mercredi 29 juin 2022

Catalogue


 

Les taux se resserrent


Un spéculateur de Wall Street met au point une martingale infaillible pour prévoir les cycles du marché de l’argent. Après des années passées à observer et à analyser les alternances entre les marchés haussiers et baissiers, il parvient finalement à en dégager des règles. Celles-ci, bien définies et facilement applicables, permettent de prévoir non seulement les valeurs qui deviendront populaires, mais aussi leur temps de plafonnement et, surtout, le moment le plus propice pour s’en défaire. En secret, il se livre à des essais et parvient, sans aucune difficulté, avec une mise de fonds risible, à accumuler en quelques semaines un pactole plus que respectable. Le jour où il se prépare à présenter son invention à ses supérieurs, il apprend, sans autre forme de procès, qu’il est mis à pied et qu’il est remplacé par un nouvel ordinateur perfectionné. D’abord atterré par la nouvelle, il préfère, dans un premier temps, cacher la honte de son renvoi. Incapable de trouver rapidement un nouvel emploi, il décide de s’en remettre à son invention. Avec pour investissement de départ sa prime de séparation, il entreprend de se bâtir une fortune à l’aide de la martingale. Il poursuit même ses recherches afin de l’appliquer également au marché boursier et, avec les montants importants qu’il se constitue, il entreprend une longue et patiente guerre d’usure avec son ancien employeur. Au passage, il cause la ruine de la compagnie d’ordinateurs et réussit à faire renvoyer les anciens administrateurs de son ancienne société de courtage. Cependant, il ne peut cacher sa bonne fortune indéfiniment et sa femme, rendue méfiante par cet afflux d’argent, se met en tête de trouver le pot aux roses. Après maintes tribulations où elle soupçonne son mari de faire la contrebande de drogue, de tenir un lupanar ou de s’adonner au jeu, elle finit par comprendre, en fouillant dans les affaires de son mari, qu’il a inventé une méthode révolutionnaire. Malgré tout sceptique, elle s’en ouvre à un économiste, un enseignant de leur fils, et lui demande son opinion. L’homme, impressionné par la rigueur du protocole, s’amuse à tenter sa chance à son tour sans l’accord de la pauvre femme. Mais il ne possède pas toute la discrétion voulue et, plutôt que de garder le secret, il décide de publier un ouvrage où la méthode est décrite et analysée en profondeur. Si les marchés peuvent s’accommoder fort bien de quelques chanceux, ils ne peuvent tenir lorsque tous les boursicoteurs commencent à faire fortune. En l’espace de quelques jours, le marasme frappe tous les parquets de la planète. Les places d’échange, qu’elles soient réelles ou virtuelles, ferment les unes après les autres. Le système économique mondial, menacé de destruction, cherche avidement une solution à cette crise phénoménale. Il ne subsiste qu’une seule solution pour sauver l’économie mondiale : institutionnaliser les fraudes boursières.


 – Gérard Menvu – 314 p. – 1990 – Compte tenu de l’extrême rigueur qui sous-tend ce roman exquis, le lecteur ne peut que se prendre à regretter que la fameuse martingale ne soit pas exposée en détail. Qui sait si elle n’eût pas fonctionné ?

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