mardi 22 mars 2016

Droits de personne



La grande nouvelle, cette semaine, c'est sans contredit la visite officielle que fait présentement Barack Obama, encore pour un temps président des Stazunis, à Cuba. On a beau dorer la pilule, le simple fait qu'un président yankee en soit rendu à se rendre personnellement dans l'île représente un réel constat d'échec pour un vaste pan de la politique étrangère yankee. Il est vrai que ce n'est pas le seul dans ce cas.

Si l'événement est maquillé afin qu'il apparaisse comme une marque de bonne volonté de la part de Washington vis-à-vis son voisin continental, c'est pour faire oublier que, après le boycott économique, puis le blocus, puis la tentative d'invasion, l'appui à la guérilla contre-révolutionnaire, le sabotage et les attaques terroristes, Washington s'est, au cours des presque six dernières décennies, cassé toutes ses belles dents blanches sur la question cubaine.

Tout de même, la visite se déroule dans une atmosphère tendue, tant Barack Obama et Raul Castro marchant bien évidemment sur des œufs lors de leurs présentations communes devant la presse. Le malaise est véritablement palpable. À tel point que le président cubain a même affiché une évidente irritation lorsque des journalistes lui ont posé des questions relativement aux prisonniers politiques détenus par son gouvernement.

Sur un ton assez cassant, il a déclaré, entre autres choses, qu'il mettait ses interlocuteurs au défi de produire une liste de prisonniers et que, lui le président, s'engageait à les faire libérer le soir même. Évidemment, personne n'a présenté quelque liste que ce soit. Peut-être que, par pure ignorance des faits, il n'y avait pas de noms qui puissent venir à l'esprit des journalistes, ou alors ils se sont tout simplement dégonflés.

Quoi qu'il en soit, il fallait quand même une certaine dose de mauvaise foi pour adresser une question relative aux droits humains uniquement à Raul Castro, tandis que le président des Stazunis se tenait debout à ses côtés.

Quand on pense au bagne de Guantanamo, aux prisons secrètes gérées dans la plus grande opacité par la CIA, au recours constant à la torture par noyade simulée, aux listes rouges d'individus à abattre sans procès à coup de drones ou autrement, aux populations civiles bombardées sans distinction un peu partout dans le monde, aux coups d'État fomentés afin de placer au pouvoir des dictateurs sanguinaires, aux invasions militaires décidées unilatéralement, aux appuis inconditionnels donnés à des pays qui se préoccupent des droits humains comme d'une guigne – pour ne citer que cela –, on s'étonne que, lorsque le sujet a été amené, Raul n'a pas tout de suite cédé la parole à son voisin d'estrade.

Il ne suffisait pas que les journalistes présents dans la salle soient des ignorants ou des dégonflés, il fallait aussi, semble-t-il, qu'ils soient particulièrement bornés.



Aucun commentaire: