Les faits existent, mais ils sont toujours interprétés. C’est la raison pour laquelle, en matière de convictions politiques, sociales et économiques, le gros bon sens, qui est une sorte de version populaire de la neutralité scientifique, n’existe pas. [...]
Les partisans du gros bon sens, qui sont presque toujours des gens de droite, voudraient nous faire croire à une vérité unique et simpliste, au-delà des idéologies, pour mieux faire avancer leur propre programme. «Le manque d’idéologies capables d’articuler les attentes des citoyens constitue en effet l’un des problèmes majeurs des nouvelles démocraties, constatent plutôt [Alain Noël et Jean-Philippe Thérien, les auteurs de La Gauche et la Droite. Un débat sans frontières]. Sans une référence commune pour négocier les différences, les débats politiques demeurent en effet fragmentés, centrés sur les personnalités, l’image et le clientélisme.» Or cette référence, justement, existe, et c’est la dichotomie gauche-droite. Négliger sa grammaire, on le constate dans l’univers sociopolitique actuel, nous condamne à des débats insignifiants.
Essais québécois - Le gros bon sens n’existe pas
Louis Cornellier, Le Devoir, 16 octobre 2010
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