terme péjoratif à l'égard des personnes d'origine pakistanaise.

Dans l'autre extrait, filmé à Chypre, on entend Harry dire à un soldat à la tête recouverte d'un filet de protection anti-moustiques qu'il a l'air d'un «enturbanné».

Pour le chef du Parti conservateur, David Cameron, les propos du Prince Harry nuisent aux efforts visant à combattre le racisme au sein des forces armées. «C'est évidemment une chose qu'il est complètement inacceptable de dire», a-t-il dit sur la BBC.»










Le Devoir 12.01.09

Maintenant, nous sommes en pleine guimauverie à la sauce princière.

Qu’attendons-nous de ces porteurs de sabres et d’armes de toutes sortes? Qu’ils nous apportent le respect?

Voyons donc.

Leur devoir est de combattre, nous l’avons bien lu. Ils ont le droit de tuer, ce sont les adversaires qui doivent mourir.

Alors, pourquoi s’enflammer pour ce maladroit mouvement des lèvres, sinon pour détourner notre attention des lames qui égorgent.

L’Empire britannique et sa royauté méritent plus que des remontrances pour ses actions. Il lui faut plus qu’un abri anti-moustique pour se cacher.

La monarchie console la planète et humanise ses admirateurs et admiratrices. Leur vie est si belle qu’il est impossible d’y voir du laid.

La guimauve n’existerait pas sans ces princes et ces princesses. En leur absence, nous serions réduits à penser par nous-mêmes.

N’ayez pas d’inquiétudes, chers passagers, nous aurons toujours nos vedettes du cinéma et de la télévision pour les remplacer.

MESDAMES et MESSIEURS, on m’annonce à l’instant que l’appareil que vous voyez à gauche de vos sièges transporte Monsieur Jean-Paul Mari. M. Mari est un voyageur du bout de la nuit du monde. Ce qui est un endroit totalement à l’opposé du voyage que nous effectuons.

C’est pourquoi, il est fortement suggéré de visiter cette enquête chez les damnés de la guerre avant notre envol.

Malheureux!

Fondamentalement, ébranlé par le témoignage de M. Mari, le sociologue se retire pour regarder le fleuve et réfléchir sur le mystère des glaces.







Albert Camus
Sociologue

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Là, chu pu sûr.

Ça veut-tu dire qui faut pu manger de Whippet?

Y en a de la guimauve là-dedans.

Les marshmallow ça donne-tu le cancer?

Un campeur inquiet