Le droit dans l’engrenage
Roman à saveur biographique évoquant la vie et la carrière d’un avocat. John Latreille était un jeune étudiant en droit idéaliste et dévoué. Venu à la profession pour le prestige, son ambition, pour l’essentiel, est davantage de servir la justice que d’avancer ses propres intérêts. Il fait ses premières armes à l’aide juridique, une occupation qui répond parfaitement à ses aspirations du moment. Il est très rapidement remarqué par un avocat influent avec qui il se lie et qui le conseille quant à sa carrière. Acceptant l’offre de se joindre à l’étude de son mentor, un des bureaux d’avocats les plus en vue de la métropole, John découvre que, dans ce nouveau milieu, ce n’est pas tant son talent qui est estimé comme sa soumission aux règles de comportement édictées par les associés. Son caractère indépendant et ses principes de vie s’accommodent mal des pressions qui sont exercées sur lui. Malheureusement, son nouveau train de vie ne lui permet plus de revenir en arrière. Il est maintenant fiancé, propriétaire d’une nouvelle maison dans une banlieue aisée, sinon cossue, et ses obligations ne lui laissent plus d’autre choix que de se soumettre, à tout le moins pour un temps. Mais ce temps s’étire au fur et à mesure que passent les années et qu’il se révèle comme l’un des plaideurs les plus efficaces de la firme et, peut-être, de sa génération. Parallèlement, sa vie personnelle prend le contre-pied de sa vie professionnelle. Alors qu’au bureau il se plie de bonne grâce aux attentes d’autrui, il s’avère auprès de son entourage un individu exigeant et tyrannique qui supporte de moins en moins qu’on lui tienne tête. Si son épouse parvient à s’accommoder tant bien que mal de son caractère difficile, ses enfants, sitôt l’adolescence entamée, se braquent contre lui et finissent par quitter le foyer, le plus souvent dans des conditions difficiles. Profondément blessé par leur rejet, qu’il impute non pas tant à sa propre incapacité en tant que père, mais plutôt à l’égoïsme d’enfants ingrats, il renonce progressivement à sa vie privée pour se lancer à corps perdu dans son travail. Bénéficiant d’une excellente réputation dans le milieu, décidé à donner un nouveau souffle à sa carrière et à sa vie en général, il fonde son propre cabinet et hérite d’une clientèle de fraudeurs, de comptables corrompus et de pirates informatiques, tous liés très étroitement au monde du crime organisé. Alors que sa réussite sociale est indéniable et qu’il fait l’envie de presque tous les avocats, il devient pour un temps le bâtonnier du Québec en attendant de se lancer dans l’arène politique. Mais pour ce faire, il lui faut encore abandonner les derniers principes qui lui restent, comme des lambeaux de ses idéaux de jadis : la dignité et l’amour de la vie.
– Charles Lathan – 302 p. – 1995 – Ce roman se démarque du genre par ses accents d’authenticité et de franchise. Alors que les romans juridiques se concentrent le plus souvent sur les débats du prétoire et sur les négociations de coulisse, l’auteur a ici choisi d’étudier, avec une grande finesse, les effets de la loi sur les « honnêtes gens ».
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