La gêne des officiers de marine
Sur une base navale américaine des Philippines, le contre-amiral Harris, ancien héros de la guerre de Corée, songe avec plaisir à sa retraite prochaine. On découvre, au fil de ses tractations, qu’il a recours à des manigances extrêmement louches afin de s’assurer une vieillesse des plus confortables. Tout semble aller pour le mieux jusqu’au jour où la mort accidentelle d’un de ses associés sur la base elle-même suscite bien des interrogations de la part de ses supérieurs. Envoyés sur place afin d’élucider l’affaire et surtout de comprendre comment un civil a pu se trouver sans permission sur une base navale, deux enquêteurs de la marine entreprennent sans grand enthousiasme ce que la plupart des intervenants considèrent comme une enquête routinière. Harris ne voit pas la chose avec le même détachement. Pris dans l’engrenage, il ne peut faire patienter ses grossistes et cherche désespérément à camoufler ses opérations. Malheureusement pour lui, les enquêteurs, sans même s’en rendre compte, s’approchent dangereusement du pot aux roses. Terrifié à l’idée de se retrouver démasqué, Harris fait appel à ses contacts afin de se débarrasser des deux policiers militaires. Il recrute un tueur à gages, un ancien officier de la marine, qui a été dégradé et chassé pour un manquement grave au règlement. Au moment où il s’apprête à passer à l’action sur la base, alors que, pour la première fois depuis des années, il a revêtu l’uniforme, il hésite à passer aux actes, dans l’espoir de se racheter au moins à ses propres yeux. En fuite alors qu’il est recherché autant par la police militaire, civile que par Harris, l’officier déchu cherche désespérément un moyen de se sortir du pétrin où il se trouve. Au hasard d’une rencontre dans un bordel mal famé, il se laisse convaincre par une prostituée locale de l’importance de racheter les fautes passées. Après une longue et pénible remise en question, il en vient à la conclusion que le seul moyen de laver son honneur est de faire toute la vérité sur ce qu’il sait des trafics plus que louches dont la base militaire est le théâtre. Après avoir évité de justesse deux tentatives de meurtre, il met sur pied un traquenard à l’intention de Harris qui, soucieux de garder le secret sur ses affaires, décide de régler cette histoire lui-même tout en cherchant à jeter les enquêteurs sur une fausse piste. Lors de la confrontation finale où Harris doit à la fois affronter son homme de main et les enquêteurs de l’amirauté, il est finalement acculé au suicide. Considéré à tort comme la victime dans toute cette affaire, la marine lui accorde des funérailles nationales en dépit des preuves qui sont produites au moment du procès.
– Paul Haymik – Première publication : 1985 sous le titre Navy Blues – Traduit de l’américain par Barbie Lowne – 462 p. – 1989 – Fresque étrange et déroutante de l’absolutisme et du militarisme, et surtout de l’attachement inexplicable que ce dernier suscite chez certains, l’oeuvre a été encensée par la critique new-yorkaise. Son impopularité auprès des milieux militaires lui aurait coûté le Pullitzer.
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