dimanche 20 mai 2012

Le don de courte vue

Dieu sait qu’on se l’est fait mettre sur le nez – pour ne pas dire le nez dedans – le résultat du dernier sondage concernant la loi 78 de notre cher et intègre premier ministre John James Charest. En effet, les gens ne savaient pas encore de quoi il retournait que, déjà, ils étaient d’accord avec son contenu à 66%.

Évidemment, on sait que la loi n’est pas le fort du bien-pensant. Lui, tout ce qui l’intéresse, c’est l’ordre. L’histoire a démontré jusqu’où pouvait mener le désir d’ordre au sein d’une société évoluée: jusqu’aux portes de Stalingrad et à l’intérieur de celles d’Auschwitz.

Mais bon, ça c’est un cas extrême. Il n’y a pas de danger qu’on se mette, ici au Québec, à jeter des gens en prison sans raison.

Ou devrais-je dire : «plus de danger»?

Or voici que le Québécois moyen approuve la loi matraque*. L’ordre d’abord et le reste après. Ce qu’il ne réalise pas, c’est que ce sont ses droits qui viennent de prendre un coup de matraque. Trop heureux de voir – croit-il – la fin de la crise étudiante, il ne se rend pas compte que la loi 78 est dirigée autant contre lui que contre les grévistes des cégeps et des universités. Mais ça, évidemment, il ne s’en rendra compte que lorsqu’il voudra descendre dans la rue la prochaine fois que le gouvernement voudra l’entuber encore. C’est comme les fameux carrés verts. On comprend qu’une personne puisse s’opposer à une situation qui le lèse, mais qu’elle l’appuie… vous avouerez que ça laisse pantois.

Bref, les jobards ont parlé.

Reste à espérer qu’un jour ils écoutent.


* Une loi matraque qui n’en est pas une selon le vibrant ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier. Vous savez, celui-là qui, le jour même, ne savait pas qu’il y aurait une commission d’enquête sur la corruption? On ne peut pas douter de sa parole.

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