Dans son dossier d'aujourd'hui, l'organisme à but non lucratif La Presse pose une question surprenante: «Que reste-t-il du rêve américain?»
La question est surprenante à deux niveaux. Déjà, le libellé laisse perplexe. Comme on sait, l'Amérique est un immense continent qui s'étend du cercle arctique à la Terre de Feu. Il est donc inexact – et injuste – d'employer le terme pour désigner un seul pays, si impérialiste soit-il.
Ensuite, la question laisse entendre que le rêve états-unien s'est peut-être délité. Or, rien n'est plus faux. Voyez-vous, ce rêve tient en deux volets. Il y a le volet mythique, d'abord, et le volet réel, ensuite.
Le volet mythique est bien entendu celui qui fait croire que quiconque, avec son travail, peut se hisser au sommet de la pyramide socio-économique. Or, cela est un mensonge. La seule manière de s'élever dans une société capitaliste n'est ni par le travail ni par le talent. Dans un tel contexte, la promotion est la résultante du vol et de la prévarication. Ainsi, les aigrefins et autres chevaliers d'industrie s'emparent du capital – c'est-à-dire le fruit du travail d'autrui – tandis que les miséreux croupissent en bas de l'échelle. La seule mobilité sociale véritable n'est pas vers le haut, mais uniquement vers le bas. Si vous êtes honnête…
Quant au volet réel, croyez-moi, le rêve états-unien est bien en selle et perdure comme jamais. N'oublions pas ce sur quoi ce rêve s'est bâti: la spoliation et l'accaparement. Spoliation des peuples, au premier rang desquels on retrouve bien sûr les Amérindiens. Mais aussi, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, ceux de l'Amérique tout entière, puis du reste de la planète; en particulier dans ce dernier cas depuis 1945.
Parcourez les pages d'un journal un tant soit peu sérieux et vous constaterez que les Stazunis rêvent toujours autant de ce faux rêve qui est un véritable cauchemar.
Mais le réveille-matin va immanquablement sonner.
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