La « drill » à Line
Line est une jeune et sympathique superwoman qui mène une vie extrêmement chargée. Elle poursuit ses études en médecine où, malgré des cours très exigeants, elle parvient à se distinguer aux yeux des professeurs. Elle tente également de se faire admettre au sein de l’équipe nationale de course de fond en vue des prochains Jeux olympiques. Les qualifications arrivent à grands pas et, par malheur, coïncident avec la période des examens de fin d’année. La tension qu’elle éprouve ressort parfois de manière incontrôlable. La chose demeure assez innocente tant qu’elle se résume à de menus accrochages avec ses confrères ou consoeurs de classe. Mais, un soir, une querelle avec sa colocataire consomme la rupture. Le déménagement se déroule assez rondement, bien que de manière anarchique. Une fois installée, Line doit redoubler d’efforts afin de rattraper le temps perdu, à tel point, que l’appartement en question garde l’aspect de chantier qu’il avait acquis alors que meubles et objets disparates avaient été déposés entre les cartons et les boîtes. Épuisée lorsqu’elle rentre, elle ne trouve jamais l’énergie pour mettre les choses en place. Un soir, cependant, tandis qu’elle mange assise sur une malle, elle éprouve la désagréable sensation d’être observée par la fenêtre de la cuisine. N’y tenant plus, elle décide, le lendemain, de s’acheter une perceuse afin de poser au moins ses rideaux et quelques objets décoratifs sur les murs. Le soir même, alors qu’elle achève d’installer le dernier store, la sonnette se fait entendre. Il s’agit de son voisin de palier qui lui demande d’emprunter sa perceuse pour la soirée. Gentiment, elle accepte, mais, quelques jours plus tard, elle doit bien se rendre à l’évidence que la perceuse ne revient pas. Chaque fois que Line tente de récupérer la perceuse, elle ne parvient jamais à passer le seuil du voisin, se laissant bercer de promesses jamais tenues. Inversement, Yves ne se gêne pas pour lui rendre visite le plus souvent possible, s’incrustant chez elle jusqu’assez tard. Mais, au fil de leurs conversations, toujours amicales, Line commence à se prendre au jeu et ne reste pas insensible au charme évident du jeune désoeuvré. Elle se surprend même, à la longue, à attendre ses visites avec impatience, n’hésitant pas, lorsqu’il se fait désirer, à aller frapper chez lui sous prétexte de réclamer son outil. À bout de patience, pourtant, elle décide un matin de prendre le taureau par les cornes. Elle réussit à s’introduire chez le jeune homme à l’aide du passe-partout du concierge. Elle n’a pas à explorer beaucoup pour trouver sa perceuse accrochée au mur du salon juste sous une immense photo d’elle-même en train de manger assise sur sa malle.
– Patrice Lajoie – 432 p. – 1998 – Amusante satire de la duplicité omniprésente au sein des relations amoureuses et des complications qu’elle amène alors que, paradoxalement, elle est censée faciliter les prises de contact.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire