Anne Dorval dans une scène du film J’ai tué ma mère, de Xavier Dolan (2009)
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À part quelques individus de la petite communauté pure lainage vieillissante du Québec, il n’y a pas grand monde qui prendrait plaisir à répéter la petite phrase de notre vedette de chez nous, Anne Dorval: «Ta yeule, chrisse!» En tout cas, ce ne sont pas nos immigrants, de quelque origine que ce soit, qui se la mettraient en bouche. Il sont bien trop malins pour ne pas se rendre compte que notre joual québécois est un cul-de-sac et que c’est l’anglais qui est la clé de leur réussite.
Je me dis parfois que si on avait le courage de donner corps à ce mot «nation» que l’anglophone Harper nous a jeté, un jour, de sa table, comme un os à ronger, on se donnerait le droit d’être entendus parmi les nations unies du monde. Alors, que je me dis, on cesserait de s’enfermer dans la parlure joualée et sans avenir de nos petites vedettes de chez nous, les vedettes de nos films, de notre théâtre, de notre humour qui se dégrade et qui descend lamentablement en bas de la ceinture...
On ouvrirait notre langue. On sentirait le devoir de la parler correctement pour qu’elle soit prise en bouche par nos immigrants et écoutée parmi les nations.
Libre opinion - La parlure du cinéma québécois
Paul Warren, auteur du Secret du star-system américain
Le Devoir, 19 octobre 2011
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