Les sermonneurs d’Hippocrate
Les destinées d’un hôpital se retrouvent sous la coupe exclusive des médecins qui se sont arrogé pratiquement tous les pouvoirs. Personne ne possède suffisamment de poids pour contrebalancer les décisions de ce collège invisible qui agit pourtant au vu et au su de tous les employés de l’institution. Alors que la grogne des préposés et des infirmières se fait de plus en plus tangible, une jeune interne arrive dans ce cadre étouffant. Son attitude d’abord naïve ne lui vaut que le mépris de ses confrères. Cependant, la jeune femme, à mesure qu’elle se familiarise avec les arcanes du pouvoir de l’hôpital réalise tous les avantages qu’elle peut tirer de la situation. Elle séduit un à un les membres plus âgés du corps médical et se fait ainsi introduire dans les véritables cercles de décision. Son influence grandissante creuse rapidement un fossé entre les jeunes médecins et leurs aînés. Entre-temps, le personnel de l’hôpital menace de faire grève si la situation de l’institution ne se régularise pas. Alors que les autorités promettent de mettre l’hôpital sous tutelle, une étrange maladie se répand comme une traînée de poudre. Aussitôt la nouvelle connue, la sécurité civile isole l’hôpital qui se retrouve en quarantaine. Alors que les patients sont pratiquement laissés à eux-mêmes, les médecins se retranchent dans les bureaux de la haute direction, en sombrant dans la pire des luxures. Le reste du personnel, tant bien que mal, tente de contrer les effets de la maladie. Il se crée spontanément des strates à l’intérieur de l’institution alors que les plus fortunés sont également ceux et celles qui parviennent à rester le plus éloigné possible des malades. Mais, en dépit de tous les efforts, l’infection gagne du terrain et, à mesure que les victimes se multiplient, les privilégiés, qui sont parvenus à se couper complètement du reste de l’hôpital, réalisent avec angoisse que leur isolement, s’il les protège de la maladie, les prive également des sources de nourriture. Forcés d’agir, ils forment des commandos dont la fonction est de trouver et de ramener de quoi manger. Mais aucun des groupes qui part ainsi à l’aventure dans les couloirs de l’hôpital ne revient. En désespoir de cause, alors qu’il ne reste plus qu’une poignée d’affamés, les survivants décident de tenter leur chance séparément. Tandis qu’elle essaie de trouver du secours, la jeune interne découvre de manière fortuite que l’étrange maladie a été volontairement amenée à l’hôpital par l’un des membres du collège invisible et que cet homme est le seul à posséder l’antidote. Elle s’engage alors dans une course contre la montre, non seulement pour sauver sa propre vie, mais aussi celle de tous les morts en sursis qui peuplent l’hôpital.
– Margotte Lacaille – 218 p. – 1997 – L’atmosphère qui se dégage de ce roman en est une d’hystérie où les protagonistes, pour outrées que soient leurs réactions, sonnent malgré tout extrêmement juste. Au-delà de l’horreur tangible du roman d’anticipation, ce sont ici toutes les angoisses morbides de l’être humain qui sont à la fois utilisées et illustrées par la plume d’une écrivaine de talent.
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