Le paparazzo
Marco est un photographe d’art qui éprouve bien du mal à vivre de son talent. Les galeries et les revues spécialisées se font tirer l’oreille pour prendre ses réalisations qui, pourtant, sont généralement bien accueillies par la critique. Il réussit à se faire embaucher par un photographe professionnel qui se cherche un assistant et qui le connaît de réputation. Son nouveau patron est spécialisé dans la photographie de personnalités ; il s’agit en fait d’un de ces paparazzis qui suivent à la trace les visages connus dans l’espoir de les saisir dans des situations compromettantes. Marco s’attelle à ses nouvelles fonctions sans grand enthousiasme, persuadé de gâcher son talent. Les seules personnes qui l’encouragent dans cette voie sont sa fiancée, avec laquelle il vit, et Ludovic, un des contacts de son nouveau patron, un « rabatteur » avec lequel il s’est lié d’amitié. Un soir, Ludovic amène Marco à une « fête privée » où, espèrent-ils, ils pourront prendre d’intéressants clichés. En errant dans la villa où ils se sont introduits, ils débusquent un groupe, hommes et femmes confondus, qui ont trouvé le moyen de se divertir entre adultes à l’écart du reste de la fête. Marco profite de l’occasion pour mitrailler la scène en s’assurant de photographier toutes les personnes présentes. Le lendemain, il entreprend de développer ses photos avec l’aide de sa fiancée, n’osant pas se servir du laboratoire de son patron de peur des yeux indiscrets. Bien lui en prend, car il découvre, parmi le monceau de corps imbriqués, un ministre et un conseiller influent du gouvernement. Indécis, Marco ne sait quel parti prendre, mais sa fiancée l’encourage à publier ses photos sans tarder. Se rendant à la justesse des arguments, il met les photos en lieu sûr et monte un dossier qu’il fait parvenir aux principaux quotidiens de la capitale. Sa démarche étant restée sans écho, il s’adresse ensuite aux autres journaux, puis aux hebdomadaires et, enfin, aux agences de presse, sans plus de résultats. Comprenant enfin qu’une consigne du silence frappe le monde de la presse écrite, il se décourage. Même Ludovic, après un temps, lui conseille d’abandonner. Seule sa fiancée le pousse à poursuivre. Enfin, à force d’acharnement, il réussit à intéresser une chaîne de télévision privée qui accepte de diffuser les photos dans le cadre d’un reportage plus vaste sur la corruption du gouvernement. Lorsque le producteur lui demande d’identifier toutes les personnes figurant sur les photos, Marco remarque une des femmes présentes à la « fête » qui ressemble étrangement à sa fiancée. Mise devant les faits, celle-ci finit par avouer que seul un scandale politique pouvait lui permettre d’échapper à cette existence sordide.
– Pascal Hecto – 400 p. – 1998 – À la fois épigramme du monde politique et apologie du talent artistique brimé, ce roman sulfureux et haletant combine subtilement le suspense et la remise en question individuelle.
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