mardi 27 février 2018

Guenillegate



Déjà que le voyage en Inde du fils de Pierre Elliott Trudeau n’avait pas volé bien haut, mais les choses ont carrément dérapé, mercredi dernier. Et cela n’avait rien à voir avec le piètre choix de garde-robe.

Commençons par parler de M. Jaspal Atwal, un sikh du Khalistan, qui a milité pour l’indépendance de son pays, allant même jusqu’à comploter pour assassiner, en Colombie-Britannique – un endroit mal famé s’il en est –, un homme politique indien, Malkiat Singh Sidhu. Il a en conséquence été condamné à 20 ans de prison. Jusque-là, les choses sont assez claires, mais c’est ici qu’elles se voilent considérablement.

Apparemment, M. Atwal avait élu domicile au CAnada où, selon lui, il avait noué des liens d’amitié avec le fils de Pierre Elliott Trudeau; peut-être à l’époque où ce dernier a acquis son expérience dans le domaine politique en donnant des cours de théâtre, on ne sait. Toujours est-il que M. Atwal était resté persona non grata en Inde, comme on peut facilement l’imaginer. Or, lors de la visite de la semaine dernière, dans le cadre d’un dîner que le premier ministre du CAnada devait présider à la Nouvelle-Delhi, il avait reçu une invitation.

Tout d’abord, on peut se demander comment il avait pu obtenir un visa pour entrer sur le territoire indien. A-t-il bénéficié d’un appui du gouvernement cAnadien? Mystère.

Ensuite, on n’arrive toujours pas à déterminer dans quelles circonstances a été transmise l’invitation. Techniquement, elle n’a pu être envoyée que par le Bureau du premier ministre (BPM). Cependant, dans le brouillon d’excuses diplomatiques qui a suivi, on a expliqué que ladite invitation avait été envoyée à l’insistance de M. Randeep Sarai, un député libéral accompagnant le fils de Pierre Elliott Trudeau, geste pour lequel M. Sarai s’est platement excusé. Le fait demeure, le nom de M. Atwal est connu et le BPM aurait dû agir en conséquence, plutôt que d’attendre la veille de l’événement avant de «désinviter» M. Atwal.

Enfin, tout a été nié en bloc: M. Atwal n’est pas et n’a jamais été un ami personnel du premier ministre cAnadien; le CAnada n’a rien eu à voir avec la présence de M. Atwal en Inde au cours de la visite; le BPM n’a pas volontairement invité M. Atwal; et – surtout – le gouvernement du fils de Pierre Elliott Trudeau n’a pas été noyauté par des activistes sikhs.

Fort heureusement, il n’y a pas d’autre parti d’envergure nationale au CAnada, qui est à risque de se faire infiltrer par des activistes, fussent-ils sikhs.



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