La blague à diamant
Le mariage est-il un rite aussi sérieux qu’on veut bien le laisser croire ? En effet, la transgression des tabous rattachés à cette institution universelle constitue, selon les points de vue de chacun, des manquements plus ou moins graves. L’adultère, qui valait la lapidation à une autre époque, ne peut être un crime si grand dès que le mariage n’est plus une institution intouchable. L’auteure fait ressortir les différents sens du mariage en s’appuyant sur la symbolique qui l’entoure. En extrapolant à partir des significations cachées, elle en évalue la solidité et la crédibilité en mettant ces symboles en rapport avec la société nord-américaine d’aujourd’hui. Car les symboles apparaissent partout dans le rite du mariage. Même bien avant la cérémonie, la symbolique accapare pratiquement tous les gestes qui sont posés non seulement par les principaux intéressés, c’est-à-dire le couple qui va s’unir, mais aussi par les familles qui participent à ce processus infiniment formalisé. Jusqu’aux confettis au sortir de la cérémonie nuptiale, tout est fonction d’une suite de gestes posés afin de respecter des conventions chargées d’une symbolique parfaitement uniforme. Même le recours à la bénédiction religieuse revêt, dans note société laïque, un caractère formel dépouillé de véritable essence divine. Les couples les moins croyants persistent à se marier à l’église, parce que le rituel l’exige. À partir de ces données psychosociales, l’auteure fait ressortir le mythe derrière l’institution, alors que le mariage est encore perçu comme une donnée essentielle de notre société. Cependant, une dérive a commencé à s’opérer depuis les années 1960. Avant cette époque, le mariage était un accomplissement qui, pour la plupart des gens, se voulait définitif et sans recours. Depuis, si la symbolique s’est maintenue à peu près intacte, le mythe sous-tendant le rituel s’est quelque peu altéré. Désormais, le mariage n’est plus l’accomplissement ; il est devenu transitoire. En quelque sorte, il est une étape de la vie, un rite de passage, auquel tous sont astreints afin de connaître la plénitude de l’existence. Les marginaux sont ceux qui ne se sont jamais mariés. Les plus marginaux de ceux-là sont ceux qui n’ont jamais connu la vie de couple. Mais, essentiellement, derrière le clinquant des différents symboles du mariage, ce dernier perd progressivement son caractère indélébile pour adopter une forme transitoire. Si l’évolution actuelle se poursuit, il n’est pas impossible que l’institution du mariage connaisse des mutations profondes au cours des générations à venir. À quand le mariage à durée limitée ? Et le mariage jetable ?
– Sally Gault – Première publication : 1990 sous le titre Until When???... – Traduit de l’anglais par Janine Neely – 330 p. – 1992 – Sur un ton badin merveilleusement rendu par la traduction, cet essai aborde avec humour et respect un thème encore relativement tabou dans les sociétés occidentales.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire