vendredi 22 avril 2022

Catalogue

 


Le moi de Marie


Marie est une jeune femme fantasque que son entourage connaît extrêmement mal. Elle travaille dans un magasin de musique, et son attitude envers ses collègues, rogue et cassante pour le moins, n’est guère pire que sa façon de traiter avec la clientèle. Malgré cela, son patron, qui est un être timoré et inquiet, préfère encore laisser aller les choses plutôt que de déclencher un véritable conflit avec la jeune femme. Aussi Marie peut-elle se défouler des frustrations qu’elle connaît à la maison. Car, à l’autre extrême, sa vie familiale ne lui donne guère l’occasion de s’exprimer et de connaître une vie autonome. Sa mère et son père, incapables de la voir autrement que comme une enfant, la dominent outrageusement. Il est vrai que Marie ne leur donne guère d’occasions d’inquiétude, étant par ailleurs une personne entretenant peu de relations amicales et n’ayant encore connu aucun prétendant sérieux. C’est donc dans cette vie faite de saisissants contrastes que la personnalité de Marie se forge. Mais un jour, un jeune homme, un vague ami d’enfance que sa mère lui a présenté quelque temps auparavant, la relance à son magasin. Frappé, puis intrigué par l’attitude de la jeune femme, il se prend d’un intérêt tout particulier pour elle, cherchant toujours de nouveaux prétextes afin de pouvoir l’approcher soit à son travail ou chez elle, mais de préférence dans la rue où ils peuvent échanger plus librement au hasard d’un café ou d’une glace. D’abord étonnée, puis flattée, Marie n’a d’autre choix que de s’ouvrir à propos de ces soudaines attentions de la part du jeune étudiant en psychiatrie. Tandis que l’attitude de ses parents oscille entre la complaisance et l’inquiétude, Marie commence à trouver la présence de ce prétendant un peu encombrante. Mais comme il surgit généralement à l’improviste là où elle ne peut l’apostropher, car il ne se montre plus à son travail, et où elle n’a pas à accepter sa présence avec soumission, puisqu’il ne se montre plus guère chez elle, Marie en vient à ne plus savoir comment agir envers lui. Rapidement, cette hésitation suscite en elle un état voisin du déchirement. Graduellement, à chaque nouvelle rencontre, elle élabore des scénarios de plus en plus farfelus, voire saugrenus, afin de se donner une contenance devant une situation qui lui échappe totalement. De guerre lasse, elle se résout à s’offrir à lui, mais, bien qu’il réponde à ses caresses et ses baisers, il refuse de faire l’amour avec elle. À court de ressources, Marie cesse de s’inventer des personnages afin de faire face à la réalité. Elle devient plus tolérante envers ses collègues ainsi que les clients et, un soir, elle apprend à sa famille qu’elle s’est trouvé une chambre où elle entend vivre désormais par elle-même. Mais ses parents n’ont pas dit leur dernier mot.


 – Lisette Sauret – 326 p. – 1994 – En une occasion au moins, ce roman a été utilisé par des professeurs en psychologie afin d’illustrer des cas types dans le cadre de leurs cours. Au-delà de ses applications pédagogiques, cette oeuvre exceptionnelle demeure une véritable descente dans les recoins obscurs de l’âme humaine.

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