Les critiques belges et français sont généralement favorables au nouveau film de Tintin mais, décidément, les Anglais le sont beaucoup moins. Faut dire que la jeunesse british a été bercée, comme nous, par le reporter belge, son chien Snowy et les inspecteurs Thomson et Thompson. Ils savent de quoi ils parlent. La transformation des comédiens en marionnettes animés, façon Gérard D. Laflaque, ne plaît pas. Jamie Bell serait un Tintin plutôt ennuyant, les Dupont/d déçoivent et Milou est empaillé. Seul Haddock déménage, livré aux soins de Andy Serkis, fort de son expérience derrière Gollum et King Kong.
Tous prédisent un inévitable succès mais déplorent que les recettes reposeront, finalement, sur l’action atypiquement frénétique et la surcharge 3D de l’aventure, loin du ton d’Hergé. Robbie Collin, du Telegraph, note que l’auteur exprimait plus d’humour et de créativité avec quelques gouttes d’encres qu’Hollywood avec ses 130 millions$ d’effets électroniques. Mike McCayhill du magazine Seven parle d’un Tintin trafiqué au Photoshop qui s’exhibe dans un univers de jeu Xbox. Le critique Xan Brooks compare le Tintin animé au Tintin de l’Alph-Art pétrifié dans le polyester liquide. Le Tintinologue Nicholas Lezard parle d’une travestie sans âme perpétrée par un réalisateur, Spielberg, qui ne comprend rien au personnage, ni à l’oeuvre.
Pour Philip French de l’Observer, le film est relativement amusant, mais un peu terne et moins le fun qu’un album d’Hergé. Peter Bradshaw du Guardian est déçu du film tout en surface scintillante mais sans charme. Henry Barnes, aussi du Guardian, voit les personnages à l'écran comme des statues de cire au regard vide.
Pour Tom McCarthy, un autre du Guardian, le Tintin de Spielberg est “du grand art mal redessiné”. Le scénario, que maîtrisait Hergé, est “un gruyère ridicule” écrit par les singes du département de marketing. Pire, la version hollywoodienne de Tintin trahit l’oeuvre, remplaçant la complexité de l’original par de plates sermons positivistes. “Si vos enfants ont une once d’intelligence ou d’imagination dans le corps”, dit McCarthy, “épargnez-leur cette chose exécrable.”
Les Anglais l’ont pas dans la poche.
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