Des astres solaires
Dans une société futuriste, le soleil occupe toute la place. Non seulement fait-il l’objet d’une attention particulière de la part des scientifiques, qui s’en servent autant comme référence astronomique que comme laboratoire d’étude de l’infiniment petit. Il est également l’objet d’un culte très répandu parmi la population où, en tant qu’astre et symbole, on lui impute tous les bienfaits de la nature. De même est-il considéré comme la seule représentation acceptable de la divinité puisque, la nature de cette dernière étant impénétrable dans la théologie de ce temps, il serait blasphématoire de tenter de lui donner une apparence physique. Cependant, ces deux visions concurrentes sont également mutuellement exclusives, de sorte que les scientifiques considèrent avec mépris les superstitions que l’on impute au soleil. De même, les croyants déplorent l’étroitesse de vue des supposés scientifiques qui refusent systématiquement de voir et de comprendre les évidences du message divin. Alors que l’opposition se cristallise entre les deux points de vue, une voix s’élève afin de tenter une réconciliation. Il s’agit d’une femme, Tasha, qui a commencé à intégrer la symbolique du soleil en un seul modèle d’analyse. Son enseignement lui gagne rapidement la faveur de ses concitoyens. Évidemment, les responsables, tant scientifiques que religieux, voient d’un mauvais oeil tout ce qui risque de nuire à leur pouvoir. Aussi se lancent-ils dans une campagne visant à saper le prestige de Tasha, qui ne répond à leurs attaques que par des invitations à se joindre au culte nouveau. Des accusations mensongères au sujet de prétendues perversions à caractère sexuel viennent à bout de l’aura de la jeune femme dont l’enseignement est rapidement foulé aux pieds non plus seulement par les élites, mais également par la multitude. Jugée puis condamnée comme hérétique, elle est destinée à être brûlée vive au nom du soleil. Les exécutions ne pouvant être menées qu’à des moments prescrits par la loi et la coutume, il ne se trouve que quelques jours dans l’année où Tasha peut monter au bûcher. Chaque fois, pendant des mois, le soleil est caché par les nuages et le supplice doit être remis. Après deux années passées en captivité, le prestige de Tasha renaît à cause du refus du soleil d’allumer son bûcher. En outre, des doutes s’élèvent quant à la valeur du procès qui lui avait été intenté. Devant ce retournement de la situation, les autorités aux abois décident de la gracier. À sa sortie de prison, elle est aussitôt considérée, contre son gré, comme un objet d’adoration. Désormais appelée la Reine des nuages, elle reprend son enseignement en le centrant cette fois sur l’être humain, « l’Inconnaissable ».
– Jean Jisquan – 314 p. – 1995 – Davantage une allégorie sur le monde contemporain qu’une authentique histoire de science-fiction, cette oeuvre, au style empreint d’une étourdissante poésie, démontre un humanisme profond en dépit des travers de notre nature. Ce roman-culte est aujourd’hui étudié en littérature à l’université et en philosophie au niveau collégial.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire