lundi 13 juin 2022

Catalogue

 


Les saints oints


En l’an de grâce 813, sous le règne de Charlemagne, l’évêque Stigant arrive de Grande-Bretagne à la cour d’Aix-la-Chapelle. Il apporte les reliques de saint Alfred, et ce qui est reconnu dans son pays comme une phalangine d’Arthur, le roi mythologique de la table ronde qu’il espère faire béatifier à Rome par le pape. Mais, pour ce faire, il désire d’abord faire reconnaître les reliques par la cour de l’empereur d’Occident. Il espère que le plus puissant monarque de la chrétienté lui fournira également une escorte en même temps qu’une introduction auprès pouvoir pontifical. Il est accueilli avec chaleur par le clergé carolingien qui se passionne pour le périple de Stigant, ainsi que pour l’histoire des reliques qu’on l’invite a venir relater à l’école du palais. Tandis qu’il entreprend le long cérémonial des audiences auprès des seigneurs d’empire, se rapprochant à chaque fois du trône impérial, il tente, sans grand succès, de se familiariser avec le protocole de cour. Stigant reste à la fois ébloui et interloqué par la somptuosité du décor et le raffinement dans l’apparat, en particulier lorsqu’il découvre les habitudes des prélats impériaux qui semblent en prendre large avec les préceptes concernant à la fois leur accoutrement et les obligations de leur charge. Il se scandalise moins du luxe effréné que des maîtresses qui accompagnent évêques et prêtres lors de leurs visites. À mesure que passent les semaines et les mois, il semble discerner que l’empereur hésite à le recevoir et, par conséquent, à organiser la cérémonie de l’onction qui constituera en quelque sorte son laissez-passer pour Rome. Cela l’inquiète d’autant plus que son départ, s’il est repoussé trop tard à l’automne, lui interdira le passage des Alpes rendues impraticables en hiver. Ses efforts semblent sur le point d’être récompensés quand un chambellan lui apprend que l’audience qu’il attend lui sera accordée. Mais, quelque temps après, il constate avec stupeur que les reliques ont été volées dans la chapelle où il les avait laissées. Cette fois déterminé à être reçu, il force presque la porte de l’empereur et lui expose son cas. Sa démarche ayant été mal vue par Charlemagne, il se retrouve rapidement isolé alors qu’il constate avec désarroi qu’aucune enquête ne cherche à retracer les reliques. L’ambassadeur du calife de Bagdad restant son seul ami, il juge désormais plus prudent de partager ses appartements. Le diplomate, un soir, lui apprend que les reliques ont été volées par l’évêque du palais. Il admoneste Stigant de quitter la cour le plus tôt qu’il le pourra, ne pouvant en dire davantage sans risquer de mettre sa propre mission en péril. Stigant, dégoûté et démuni, s’enfuit au petit matin avec une faible escorte de fidèles, échappant de peu à une tentative d’assassinat.


 – Esther Haszy et André Fusse – 780 p. – 1996 – Roman-fleuve qui, à chaque page, garde un souffle puissant et enivrant plongeant le lecteur, grâce à une extraordinaire minutie, dans l’atmosphère authentique de la cour impériale carolingienne. Solidement étayée par une recherche exhaustive, l’oeuvre a été portée au petit écran en Europe.

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