Île Dieu
Un homme échoue seul sur une île battue par les relents d’une tempête comme il n’en existe que dans l’Atlantique Nord. L’île n’est peuplée que par une communauté de pêcheurs qui, dans un premier élan, recueille l’inconnu tel que l’exige le code de la mer. Une fois rétabli, l’inconnu, qui se fait appeler Ootje, plutôt que de demander à être rapatrié sur le continent, commence à quémander du travail. Personne ne veut l’embaucher sauf Wenz, un vétéran de la marine marchande, l’un des seuls hommes à avoir déjà quitté l’île, et le seul à y être jamais revenu. N’ayant nulle part où habiter, Ootje est recueilli par Wenz qui vit avec sa fille Franza. Les deux hommes développent une complicité surprenante aux yeux de la communauté. Cependant, la méfiance point bientôt chez Wenz. Ootje s’entiche progressivement de Franza qui demeure indifférente à ses avances. Malgré une cour malhabile où il tente sans succès de lui plaire, il finit par apprendre qu’elle lui préfère un homme plus vieux et plus fortuné, Moorg, à qui, d’ailleurs, Wenz doit une forte somme d’argent. Un matin, à marée basse, on découvre le corps de Moorg. Les soupçons se portent évidemment sur Ootje. Lorsque les policiers viennent sur l’île afin d’enquêter sur l’assassinat, la foule des pécheurs leur livre littéralement Ootje, non sans lui avoir posément tuméfié le visage au préalable. Les policiers s’apprêtent, au bout de quelques jours, à retourner sur le continent, après avoir recueilli les dépositions nécessaires à la poursuite de l’affaire devant les tribunaux. Lorsqu’arrive le tour de Franza, son témoignage laisse les enquêteurs perplexes. Non seulement refuse-t-elle de charger Ootje, mais elle avoue en outre avoir commis elle-même le crime. Devant ce coup inattendu, la communauté ne sait que penser. Une fois de plus, les policiers n’en demandent pas davantage et s’apprêtent à reprendre leur procédure. Mais Wenz se livre aux policiers avec, dans ses mains, l’arme du crime. Ce n’est qu’après le départ des policiers que Franza explique à Ootje que Moorg avait prêté à Wenz la somme nécessaire pour couvrir les coûts d’un ancien procès, alors qu’il était accusé de vol. Avec le temps, Moorg s’était épris d’elle. Wenz en avait conçu une rage folle à la pensée que Moorg puisse un jour lui ravir sa fille bien-aimée. Pour cette raison, il avait pris Ootje sous son aile dans l’espoir qu’un homme plus jeune agisse comme rival. Mais Franza avait préféré feindre l’attachement envers Moorg afin de protéger son père. Craignant que Moorg ne révèle son secret et, surtout, que Franza ne l’épouse, Wenz avait fini par l’assassiner. Le lendemain, Ootje part à bord d’une barque qui rallie le continent. Il sait déjà qu’il sera le deuxième homme à quitter l’Île Dieu pour y revenir un jour.
– Geoffroy Aulnay – 318 p. – 1994 – Récit écrit dans la plus pure tradition du roman maritime où les nuages lourds courent au-dessus de la grisaille quotidienne, où le calme de la mer n’est qu’annonciateur de tempête. Sous le couvert de la simplicité, l’auteur taille des personnages plus grands que nature dans le cadre d’un récit rappelant la tragédie grecque.
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