vendredi 27 mars 2015

Ton Leitao



M. Carlos Leitao, le distingué ministre des Finances du gouvernement Couillard (le nom est marrant), a gratifié la population d'un nouveau budget gratiné, dernièrement.

Littéralement obsédé par l'«équilibre budgétaire», il a passé les choses plus importantes à la moulinette. L'éducation et la santé ont écopé – encore – afin que le financement qui leur faisait déjà cruellement défaut soit réduit et que le pognon passe à d'autres; généralement sous forme de subventions à la grasse entreprise privée.

Au cours de cet énième épisode du processus de dépossession collective, M. Leitao, qui a visiblement toujours le mot pour rire – une grande qualité chez un homme aussi important –, a affirmé le grotesque suivant: «Ce budget marque une étape majeure vers un Québec plus prospère, plus fort, plus confiant et plus juste.»

De une, ce n'est pas en pompant le fric hors des poches de la population qu'on prépare la prospérité, bien au contraire; à moins que ce soit celle d'une infime minorité.

Deuzio, ce n'est pas en affaiblissant le pouvoir d'achat de la majorité et en rétrécissant le filet social qu'on donne de la force ni à un pays ni à une économie, comme l'ont prouvé maintes études, ces dernières années; mais cela peut effectivement contribuer à la puissance d'une oligarchie au pouvoir.

De trois, à force de payer, de casquer et de se priver collectivement, l'espoir et la confiance en l'avenir se sont pratiquement évaporées. Essayez de trouver quelqu'un qui a foi en l'économie actuelle – et qui n'est pas sous médication, légale ou pas – et vous aurez fort à faire.

Finalement, il faut avoir du culot ou du front – avec la tête du distingué M. Leitao, c'est pratiquement la même chose – de prétendre que les constants sacrifices exigés toujours des mêmes sont une forme de justice.

Il y a un autre domaine qui écope à la lecture de ce budget: la démocratie. Après toutes les protestations, les mises en garde et les démonstrations à son encontre, que le ministre Leitao passe outre et ne fasse aucun cas des modestes demandes d'une population lasse de payer pour les concussions d'un petit groupe d'intéressés, cela donne une riche idée du degré de ploutocratie auquel nous sommes parvenus. Dans les faits, notre «démocratie» est devenue une autocratie aux 4 ans.

D'ailleurs, il est un point au sujet de Carlos Leitao dont on ne parle jamais. On sait qu'il est portugais d'origine et que, vers l'âge de 18 ans, il a quitté son pays avec sa famille pour venir vivre au Québec. C'était en 1975, vous savez, l'année où le Portugal s'est débarrassé de la dictature.

Apparemment, son truc, c'était déjà de fuir l'insupportable démocratie…

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