vendredi 3 décembre 2021

Catalogue

 

Le Carton rouge


Le Carton rouge est le nom d’un bistrot où se réunit régulièrement un groupe de syndicalistes amateurs de tir à la carabine. Pour la plupart militants radicaux, ils avaient trouvé, peu de temps avant mai 1968, ce moyen afin de mettre sur pied une milice armée, prête à intervenir en cas de soulèvement. D’abord désillusionnés par la démobilisation du public, ils se sont résolus à devenir ce qu’ils prétendaient être : de simples amateurs de tir. Cependant, si leurs réunions ont perdu en gravité pour prendre un tour plus tapageur, ils n’en sont pas moins restés de farouches défenseurs de la classe ouvrière, aussi méfiants des pouvoirs qu’ils le sont envers les étrangers à leur clan extrêmement sélect. De ce nombre, on compte « Maturin », le patron du café, et son fidèle ami de longue date, « Pochtron ». Longtemps organisés comme un groupe clandestin, ils ont gardé leurs noms de guerre à tel point que même sa fille a presque oublié la véritable identité de Maturin. Or, dans ce club quasi hermétique, apparaît un jour un jeune homme qui veut se joindre à la coterie. Malgré les efforts que déploient les membres du Carton rouge afin de le décourager, il s’obstine à revenir constamment au bistrot. Même une agression, une nuit, ne parvient pas à le chasser définitivement. Si son entêtement suscite les pires soupçons chez les tireurs, habitués à l’indifférence générale, il touche le coeur encore candide de Maria, la fille de Maturin. Celle-ci, d’ailleurs, le recueille après sa rossée nocturne, et c’est donc avec une colère mêlée de méfiance que Maturin découvre le jeune homme chez lui, alors qu’il rentre d’arroser ladite correction avec ses coagresseurs. La relation s’envenime entre Maria et Maturin au sujet du jeune inconnu alors que le père soupçonne avec raison sa fille de voir l’individu en secret. De plus en plus irrité par la conduite de sa fille, qui lui a avoué par bravade sa relation avec l’inconnu, Maturin décide de prendre les grands moyens pour se débarrasser de celui qu’il est maintenant convenu d’appeler l’« espion » au sein de son groupe. Un soir, il jure qu’il suivra sa fille toute la nuit s’il le faut, mais qu’il surprendra les amants. Effectivement, le lendemain, le cadavre de l’espion est repêché dans la Seine. La police vient arrêter Maturin, mais au bout d’un temps doit le relâcher faute de preuves. La situation étant devenue invivable chez elle, Maria décide d’aller à la police afin de réclamer sa protection, affirmant que son père la menace à cause des accusations qu’elle lui jette au visage au sujet de son amant assassiné. Mais Maturin, à la fermeture de son café, est attaqué par un inconnu qui le laisse pour mort après l’avoir assommé avec le même objet contondant qui avait servi à assassiner l’espion.


 – Quentin Delesse – 364 p. – 1992 – « Univers gris et glauque mis en scène avec une exceptionnelle maîtrise par un grand écrivain », tel était le commentaire du Canard enchaîné à la parution de ce roman.

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