Reddition de Montréal, le 8 septembre 1760, via Wikipédia
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Jacques Cartier et Champlain sont des ponts, Versailles est un centre commercial de l’est de Montréal, Jean Lesage est une autoroute, Louis-Hippolyte Lafontaine est un tunnel et Trudeau, un aéroport. Toute cette chronique pourrait être consacrée à faire la démonstration de l’insondable inculture en matière d’histoire des jeunes d’aujourd’hui. Et dire que ce sont des représentants des «baby-boomers» dégoulinant des luttes identitaires qui sont responsables de cette tragédie.
Car il est tragique que les héritiers d’un peuple qui n’a connu aucune victoire collective, mais qui a plutôt accumulé les défaites, qui est déchiré en permanence au sujet de son avenir et se considère désormais comme corrompu, soient privés de la mémoire, si l’on se fie à l’étude de la Fondation Lionel-Groulx. [...]
Comme le faisait remarquer un blogueur à la parution de l’étude [...]: «Entre apprendre les mathématiques et l’histoire du Québec, le choix est facile.»
Eh oui, c’est bien de choix qu’il s’agit. Un choix collectif, sanctionné par la majorité silencieuse qui a fini par croire que la défense de la mémoire historique était affaire de professeurs d’histoire (pour garder leurs postes, évidemment) et de souverainistes en mal de revanche référendaire. On préfère croire que le Québec est une page blanche sur laquelle on invente une histoire sans passé. De la sorte, on s’assure d’être maître d’un destin sans avenir. Or, de nos jours, les impressions, les intuitions et les apparences prennent le pas sur les faits et la réalité. On se souvient, mais de ce que l’on veut.
Oublier
Denise Bombardier, Le Devoir, 27 novembre 2010
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