Dette active
L’inspecteur Britton est un flic marginal, généralement mal vu de ses supérieurs, qui n’a pas la confiance de ses collègues. D’un abord difficile, il préfère creuser le vide entre lui et son entourage, refusant de travailler en équipe. Pour cette raison, on lui confie généralement des dossiers dénués d’intérêt dont personne ne veut, puisque de telles enquêtes, même favorablement résolues, n’aident jamais à promouvoir la carrière d’un inspecteur. Britton voit donc atterrir sur son bureau le dossier concernant le meurtre crapuleux, sans mobile apparent, d’une jeune adolescente prénommée Michelle. Il entame son enquête en notant la quantité de parallèles existant entre la vie de la jeune victime et la sienne propre. Elle habite le quartier où Britton a vécu avec sa femme jusqu’à son divorce ; Michelle jouait dans une troupe de théâtre amateur, comme l’ex-épouse de Britton ; elle provient d’une famille également divorcée dont le fils est l’aîné et la fille la cadette, tout comme les enfants de l’inspecteur. À mesure que progresse son enquête, Britton est amené à se remémorer tout un bagage de souvenirs douloureux qui emplissent rapidement son monde jusqu’à prendre le pas sur l’enquête qu’il mène. Très vite, c’est tout son passé qui devient maintenant l’objet de l’investigation au détriment du meurtre lui-même. L’inspecteur retourne sur tous les lieux de sa vie passée avec un entêtement quasi masochiste. Il évoque ainsi tous les aléas déchirants de l’infernal esclavage du couple et toutes les bassesses, les compromissions et les marchandages auxquels il astreint les hommes comme les femmes. Il revoit en mémoire le vampirisme affectif auquel l’ont soumis ses enfants au détriment de son identité propre jusqu’à ce que, à l’image de « certaines espèces d’insectes, les enfants ne consentent à quitter le nid familial que lorsque les parents, ayant été littéralement consommés, ne peuvent plus leur fournir la subsistance qu’ils requièrent ». Britton redécouvre également le soulagement intense qu’il a éprouvé au moment où, démuni de tout ce qu’il possédait, maison, voiture, compte en banque, il a retrouvé sa liberté avec l’ultime étape du divorce. Ce n’est qu’au terme de cette pénible prise de conscience qu’il retrouve enfin l’énergie de reprendre son travail. Grâce à un signalement fourni par un témoin oculaire qui a vu Michelle en compagnie d’un adolescent. C’est avec une joie féroce que Britton constate que l’adolescent en question n’est nul autre que son propre fils. Résolu plus que jamais à régler ses comptes avec sa famille, il se rend à son ancienne maison, le soir, afin de confronter celui et celles qu’il appelle « le clan ». Cet ultime face-à-face avec les siens connaîtra un dénouement à la fois inattendu et dramatique.
– Jerry Hall – Première publication : 1986 sous le titre Cop Out – Traduit de l’américain par Laurie Godon – 372 p. – 1988 – Archétype même de l’antihéros, le personnage principal du roman, avec son acharnement à attaquer de front toutes les idées reçues et les conventions contemporaines, impose une vision déstabilisatrice de l’existence.
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