vendredi 4 mai 2012

L’autre cage

Je m’amuse follement avec les commentaires de nombre d’éditorialistes relativement au conflit étudiant.

Il y a un an, que n’a-t-on pas lu sous leur plume dithyrambique à propos des mouvements du «printemps arabe». À ce moment-là, les jeunes étaient beaux, braves, décidés et admirables à la fois dans leur détermination, dans leur amour de la liberté, de la justice et de la démocratie, et aussi dans leur organisation. N’a-t-on pas entendu sous toutes les coutures à quel point les réseaux sociaux avaient joué un rôle déterminant?

Combien de fois a-t-on vilipendé dans les augustes colonnes de nos empires médiatiques les régimes qui refusaient tout dialogue et toute négociation, campés qu’ils étaient sur leurs positions ossifiées, rétrogrades et dépassées? J’entends encore les lamentations lorsque les policiers masqués matraquaient ceux de la place Tahrir ou d’ailleurs. J’entends aussi la jubilation lorsque l’édifice de l’indifférence a fini par craquer et que la rue a finalement triomphé de l’arrogance.

Mais voilà, maintenant, c’est leur cage qui se fait brasser et la chanson n’a plus le même air. Maintenant, les contestataires abusent de la démocratie, désobéissent systématiquement aux injonctions de la cour, résistent à la police et vont même jusqu’à altérer le bien public. À entendre les éditorialistes gesquesques, et bien souvent quebecoristes, c’est tout juste si le sang ne coule pas dans les rues et si les honnêtes gens – entendez par là, les possédants, les repus, les exploiteurs – ne devraient pas se cadenasser chez eux dans l’attente de la fin du monde.

Curieux comme tout est tellement mieux quand ça brasse la cage des autres.

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