Descente dans les fliqueries
Dans une société totalitaire d’Amérique du Sud, deux jeunes hommes sont interpellés à tort un soir d’émeute. Sans aucune raison valable, ils sont emmenés au poste de police où ils tentent de protester de leur innocence, mais sont, pour toute réponse, rudement tabassés. Gardés au secret pendant des jours, ils tentent de faire valoir leurs droits. S’ils parviennent à attirer l’attention, ce n’est pas des personnes qu’ils souhaitent. Désormais désignés à la hargne des policiers comme de fortes têtes, ils subissent jour après jour les pires exactions. Alternativement battus, torturés et molestés sexuellement par des hommes et des femmes, ils réalisent avec angoisse qu’ils sont devenus les objets de l’appareil policier et qu’ils ne peuvent, en aucune circonstance, compter sur un quelconque apitoiement de celui-ci. Alors que leurs conditions de détention se détériorent, ils tentent de se concilier les bonnes grâces de leurs geôliers et de leurs tortionnaires. Mais, malgré leur bonne volonté, ils ne parviennent à apitoyer personne. Comprenant que leur salut ne peut venir que du monde extérieur, ils échafaudent toutes sortes de plans afin de nouer des contacts. Leurs efforts restent vains. L’un d’eux décide alors de jouer son va-tout et entre en révolte ouverte contre les gardiens. Pendant un temps, il semble que son refus de se confiner dans son état de victime lui mérite le respect, puis, un soir, il est enlevé de sa cellule sous le regard de son compagnon et ne revient que plusieurs jours plus tard, sanguinolent, dans un état de choc dont il ne sortira que par intermittence. Son compagnon, par des promesses, parvient à soudoyer un jeune garde qui semble troublé par le sort qui est réservé aux deux malheureux. Il accepte, à son corps défendant, de contacter leur famille. Malheureusement, le complot est éventé et le prisonnier apprend qu’il a été trahi par son ami qui n’est plus que la marionnette du pouvoir. Désespéré, ivre de vengeance, il le tue à mains nues en lui fracassant à plusieurs reprises le crâne contre le plancher de béton de la cellule avec une sauvagerie qui désarçonne les policiers eux-mêmes. Désormais, n’étant plus un prisonnier politique mais un criminel de droit commun, il est transféré dans un pénitencier à sécurité maximum où la violence de son forfait incite à la fois les autres détenus et les gardes à le respecter. Un avocat prestigieux décide de s’intéresser à son affaire et le système judiciaire le prend désormais sous sa protection. On lui promet même à mots couverts une peine légère et une libération hâtive à condition qu’il ne révèle pas ce qu’il a subi auparavant.
– Sonya Sonnal – Première publication : 1986 sous le titre Solo se Respeta – Traduit de l’argentin par Pilar Caspo – 420 p. – 1991 – Ce roman se présente davantage comme un témoignage que comme une oeuvre de fiction. Il dénonce les abus de pouvoir qui continuent à se perpétrer partout dans le monde, y compris chez nous.
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