samedi 2 mai 2020

Pique à pic



«Le Scorpion et la Grenouille est une fable dans laquelle un scorpion demande à une grenouille de le transporter sur l'autre rive d'une rivière. D'abord effrayée par son aiguillon venimeux, la grenouille accepte cependant, puisque la piquer les conduirait tous deux à leur perte. Au milieu de la rivière, pourtant, le scorpion la pique mortellement. Lorsque la grenouille demande au scorpion la raison de son geste, ce dernier répond que « c'est dans sa nature. » La fable illustre le fait que certains comportements sont irrépressibles, indépendamment des conséquences.»

Pas plus tard qu’aujourd’hui, La Presse a publié un article dénonçant la lourdeur bureaucratique du système de santé québécois. Ce genre de critique provenant d’autres personnes pourrait signifier que, en maintenant les budgets de la santé tels quels, un petit ménage administratif pourrait dégager des marges afin d’investir ces surplus dans les secteurs qui éprouvent des besoins criants. C’est-à-dire tous.

Mais ce genre de critique émanant d’un quotidien inféodé à l’ultralibéralisme le plus débridé signifie dans les faits que La Presse, en pleine crise de la Covid-19, s’apprête à demander des compressions additionnelles dans le réseau. Comme si l’incapacité des services à répondre adéquatement à l’infection, en particulier dans les établissements de soins de longue durée, n’était pas justement due à des coupures mal avisées dans les ressources allouées à notre système de santé chroniquement à bout de souffle.

On est à deux doigts de voir le quotidien monter aux barricades pour encourager la privatisation à outrance dans ce domaine. Cette feuille de chou ne fera jamais remarquer une réalité incontournable: là où les soins sont le plus privatisés – aux Stazunis, par exemple – c'est aussi l’endroit où les dépenses relativement à la santé, toutes origines confondues, sont les plus élevées.

Et il ne faut pas oublier que La Presse est aussi un journal qui, à titre d’organisme à but non lucratif, est subventionné à fond le tiroir-caisse.

Peut-être qu’elle cherche à récupérer une partie de ce qu’on va nous ôter.

En tout cas, j’espère que ses patrons ne tomberont jamais malades.

Sinon, à force de piquer, ils vont couler à pic.

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