lundi 5 septembre 2022

Catalogue

 


Le fantasme, hein ?


Traité de sexologie à saveur humoristique où le docteur Rich Hess étudie soigneusement, avec preuves à l’appui, les fantasmes sexuels masculins et féminins. Sa recherche, étalée sur plusieurs années, lui a permis de dresser une taxonomie détaillée des thèmes se rattachant aux fantasmes de l’un et l’autre sexe, tout au moins les plus fréquemment mentionnés lors des entrevues qu’il a menées des deux côtés de l’Atlantique et qu’il considère, par le fait même, universelles, pourvu que la culture occidentale soit concernée. À partir de cette mine d’information, il se livre à une étude de contenu exhaustive ne visant rien de moins qu’à faire ressortir des constantes. Enfin, compte tenu des résultats auxquels il arrive, il dresse, en suivant en cela les dernières découvertes de la psychanalyse, la « carte comportementale » non plus d’une personne, comme cela est généralement le cas pour cette discipline, mais d’un sexe tout entier. Conscient des limites, Hess rassure ses lecteurs d’entrée de jeu à savoir que cette démarche, tout expérimentale, n’offre pas les garanties que l’on attend obligatoirement d’autres types de recherches plus sérieuses. Cependant, et malgré les réserves qu’il signale, il dresse un tableau de la psyché masculine et féminine qui offre quand même un aperçu doux-amer de ce que les hommes et les femmes attendent les uns des autres, le tout traité sur un ton humoristique qui évite soigneusement de prendre parti dans ce qui est convenu de nommer « la guerre des sexes ». Au terme de son analyse, Hess propose que le fantasme masculin dominant est fondé sur le « pouvoir extérieur ». En d’autres termes, l’homme est fasciné par l’action que son pouvoir peut exercer en dehors de son territoire personnel, alors que le mâle de l’espèce cherche à s’imposer à son entourage. À l’opposé, le fantasme féminin est celui du « pouvoir intérieur », alors que la femme est plutôt portée à assurer sa domination à l’intérieur de son territoire, qu’il soit personnel ou social. Hess, qui est avant toute chose anthropologue, explique alors que, advenant que les résultats de cette recherche soient scientifiquement exacts, ils expliqueraient en grande partie deux des réalités les plus intrigantes appartenant à l’espèce humaine. D’une part, cette complémentarité évidente entre les sexes aurait ainsi facilement garanti non seulement la survie des groupes humains, mais également leur expansion démesurée aux dépens des autres espèces. D’autre part, cette divergence dans les aires d’application des pouvoirs respectifs des deux sexes aurait inévitablement créé une pression indue sur les capacités communicationnelles et cognitives cherchant à établir des liens par-delà la barrière sexuelle et aurait ainsi mené à l’état de conflit endémique qui renvoie perpétuellement dos à dos hommes et femmes.


 – Rich Hess – Première publication : 1989 sous le titre Sex so fun ? – Traduit de l’américain par Janine Neely – 608 p. – 1991 – Essai satirique davantage que rapport d’étude scientifique, cette oeuvre a au moins le mérite, sinon de faire oublier la guerre des sexes, tout au moins d’en apprécier l’aspect hautement humoristique.

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