dimanche 26 août 2018

L’ombre jaune

C’est reparti pour une autre campagne électorale. On essaie, en ce moment, de nous persuader que les élections du 1er octobre prochain seront déterminantes, mais on se demande bien en quoi.

J’ai prêté une oreille distraite aux éructations verbales des petits chefs des grands partis et, mis à part celui de ma CAQ François Legault, tous les autres sont en mode de sauvetage de meubles, car leur maison est menacée par les flammes. Qu’importe, d’ailleurs, s’ils disparaissent; on pourra toujours en créer d’autres. Prenez seulement Patrice Bernier; si lui est capable de former un nouveau parti, c’est encore plus facile pour quelqu’un de compétent.

Ce qui retient véritablement mon attention dans tout ce spectacle qui ressemble davantage à un battage médiatique qu’à un sain exercice démocratique est cette étonnante tangente qu’a prise le discours. En fait, c’est la mutation des valeurs qui a entraîné ce phénomène complètement en porte-à-faux par rapport aux élections précédentes.

Par exemple, au centre des débats entre les petits chefs des grands partis, on parle beaucoup de multiculturalisme. Pendant ce temps-là, on n’aborde pas la question autrement plus importante de la progressive disparition du français, en particulier à Montréal.

Également, on parle beaucoup de l’immigration illégale au sujet de laquelle on ne sait trop que faire. Pendant ce temps-là, on laisse sous le boisseau l’avenir du Québec. Y a-t-il encore quelqu’un qui s’intéresse à la question de la souveraineté?  On nous dit que certains y pensent toujours; mais ils ne la mentionnent jamais.

Et que dire de la présence de la communauté LGBTQ+ qui semble au centre des grandes préoccupations? Il ne suffit plus d’être tolérant et ouvert aux gens qui en font partie; il faut aller au-devant de leurs attentes afin de les instrumentaliser pour se donner des allures de progressiste. Pendant ce temps-là, personne n’aborde la question de la lutte de classes, maintenant que les bourgeois s’enrichissent comme jamais et que les pauvres le sont de plus en plus.

Les petits chefs des grands partis s’entendent pour dire, avec l’humour qui les caractérise, qu’ils veulent parler des «vraies affaires». Il me semble qu’ils confondent la proie et l’ombre.

En tout cas, il n’y a pas de quoi rire; sinon, jaune.

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