Le service des plinthes
Acculé à la faillite par une conjoncture défavorable, mais également par un divorce particulièrement ruineux, Luc tente de refaire sa vie. Coupé de ses enfants, isolé et solitaire depuis ses échecs à répétition, il se cherche désespérément une raison de vivre. Aiguillonné par les besoins élémentaires de l’existence, il réussit à décrocher un emploi de vendeur au rayon des matériaux de finition d’un gigantesque magasin de rénovation. Auparavant propriétaire de quincaillerie, son expérience et ses connaissances lui sont d’un secours précieux afin de servir les clients. Autour de lui, les jeunes hommes et femmes qui occupent des postes similaires se reposent souvent sur lui lorsque leur propre inexpérience les empêche de bien s’acquitter de leurs fonctions. Bien vu par ses supérieurs, il n’hésite jamais, lorsqu’on le lui demande, de mettre les bouchées doubles. Prenant pour soi son nouvel environnement de travail, il occupe bientôt un rôle de premier plan totalement hors de proportion avec le maigre salaire qui lui est versé. Cependant, la grogne s’est installée chez ses collègues. Ceux-ci, mécontents de leurs conditions de travail, réclament un ajustement de salaire lorsque la publication du rapport annuel de la chaîne qui les emploie fait fièrement état de profits record. Tandis que des rumeurs de syndicalisation se font jour, Luc fait la connaissance de l’épouse de son gérant, une femme de son âge, qui semble l’avoir pris en amitié. Le mécontentement allant s’accroissant, les employés tentent de faire pression sur Luc afin qu’il se joigne aux efforts de ceux qui veulent syndicaliser le magasin. Réfractaire à cette idée, suivant en cela, mais sans véritable conviction, ses anciens réflexes de petit propriétaire, Luc cherche à demeurer en dehors du conflit. Cependant, ne pouvant rester indéfiniment neutre, il se voit obligé un jour de prendre position. La déception des futurs syndiqués étant grande, l’atmosphère devient rapidement irrespirable dans le magasin. Harcèlement, menaces à peine dissimulées, tout est bon pour le faire fléchir. La situation s’envenime lorsque sa voiture, un vieux modèle, est vandalisée par des inconnus. Incapable de rentrer chez lui, il est recueilli par l’épouse du gérant qui passait par là. Ce « hasard » se transforme rapidement en aventure torride où Luc découvre le malheur d’une personne qui cherche à échapper à son mariage par n’importe quel moyen. Fasciné par le contraste entre la vie de cette femme et la sienne, il s’immisce toujours plus avant dans l’intimité de sa maîtresse. Il n’hésite pas à prendre la place du patron quand celui-ci doit s’absenter en affichant un autoritarisme sectaire, avec tous les problèmes que cela entraîne.
– Lucion Larev – 248 p. – 1993 – Ce roman constitue une étude très perspicace de l’ambiguïté identitaire telle que provoquée par les bouleversements de l’existence. Sa portée dépasse largement le cadre de la fiction pour entrer de plain-pied dans la description clinique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire