Imaginez que trois religions révélées d'origine asiatique – je ne sais lesquelles, mettons le judaïsme, le christianisme et l'islam* – décident d'aller prier dans la même rue au même moment. Alors laquelle aura droit au trottoir et laquelle ira faire ses dévotions sur la chaussée? Sans compter qu'on n'a aucune idée où on pourra fourguer celle qui reste.
Il devient évident dans cette optique que la notion même de prière de rue est susceptible d'entraîner de graves accidents ou à tout le moins de sérieuses perturbations dans la circulation des biens et des personnes, en dépit du fait que ladite circulation – à Montréal, par exemple – est rendue des plus fluides grâce à l'omniprésence des chantiers de construction.
Le problème est d'autant plus aigu que des cérémonies de ce genre risquent de se concentrer dans le temps. En effet, il est assez douteux que ces séances de prière en plein air soient très courues en janvier ou en février. De sorte que des conflits d'horaire entre confessions religieuses risquent d'être beaucoup plus fréquents durant la période estivale, même en tenant compte des vacances annuelles.
D'autre part, si les religions décident que la prière de rue est un impératif incontournable, les gouvernements n'auront plus à casquer afin d'aider au maintien des édifices religieux, puisque les gens auront pris l'habitude d'invoquer dieu dehors.
Il est vrai que des manifestations de ce genre pourraient faire bon ménage avec les différentes kermesses émaillant la saison chaude. Ainsi, on pourrait les conjuguer à des barbecues, des spectacles en plein air et même des animations avec clowns, maquillages pour enfants de tous âges et dégustations de produits locaux, à l'exception bien sûr de certaines denrées interdites.
Au fond, il n'y a qu'à donner le choix aux croyants eux-mêmes. Que préfèrent-ils? Prier dans un environnement peu susceptible d'encourager les dévotions, comme un temple quelconque – église, mosquée ou synagogue – à la température contrôlée? Ou, au contraire, faire leurs dévotions dans un lieu infiniment plus propice – à tout vent, pourrait-on dire –, dans un espace public achalandé au vu et au su de tous ces incroyants qui, selon les livres saints régissant leur foi, devront tous être convertis ou exterminés jusqu'au dernier?
* Respectivement inventées à l'âge du bronze, à l'âge du fer et un peu après la fin de l'Antiquité. C'est vous dire à quel point elles sont au fait des problématiques de notre temps.
vendredi 29 août 2025
Un peu de tolérance, que diable!
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